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Claude Ryan s'est grandement inspiré de la doctrine sociale de l'Église catholique dans son travail d'éditorialiste au quotidienet à la direction du Parti libéral du Québec.
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Un politicien influencé par la doctrine sociale de l'Église catholique

Au Québec, Claude Ryan s'est grandement inspiré de la doctrine sociale de l'Église catholique dans son travail d'éditorialiste au quotidien Le Devoir et à la direction du Parti libéral du Québec. Il ne le disait pas très fort, mais elle était toujours en arrière fond, imprégnée en lui. En 1999, il me disait avec regret: «Si les évêques du Québec m'avaient consulté, ils auraient évité quelques pièges dans leurs interventions sociales», notamment lors de la présentation de mémoires en commissions parlementaires.

Claude Ryan est né dans la paroisse catholique Saint-Jean-de-la-Croix, à Montréal, près du marché Jean-Talon, un quartier fortement italien. Il est le deuxième d'une famille de trois enfants. Sa famille a beaucoup voyagé.

Blandine, sa mère, est née au Québec, et son père est Irlandais. En 1926, la famille quitte Montréal pour s'établir à Port-Alfred, où son père est commis de bureau à l'International Paper. Peu de temps après, ils déménagent de nouveau, cette fois à Dolbeau, au Lac-Saint-Jean.

Après la naissance d'Yves, vers 1928, son père quitte le nid familial. Blandine se retrouve seule pour affronter les difficultés financières quotidiennes.

En 1931, elle revient à Montréal avec ses trois bambins. Ils trouvent domicile sur le boulevard Monk, dans la paroisse Saint-Jean-de-Matha dirigée par les Trinitaires, communauté arrivée au Canada en août 1924 de qui Claude Ryan gardait d'excellents souvenirs.

Dès lors, Blandine transmet à ses enfants tous les principes religieux, en plus de leur inculquer le sens du devoir, du respect d'autrui et des responsabilités. Elle est une femme dévouée et cultivée qui se sacrifie pour sa marmaille.

Ce n'est pas l'extrême pauvreté, mais la famille a de la difficulté à boucler les fins de mois. Heureusement, la force de caractère de Blandine et son attachement aux valeurs morales donneront à ses enfants une base solide pour traverser les épreuves de la vie.

«J'ai toujours joué un rôle d'intermédiaire, pendant ces années-là, entre mes deux frères. Par conséquent, j'avais un tempérament assez vif, mais plutôt conciliant. La vie m'a formé comme ça. J'ai toujours cherché une juste mesure, une solution qui tienne compte du point de vue de l'un, du point de vue de l'autre, du pour et du contre», racontait-il.

À l'école, Claude Ryan apprend très aisément. Il assimile tout à une vitesse étonnante. Plus rapide que les autres, il saute des années scolaires. En 1935, il se retrouve dans la même classe que Gérard, son frère aîné. En 1937, ils entrent ensemble à l'Externat classique de Sainte-Croix. Les deux adolescents suivent les mêmes cours. Claude travaille sans relâche. C'est un élève brillant et très prometteur. Il étudie seul et ne se mêle pas beaucoup aux autres étudiants.

Ses proches sont convaincus (sauf lui) qu'il se destine à une vocation religieuse. Deux semaines à Saint-Benoît-du-Lac lui suffiront pour fixer sa vocation: il est trop individualiste et accepte difficilement l'autorité. Il se demande bien comment il pourrait logiquement prononcer le vœu d'obéissance.

Il s'inscrit donc à l'école de service social et de relations industrielles de l'Université de Montréal. À 20 ans (en 1945), après deux ans d'études supérieures, il devient secrétaire général de l'Action catholique, un mouvement institué par les évêques catholiques du Canada.

«Dans l'Action catholique, nous avions créé un organisme pour regrouper tous les mouvements spécialisés qu'il y avait à l'époque: Jeunesse agricole, Jeunesse étudiante, Jeunesse ouvrière, Jeunesse indépendante, etc. On avait créé un organisme pour regrouper et rapprocher ces mouvements-là. On m'a demandé d'être le secrétaire. J'y suis allé à titre de stagiaire. À la fin de l'année, on m'a demandé si je voulais rester encore. J'ai accepté. J'ai renouvelé mon engagement année après année pendant 17 ans. En même temps, je me suis engagé dans le mouvement à titre personnel, particulièrement dans la Jeunesse indépendante catholique, comme militant et comme président à différents niveaux», se souvenait-il.

Claude Ryan trouve à l'Action catholique une liberté d'action où il exprime sa pensée en toute franchise, où il est écouté et peut transmettre un message spirituel. Cela lui plaît.

En août 1948, il participe, à Rome, au Congrès international de l'Action catholique. Il en profite pour se faire de nouveaux contacts. En 1950, il y retourne pour le Congrès de l'apostolat laïc. Il décide d'y séjourner un peu plus d'une année pour étudier et approfondir l'histoire des pères de l'Église, à l'Université Grégorienne.

Durant ce temps, il travaille sans relâche en se cloîtrant dans une discipline d'études quasi monastique: durant ces mois, il sortira deux ou trois fois pour visiter l'Italie et se divertir. Tout son temps est consacré à l'apprentissage.

À son retour au Québec, il s'implique plus que jamais. Un soir de janvier 1958, dans une petit restaurant, il demande spontanément à Madeleine Guay, une jeune militante de l'Action catholique, si elle serait intéressée à le fréquenter. En juillet 1958, ils se marient. Ils auront 5 enfants. Le jeune père décide de se réorienter et ambitionne de quitter l'Action catholique après 17 ans à sa barre. À la demande de Gérard Filion, le directeur général du journal Le Devoir, il entre dans le milieu journalistique à titre d'éditorialiste.

«En 1961, il n'y avait pas très longtemps que j'étais à la Commission Parent et que ce poste prenait de plus en plus de mon temps et me détachait du Devoir. J'ai rencontré Claude Ryan pour la première fois. Je lui ai proposé de venir au Devoir en lui expliquant qu'il ne pouvait passer sa vie dans le secrétariat de l'Action catholique. Ce sont des genres d'emplois qu'on occupe pendant un certain nombre d'années, mais ensuite, il faut en sortir», racontait Gérard Filion il y a plusieurs années.

Il ajoutait: «Puis en 1962, je l'ai revu de nouveau en lui laissant entendre que moi, je ne finirais pas mes jours au Devoir et que j'aimerais bien le mettre à l'essai pour savoir s'il était capable de prendre la succession, sans toutefois lui faire aucune promesse». Le 5 juin 1962, Claude Ryan signait son premier éditorial.

En 1978, il fera le saut en politique québécoise.

Chez Claude Ryan, on trouve un modèle d'intégration de la doctrine sociale de l'Église catholique dans les débats de société ou dans le rapport entre «religion et politique». Il a démontré que les deux peuvent vivre en harmonie.

À suivre...

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