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Le REM et la ligne rose passent à côté de la «track», selon une experte

La directrice de l'Observatoire de la mobilité durable vient jeter une douche froide sur les partis politiques montréalais.
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Alors qu'un consensus semble se former autour d'un prolongement du Réseau électrique métropolitain (REM) vers l'est, la directrice de l'Observatoire de la mobilité durable vient jeter une douche froide sur les partis politiques montréalais. Ni le REM, ni la ligne rose de Projet Montréal ne régleraient les problèmes de mobilité les plus criants, selon Paula Negron.

Contactée pour connaître son opinion sur le prolongement du REM, une idée lancée sur Twitter par Alexandre Taillefer, Mme Negron a préféré apporter le débat sur un autre terrain.

«Ce qui est plus important c'est de voir si ce qui est proposé est pertinent ou pas. On semble vouloir favoriser l'accès au centre-ville par métro ou par le REM. Mais la structure métropolitaine n'est pas une structure monocentrique. Il n'y a pas juste le centre-ville qui est un pôle de destination majeur», affirme la chercheuse.

Celle-ci souligne que les déplacements vers le centre-ville forment environ 10,5% des déplacements de tous genres en provenance de Montréal-Nord, lieu de départ projeté de la ligne rose. Mais les déplacements vers Saint-Léonard et vers Saint-Laurent sont presque aussi nombreux, avec 10% chacun.

«Se rendre de Montréal-Nord à Saint-Laurent en transport en commun, c'est l'enfer. Pourtant, Saint-Laurent est un pôle d'emploi important», dit-elle.

Pour se rendre du complexe sportif Marie-Victorin au magasin Ikea de Saint-Léonard, par exemple, il faut prendre trois, voire quatre autobus différents. Selon Google Maps, le trajet peut prendre 1h30. En voiture, c'est moins de 30 minutes.

Selon Mme Negron, la majorité des déplacements vers le centre-ville se font déjà en transport en commun. Si on veut réduire la dépendance à la voiture, il faut améliorer l'offre de transport vers des endroits comme Saint-Léonard, Anjou, Saint-Laurent et même Laval et la Rive-Sud.

«Si on oublie trop souvent les autres pôles, la mobilité vers ces centres va se faire en voiture», affirme-t-elle.

La chercheuse souligne que les besoins de transport vers le centre-ville n'augmenteront pas tant que les emplois continueront de se délocaliser vers les quartiers périphériques et les banlieues.

Rappelons que le maire Denis Coderre a dévoilé cet été son plan d'action pour la Stratégie centre-ville. Il prévoit notamment augmenter à 25% la part des emplois du Grand Montréal qui se trouvent au centre-ville. Cette proportion est actuellement de 18%. Il prévoit aussi attirer 3000 familles et augmenter de 100 000 le nombre de déplacements en transport en commun vers le coeur de Montréal.

Valérie Plante, qui a lancé l'idée de la ligne rose lors de sa campagne à la chefferie de Projet Montréal, estime qu'une nouvelle ligne n'exclut pas une meilleure desserte en transport en commun ailleurs.

«Il faut augmenter notre capacité à pouvoir utiliser l'autobus. C'est pour ça que mon premier engagement, c'est de mettre 300 autobus hybrides sur les rues de Montréal et de s'assurer que certaines lignes d'autobus que l'administration Coderre a décidé de laisser tomber puissent desservir ces endroits qui sont plus loin, mais qui sont des pôles d'emploi», affirme celle qui se décrit comme la «mairesse de la mobilité».

Le maire Coderre abonde dans le même sens, en rappelant que la Société de transport de Montréal (STM) entend repenser au complet son réseau de transport et augmenter l'offre de service en autobus de 12%.

«Ça prend un système intégré, dit-il. Le plan de la STM est dans ce sens. Il faut s'assurer, dans certains endroits, qu'on augmente la fréquence, qu'on mette plus de lignes d'autobus.»

M. Coderre ajoute que la STM pourra mettre plus d'autobus sur le réseau autoroutier une fois que le nouveau pont Champlain et l'échangeur Turcot seront complétés.

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