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Quelles perspectives pour l'entrepreneuriat ethnique à l'horizon du Papy-boom?

Si le Québec donne une réponse différente à la question de l'inclusion avec le Papy-boom, l'entrepreneuriat qui devrait se dessiner est celui guidé par la vocation et non le dépit.
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Le Papy-boom, cette série de départ à la retraite nous est annoncée depuis tant d'années, mais dans les faits tout le monde ne semble pas encore en être touché. À voir le maintien du niveau de chômage au Québec (6.8% en mars 2015), on serait poussé à croire que ce sera un autre mythique ou supposé phénomène à l'instar du « bogue de l'an 2000 », mais l'observation de la courbe d'âge semble toutefois confirmer son occurrence. Rien que dans l'économie sociale au Québec, 2017 devrait voir un grand nombre de ces départs. Logiquement le Papy-boom devrait s'accompagner de formidables opportunités d'emploi et d'un défi pour garantir les pensions de ces jeunes retraités. Les gouvernements de la plupart des pays dits développés se sont déjà penchés sur le problème et légifèrent en fonction. Certaines grandes entreprises en profitent hélas pour revoir leur masse salariale à la baisse et améliorer leur performance. La question qu'on est alors tenté de se poser est : si vraiment les projets et les initiatives ethniques sont principalement issus des barrières à l'emploi, que deviendra cette dynamique entrepreneuriale avec le retour supposé des chances de carrières professionnelles?

Malgré les départs massifs à la retraite, il est fort peu probable que la question de l'accès au marché de l'emploi pour les minorités ethniques soit totalement réglée. À observer les pays ayant une immigration plus ancienne, tels les pays européens, on peut avoir une idée du risque d'exacerbation quant à l'inclusion si des changements ne s'opèrent pas pour les minorités ethniques avec un meilleur marché de l'emploi. En effet, le Québec contrairement à l'Hexagone n'est pas exposé à la même immigration clandestine (réel péril géo politique) ou n'a pas hérité d'un passé impérialiste. Beaucoup d'immigrants ont investi dans leur formation avant de venir s'installer. Or la surqualification demeure quel que soit les opportunités. Selon une récente étude publiée par Statistique Canada (Sharanjit Uppal, Sébastien LaRochelle-Côté, 2014), je cite « Parmi les immigrants diplômés universitaires qui n'ont pas obtenu leur diplôme au Canada ou aux États-Unis, 43 % des femmes et 35 % des hommes travaillaient dans des professions exigeant des études de niveau secondaire ou moins.

À titre de comparaison, les taux correspondants pour la population née au pays et pour les immigrants ayant obtenu leur diplôme au Canada ou aux États-Unis variaient de 15 % à 20 %. ». De plus les femmes sembleraient mieux s'en tirer dans l'accès au poste de professionnels (niveau universitaire). Ceci renforce encore l'idée de rôle primordial des femmes dans le modèle des foyers immigrants. Elles garantissent souvent la sécurité du foyer (quitte à le faire seule parfois) quand l'homme prend les risques pour accélérer la mobilité sociale. Cliché à développer à tête reposée. La surqualification n'est pas le seul point d'attention, les autres, telles l'expérience dans le domaine, la langue, la reconnaissance des diplômes etc. demeurent. Je passe sous silence les problèmes de discrimination raciale, religieuse, de genre... On arrive en travailleur qualifié pour se faire demander une expérience et un réseau local. Image à transformer en cliché pour les nombreux candidats à l'immigration.

Dans ces conditions, si le Québec donne une réponse différente à la question de l'inclusion avec le Papy-boom, l'entrepreneuriat qui devrait se dessiner est celui guidé par la vocation et non le dépit. Faire le choix d'être entrepreneur parce qu'on a mis à jour une idée innovante et non parce qu'il y a les factures et le loyer. L'équité dans l'accès aux ressources intervient alors dans un deuxième temps pour ceux qui auront choisi de prendre ce risque. Ceci devrait permettre aux nombreux accompagnateurs d'entrepreneurs (de nos jours presque aussi nombreux que les entrepreneurs eux-mêmes) de se focaliser sur la réelle réussite, la création de richesse et de valeur par ces structures économiques. Les perspectives de l'entrepreneuriat ethnique à l'horizon du Papy-boom seraient-elles celles d'une spécialisation autour de valeurs communautaires? Le temps nous le dira...

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