Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

L'insatisfaction corporelle: une problématique vécue par beaucoup trop de jeunes

TÊTE À TÊTES - Au Québec, un adolescent sur deux n'aime pas son corps, les filles désirant une silhouette plus mince et les garçons, une silhouette plus musclée.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Au Québec, un adolescent sur deux n'aime pas son corps, les filles désirant une silhouette plus mince et les garçons, une silhouette plus musclée. À cet âge, trois filles sur quatre ont déjà fait des efforts répétés pour maigrir alors que près de la moitié des adolescents ont consommé des suppléments alimentaires afin de gagner du muscle. Même son de cloche chez les enfants de 9 ans: le tiers des fillettes de cet âge auraient déjà essayé de perdre du poids. Pire encore, saviez-vous que dès l'âge de 5 ans (!), un enfant pouvait être insatisfait de son corps?

Dès leur plus jeune âge, les enfants sont exposés à des modèles de beauté uniques: la femme mince au corps filiforme et l'homme à la musculature herculéenne. Avez-vous déjà remarqué à quel point les jouets leur présentent déjà des corps dont les proportions sont complètement irréalistes, en plus d'être hypersexualisés? En grandissant, ils sont ensuite constamment bombardés d'images de femmes et d'hommes aux corps sculptés et retouchés: vidéoclips, publicités, films, magazines... pour eux, ces images sont une norme qu'ils ne remettent malheureusement pas en question!

Croyant qu'ils doivent se lancer dans la quête du corps «parfait», les jeunes adoptent des comportements qui mettent leur santé en péril (p. ex. : sauter des repas, s'entraîner excessivement ou commencer à fumer). L'insatisfaction qu'ils vivent face à leur corps peut non seulement nuire à leur santé physique, mais elle peut aussi porter atteinte à leur réussite scolaire en plus d'affecter leur estime, entraîner de la détresse psychologique et même mener à des pensées suicidaires. Selon un récent rapport de Jeunesse, J'écoute, 75% des jeunes qui ont déclaré avoir sérieusement envisagé le suicide présentaient un problème d'image corporelle.

Sachez que même s'ils sont en quête d'autonomie, vous pouvez encore jouer un rôle d'influence très important auprès de vos ados et les aider à résister à cette pression sociale indue de se conformer à un «idéal» inatteignable.

L'adolescence est une période où les jeunes sont particulièrement vulnérables puisque leur corps subit plusieurs transformations, au moment où ils sont en quête d'identité et que le regard des autres revêt une grande importance.

Comment aider les jeunes à se sentir mieux dans leur peau? Comment les amener à reconnaître que leur valeur va bien au-delà de leur apparence physique?

Que puis-je faire en tant que parent?

Comme parent, il n'est pas toujours évident d'aborder ce sujet délicat avec les adolescents. Sachez que même s'ils sont en quête d'autonomie, vous pouvez encore jouer un rôle d'influence très important auprès d'eux et les aider à résister à cette pression sociale indue de se conformer à un «idéal» inatteignable.

Voici quelques conseils pour aider votre ado (et qui sait, peut-être vous aussi en tant qu'adulte!) à se sentir mieux dans sa peau.

  • Développer son esprit critique: Amenez votre ado à réaliser que les corps qui lui sont présentés dans les publicités, les magazines ou les films, ne sont pas représentatifs de la réalité. En effet, seulement 5% des gens ont naturellement la silhouette des mannequins. De plus, la plupart des images dans les magazines sont retouchées. Est-ce vraiment envisageable de vouloir ressembler à ces images complètement retouchées par la technologie? Le prix à payer pour y arriver en vaut-il la chandelle? En regardant un vidéoclip, un film ou encore en feuilletant un magazine, toutes les occasions sont bonnes pour identifier les retouches et l'irréalisme des images présentées et ainsi, susciter la réflexion et la discussion
  • Reconnaître que la valeur d'une personne va bien au-delà du poids: Demandez à votre ado de penser à une personne qu'il apprécie. Demandez-lui de vous nommer les raisons pour lesquelles cette personne est chère à ses yeux. Il y a fort à parier que le poids ou l'apparence ne feront pas partie des raisons mentionnées. Chaque personne a des traits de personnalités, des qualités et des talents qui la rendent unique, et c'est ce qui est beau!
  • Faire confiance à son corps: Expliquez à votre ado qu'il est normal que son corps se transforme puisqu'il devient tranquillement celui d'un adulte. Non seulement sa silhouette change, mais ses besoins s'ajustent aussi avec son corps qui se développe. Pour assurer sa croissance, il est nécessaire de bien s'alimenter, de bouger et de dormir suffisamment. Le corps est une machine extrêmement bien régulée et il est important de l'écouter. Par exemple, en période de croissance, il est normal d'avoir plus faim et c'est important de ne pas ignorer les signaux que le corps envoie!
  • Se tenir loin des régimes : Informez votre ado des risques de suivre un régime. L'adolescence est une période où le corps se construit et où les besoins énergétiques sont accrus. Il est important de lui fournir tous les nutriments dont il a besoin pour assurer son bon développement. Il est donc risqué de suivre des régimes ou d'exclure certains groupes d'aliments dans le but de maigrir ou de contrôler son poids, particulièrement à l'adolescence.
  • Même si l'industrie de l'amaigrissement use de plusieurs astuces qui portent à croire qu'un régime est efficace et sans risque, il faut se détromper. Les régimes sont généralement inefficaces à long terme et peuvent aussi amener à développer une obsession envers les aliments ou la pratique d'activité physique. Le fait de suivre des régimes à répétition peut même engendrer une prise de poids à long terme.

  • Valoriser le plaisir de manger et de bouger : Plusieurs croient que la perte de poids est une bonne motivation pour mieux manger ou se mettre à la pratique d'un sport. Or, c'est généralement une motivation éphémère qui pousse, au contraire, à adopter des changements trop drastiques qui risquent d'être abandonnés à long terme. Tentez plutôt d'apporter des changements graduels d'habitudes de vie au sein de toute la famille, puisque bien manger et bouger régulièrement contribuent au maintien d'une bonne santé et ce, peu importe le poids. Vous pouvez offrir une variété d'aliments à votre ado, prendre le temps de préparer les repas ensemble, être actif en famille afin de lui offrir un contexte propice à l'adoption de saines habitudes de vie. N'oubliez pas d'y inclure la notion de plaisir, qui est un aspect fondamental et qui permettra de maintenir ces bonnes habitudes à long terme!
  • Éviter les commentaires sur le poids : Avez-vous déjà remarqué à quel point le poids occupe une place importante dans les conversations et même dans les pensées et les préoccupations quotidiennes? Le fait de parler constamment de poids renforce les normes sociales de minceur de notre société, qui associent la minceur à la beauté, au succès et au bonheur. En faisant des commentaires sur votre propre poids (p. ex. : Il faut tellement que je maigrisse!) celui des autres (p. ex. : Ta cousine a maigri, ça lui va bien non?) ou sur le poids de votre ado (p. ex. : Tu ne devrais peut-être pas te reprendre une deuxième portion si tu ne veux pas engraisser.), vous pouvez faire naître chez lui, sans le vouloir, une insatisfaction corporelle.
  • Même s'ils peuvent sembler banals ou s'ils sont positifs, les commentaires sur le poids ont des répercussions négatives qui peuvent marquer longtemps.

  • Avoir des discussions ouvertes : Soyez ouverts à la discussion et écoutez ce que votre ado a à dire pour pouvoir comprendre ses préoccupations, répondre à ses questions et l'aider à démystifier certaines fausses croyances ou idées préconçues. Surtout, ne banalisez pas ses inquiétudes!

Modèles malgré vous

Hé oui, même à son âge, votre ado vous observe et vous imite dans une certaine mesure. Tentez de réfléchir à la relation que vous entretenez avec votre propre corps, la nourriture et l'activité physique. Après tout, vous vivez vous aussi dans notre société qui voue un culte important à l'apparence, alors il se peut que vous subissiez la même pression que votre ado. Saviez-vous que près de 73% des femmes veulent maigrir, et ce, peu importe leur poids? Et ce n'est pas une préoccupation uniquement féminine : un homme sur cinq se mettrait aussi de la pression pour perdre ou gagner du poids. Cette obsession du corps idéal peut amener plusieurs parents à véhiculer leur préoccupation à leur enfant sans le vouloir. L'idée n'est pas de vous blâmer ou de vous faire sentir coupable, au contraire. En prenant conscience de vos propres préoccupations, paroles et comportements, vous pourrez ensuite tenter de les modifier graduellement et ainsi avoir une influence positive autour de vous.

Voici quelques questions qui peuvent vous aider dans votre réflexion:

• Est-ce que votre poids occupe une grande place dans vos pensées?

• Est-ce que votre apparence influence votre humeur, le contenu de votre assiette et votre emploi du temps?

• Est-ce que vous percevez généralement les aliments et l'activité physique comme une façon de contrôler votre poids?

• Est-ce que la préoccupation à l'égard de votre propre poids vous amène à porter davantage attention au poids de votre ado ou à son alimentation?

• Êtes-vous porté à commenter le poids de votre ado? Ses choix alimentaires?

Si vous réalisez que la relation que vous entretenez avec votre corps nuit à votre bien-être ou a des répercussions négatives sur les messages et valeurs que vous transmettez à votre ado, parlez-en à un(e) ami(e), à votre conjoint(e) ou à quelqu'un en qui vous avez confiance. Vous pouvez aussi prendre rendez-vous avec un professionnel de la santé qualifié qui saura vous accompagner afin d'améliorer la relation que vous entretenez avec votre corps, la nourriture et l'activité physique. Vous pouvez consulter le répertoire des professionnels de la santé formés sur la question du poids et de l'image corporelle de l'organisme ÉquiLibre.

L'espace web monÉquilibre vous offre aussi de l'information crédible sur la gestion du poids et l'image corporelle. Plusieurs billets de blogue, rédigés par des professionnels de la santé, répondront à vos questions sur l'alimentation, l'activité physique et la relation avec le corps.

Vous êtes en situation de crise? Ou vous connaissez quelqu'un qui a besoin d'aide? Plusieurs centres d'écoute sont à votre disposition au Québec, 24h/24, 7 jours sur 7. Vous pouvez aussi joindre Jeunesse, J'écoute au 1-800-668-6868.

Tête à têtes est une nouvelle série de blogues lancée conjointement par le Huffington Post Québec et le Huffington Post Canada. Inspirée par le projet Maddie, cette série met l'accent sur les adolescents et la santé mentale. Elle a pour but de sensibiliser et de susciter des conversations en s'adressant directement aux adolescents qui traversent un moment difficile ainsi qu'à leurs familles, aux enseignants et aux dirigeants communautaires. Nous voulons nous assurer que les adolescents qui sont aux prises avec une maladie mentale reçoivent l'aide, le soutien et la compassion dont ils ont besoin. Si vous souhaitez contribuer à cette série, envoyez-nous un courriel à cette adresse : nouvelles@huffingtonpost.com.

Références

•ALMEIDA, S., M. SEVERO, J. ARAUJO et al (2012). Body image and depressive symptoms in 13 year-old adolescents, Journal of Pediatrics and Child Health, vol. 48, no 10, p. E165-E171.

•AUBIN J. et al (2002). Enquête sociale et de santé auprès des enfants et des adolescents québécois (ESSEAQ) 1999, Québec, Institut de la statistique du Québec, 520 p.

•FIELD, A.E., S.B. AUSTIN, C.S. BERKLEY et al (2000). Frequent Dieting Predicts the Development of Obesity Among Preadolescent and Adolescent Girls and Boys, Annual meeting, North American Association for the Study of Obesity, Long Beach, Californie.

•HUANG, C. (2001). Self-concept and academic achievement: A meta-analysis of longitudinal relations, Journal of School Psychology, vol. 49, no 5, p. 505-528.

•IPSOS REID (2008). Canadian Women's Attitudes Towards Weight, Sondage pour le compte des Producteurs laitiers du Canada.

•LEDOUX M., MONGEAU L. et RIVARD M. (2002). Poids et image corporelle dans Enquête sociale et de santé auprès des enfants et des adolescents québécois, 1999, Québec, Institut de la statistique du Québec, chapitre 14, p. 311 à 344.

•Pica, LA et al (2012). L'Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire (EQSJS) 2010-2011.Le visage des jeunes d'aujourd'hui: leur santé physique et leurs habitudes de vie, Tome 1, Québec, Institut de la statistique du Québec, 258 p.

•RICCIARDELLI, L. A., & MCCABE, M. P. (2001). Children's body image concern's and eating disturbance: A review of the litterature. Clinical Psychology Review, 21, 325-344.

•VAN DEN BERG, P.A., J. MOND, M. EISENBERG et al (2010). The link between body dissatisfaction and self-esteem in adolescents: Similarities across gender, age, weight status, race/ethnicity, and socioeconomic status, Journal of Adolescent Health, vol. 47, no 3, p. 290-296.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Mai 2017

Les billets de blogue les plus lus sur le HuffPost

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.