Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.
À cause de toi Turcotte, j'ai dû expliquer à mes enfants qu'un père peut tuer ses enfants.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

On a reconnu Turcotte non coupable et mentalement troublé.

On a condamné Turcotte.

Pis là, Turcotte veut un autre procès.

Pause.

J'ai trois enfants. Pis un mari. Je n'ai jamais tué.

Qu'est ce que ça change?

Rien. Peut-être que je suis trop sensible à cette cause. Mes enfants, je m'arracherais le cœur avec mes propres mains pour eux. Ils sont ce que j'ai de plus cher.

Si on m'enlevait mes enfants, ce serait la meilleure façon de me faire le plus grand mal.

***

Cher Turcotte,

Je vais tenter de rester polie. Crisse que ça va être tough.

Je ne te connais pas vraiment, nous nous sommes croisés quelques fois à l'hôpital où nous travaillions. Je ne connais pas vraiment Isabelle non plus.

Je voudrais que tu saches que j'ai trois enfants. Ils sont ce que j'ai de plus cher au monde. Je n'ai pas les mots exacts pour exprimer comme je les aime. Mais c'est banal, toutes les mères aiment leurs enfants comme je les aime. La majorité des pères aussi. Les parents aiment leurs enfants. C'est comme ça, partout, les enfants sont ce que les parents ont de plus cher. Ils sont aussi ce que leurs grands-parents ont de plus cher et de plus important. Ils sont aussi ce que la société a de plus important, de plus précieux.

Tu as tué tes enfants. Tu as tué les enfants d'Isabelle. Tu as aussi tué les enfants de grands-parents. Tu as tué deux enfants du Québec. Tu as tué deux enfants du monde.

Tes enfants n'étaient pas que les tiens. Et c'est pour ça aujourd'hui qu'un mélange de haine et de tristesse m'envahit. Tu as volé la vie de deux enfants qui étaient beaucoup plus que seulement «tes» enfants. C'est pour ça qu'une grande majorité du Québec connaît si bien le visage des anges qu'ils sont devenus.

Turcotte, les enfants, même si ce sont les tiens, ne t'appartiennent pas. Tu ne peux pas leur enlever la vie. Je me fou de la justice. Je me fou du jury. Je te dis ce que moi je pense, même si tu étais non criminellement responsable je m'en fiche, tu as volé leur vie.

Même libre tu aurais dû t'enfermer. Si dans un délire je tuais mes enfants, je voudrais tant souffrir. Je voudrais tant me repentir. Je voudrais tant m'excuser. En écrivant je pense à mes enfants. Ce n'est pas possible. Si je les tuais je ne voudrais même pas de procès, crisse, je voudrais tellement qu'on m'enferme, si j'ai tué mes enfants, ce que tous les parents ont de plus cher, quel genre d'être suis-je?

À cause de toi Turcotte, j'ai dû expliquer à mes enfants qu'un père peut tuer ses enfants. À cause de toi des milliers d'enfants savent qu'un père peut tuer ses enfants. Qu'un humain peut tuer sa propre chaire au lieu de donner sa vie pour elle. Je ne sais même pas si les animaux le font. Est-ce que la rage d'un animal peut lui faire tuer sa progéniture?

Comment as-tu pu plaider que tu n'étais pas responsable? Quand mon gars vole une biscotte dans le garde-manger, il ne peut pas vivre avec ça et m'avoue tout dans les minutes qui suivent. Quand un enfant ment, on lui apprend à prendre ses responsabilités. On lui apprend qu'il vaut mieux avouer, vivre avec les conséquences que de vivre avec le poids du mensonge. Vivre les conséquences pour peut-être ensuite, voir le poids du tort alléger. Crime avoué à moitié pardonné.

Je rajouterais, dans ton cas Guy, crime non avoué, honte pour l'éternité.

Si tu avais avoué et demandé pardon, le vrai pardon, à la mère de tes enfants, aux grands-parents, aux Québécois et au monde entier, je suis certaine que la vie aurait su, après le paiement de ton du, t'offrir une chance.

Là, Guy, tu me donnes mal au cœur. Non seulement tu ne prends pas la responsabilité de la mort de tes enfants, tu refuses de payer ton dû, tu causes du tort à une femme qui a perdu ce qu'elle avait de plus cher, tu t'acharnes pour fuir au lieu de te repentir.

Je ne crois pas en Dieu. Mais je crois que l'on doit être une personne meilleure sur terre. Que l'on peut commettre les plus gros crimes, mais tant que nous sommes en vie il nous reste du temps pour réparer ce qu'on a fait.

Guy, se repentir, demander pardon, prendre conscience de ses actes est un long travail. Prendre la responsabilité de ses actes ne peut pas prendre quelques mois quand un deuil prend des années. Payer son dû prend du temps. Prends-le donc ce temps.

La prison est une bien petite peine quand on a volé la vie.

Un jour, tu seras au même endroit que deux petits anges qui ont perdu leur mère. Deux petits anges qui ont perdu leur mère à cause de leur père.

Guy, ce moment ne t'effraie pas?

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.