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La démocratie municipale, version recyclage politique

Comme le veut l'expression qui suivra, vaut mieux un politicien au passé parfois douteux, mais dont l'implication dans sa communauté est bien enracinée qu'un autre dont on ne sait rien, malgré toutes les bonnes intentions possibles.
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Il y a quelques semaines, le tableau suivant circulait sur les réseaux sociaux en provenance du site de CBC. Il démontrait, par un remarquable agencement de cercles colorés, où s'en étaient allés les ex-élu(e)s d'Union Montréal, le défunt parti des ex-maires Gérald Tremblay et Michael Applebaum.

Ce tableau est saisissant à plusieurs égards : Tout d'abord, il est manifeste qu'Équipe Coderre récolte la plus large part du gâteau, avec une délégation de 22 « ex » d'Union Montréal, dont les grosses pointures que sont Alan deSousa, Michel Bissonnet, Helen Fotopoulos et Harout Chitilian. De son côté, la Coalition Marcel Côté n'est pas en reste, ayant fait de la place en leur sein à 8 « ex » de l'Union, dont Marvin Rotrand. 15 autres « ex » se sont séparés dans de petites équipes pour se présenter aux élections dans les mairies d'arrondissements, 3 se présentent comme indépendants, 5 ont quitté pendant leurs mandats (dont nos deux ex-maires), 2 sont décédés durant leurs mandats tandis que 12 ont choisi de ne pas se représenter, dont Jocelyn Ann Campbell et Sammy Forcillo. La toile est complète.

Si j'ai choisi de vous montrer ce tableau, c'est qu'il s'agit du plus bel exemple de « recyclage politique » qu'il m'ait été donné de voir à ce jour au Québec. 30 « ex » de l'Union ont été « récupérés » par deux des principaux candidats aux élections, Denis Coderre et Marcel Côté. En excluant les démissionnaires et les personnes décédées durant leurs mandats (j'offre ici mes sincères condoléances), seulement une douzaine d'élu(e)s ont choisi de quitter la vie politique. Je tiens à saluer la courageuse décision de ces personnes, décision qui malgré les apparences n'a pas dû être facile à prendre après toutes ces années de représentation.

Parce que, voyez-vous, le calcul de messieurs Coderre et Côté est le suivant : malgré leur attachement de long terme à un parti dont le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) a récemment forcé la dissolution, ce qui n'arrive, disons-nous les vraies choses, carrément jamais, ces gens sont appréciés d'une base militante dans leurs milieux respectifs et peuvent donc être en mesure de possiblement garantir un siège de plus vers la majorité. Un calcul politique de base...qui ne tient pourtant pas compte du lourd passé politique que traînent, parfois malgré eux, les ex-élu(e)s d'Union Montréal. Qui ne tient pas compte du cynisme de la population envers la politique, envers l'ex-Parti de Gérald Tremblay, dont les anciens bras droits sont accusés de fraudes en tout genre, dont la gestion opaque, floue, voire chaotique, a laissé Montréal exsangue et ridiculisée par des pays où la démocratie n'est qu'un mot creux. Bref, on s'est fait prendre pour des caves...

Mais le calcul politique va probablement être payant : les ex-élu(e)s de l'Union ont de bonnes chances d'être réélu(e)s dans leurs arrondissements, parce qu'ils y sont aimé(e)s, parce qu'ils ont fait de bonnes choses, parce que les habitants ne connaissent pas ou peu les autres candidat(e)s, etc. Comme le veut l'expression qui suivra, vaut mieux un politicien au passé parfois douteux, mais dont l'implication dans sa communauté est bien enracinée qu'un autre dont on ne sait rien, malgré toutes les bonnes intentions possibles. Ça s'appelle « The Devil You Know » Il n'y a qu'à regarder cet article, paru cette semaine dans le Journal de Montréal, sur le fait que le Maire de Saint-Rémi souhaite se représenter aux prochaines élections municipales malgré non pas une, mais deux (!) arrestations par l'UPAC. Une citoyenne répond ainsi au représentant du Journal : « C'est un homme sympathique qui réalise les projets qu'il nous promet. Pourquoi on s'en débarrasserait? » Well...

Tout ça pour vous dire qu'au final, dans cette histoire, Montréal va élire Denis Coderre (on se garde une p'tite gêne, mais disons que les signes sont là) et sa délégation d'ex-élu(e)s de l'Union, ce qui veut dire qu'une partie du même monde qui dirigeait votre ville de façon fort peu adéquate sera encore aux commandes. Il y aura aussi possiblement, dans l'opposition, plusieurs autres « ex » dont le travail sera de critiquer celui de leurs anciens alliés. Et que des maires accusés au criminel seront réélus avant de subir leurs procès, et quitteront en cours de mandat de façon surmédiatisée et définitivement peu agréable s'ils sont jugés coupables. Bref, la démocratie municipale n'est pas au bout de ses peines...

Je suggère aux citoyen(ne)s qui se sentent concerné(e)s par la démocratie municipale d'interpeller directement le Ministère des Affaires municipales, des régions et de l'occupation du territoire du Québec (MAMROT-Q) au sujet de règles et de balises claires à apposer sur la jungle municipale. Et, qu'on ne se mette pas la tête dans le sable : ça presse...

Comme dirait mon amie Annie : « True that... »

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