Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Denis Coderre et Valérie Plante croisent le fer à «Tout le monde en parle»

Qui a le mieux paru?
Radio-Canada

«Vous faites un beau couple», a balancé Dany Turcotte à Valérie Plante et Denis Coderre, les deux candidats à la mairie de Montréal, lorsque ceux-ci se sont amenés à la table de Tout le monde en parle, dimanche.

Quelques enjeux importants de la présente campagne électorale ont été débattus pendant la discussion, au cours de laquelle les deux adversaires se sont coupé la parole à qui mieux mieux, mais qui fut, somme toute, respectueuse. Voici l'essentiel de l'échange. Le vote aura lieu le 5 novembre prochain.

Transports collectifs

À propos de la nouvelle ligne de métro rose que Valérie Plante promet d'inaugurer, qui traverserait la ville, en 29 stations, de Lachine à Montréal Nord, évaluée au coût de six milliards, la dirigeante de Projet Montréal a détaillé son projet ainsi.

«On utilise une technologie qui est différente, ça s'appelle le grand tunnelier. Alors, c'est une technologie qui ne nécessite pas qu'on ouvre les routes, les rues. Ça se fait vraiment en sous-sol, dans le roc. Il faut savoir que cette technologie est utilisée présentement à Barcelone, et c'est ce qui sert à faire le Grand Paris Express, les 200 kilomètres de tunnel. C'est une façon de pouvoir faire un grand métro, à un coût moins élevé que ce qu'il y avait auparavant.»

Denis Coderre n'a pas tardé à répliquer. «On est tous pour plus de métro : la preuve, c'est qu'on veut faire la ligne bleue, et la ligne bleue, c'a pris des décennies avant de se faire. Vous avez dit, avec raison, près de 800 millions de dollars ; quand même qu'on parle de technologie, bon an, mal an, c'est au moins 300 millions par station. Quand on fait le calcul, ce n'est pas six milliards, c'est dix milliards.»

Coderre, qui a rabroué plus ou moins poliment son adversaire lorsque celle-ci a voulu clarifier sa pensée, a continué sur sa lancée en insistant que «ce qui est important, c'est d'être réaliste.» Il a évoqué les hauts faits de son équipe en termes de transport, en parlant du réseau électrique métropolitain de six milliards, du prolongement de la ligne bleue et de l'agence régionale de transports métropolitains. Mais Valérie Plante n'avait pas dit son dernier mot.

«En ce moment, les Montréalais peinent à se déplacer du point A au point B, a-t-elle déploré. Partout, les gens vont dire : on est pris dans le trafic avec notre voiture, on n'arrive pas à embarquer dans le métro, on attend longtemps à l'arrêt d'autobus. C'est ça, la réalité.»

Plante a répété que, tant au fédéral qu'au provincial, de l'argent est dédié aux infrastructures. «Je refuse qu'on s'arrête à des questions seulement pécuniers (sic), alors qu'il y a des sources de financement qui sont accessibles, et que c'est une réalité.»

Cyclistes versus automobilistes

À propos du décès du jeune Clément Ouimet, frappé par une voiture alors qu'il circulait en vélo, qui a causé une onde de choc et relancé le débat sur le partage de la route entre cyclistes et automobilistes, Denis Coderre a argué que «un décès, c'est un décès de trop».

«Oui, on peut faire des réaménagements, et on en fait, il y a des carrefours «accidentogènes», il y en a près de 57, on les prend en charge, mais il faut aussi qu'il y ait un changement de culture, de comportement. Il y a de plus en plus de cyclistes, il y a de plus en plus de pistes cyclables, on investit près de 150 millions pour les 5 prochaines années supplémentaires, mais il y a aussi une question de culture...», a-t-il exposé, avant que Dan Bigras ne le relance à ce sujet. Coderre a alors parlé du programme Vision Zéro (pour «zéro accident, zéro blessé»), qui consiste à protéger les plus vulnérables par des réaménagements de routes, plus d'éducation et un code routier plus strict à respecter.

«À la Ville de Montréal, ce qui a été prôné, c'est vraiment qu'on s'attaque aux intersections, aux routes qui sont problématiques, seulement quand il y a un nombre d'accidents graves ou de morts», a pour sa part décrié Valérie Plante.

«Si on n'a pas le nombre nécessaire d'accidents graves, l'administration, à la Ville de Montréal, on refuse d'agir. Ça, pour moi, j'ai un grand malaise», a poursuivi la politicienne, qui plaide pour un changement de culture à l'hôtel de ville. «Pour qu'on considère que chaque vie, chaque accident mineur ou majeur soit pris en considération».

Formule E

Denis Coderre ne l'a pas eue facile lorsqu'il a été invité à fournir des chiffres précis sur les résultats de la course de Formule E, tenue en juillet dernier. Dan Bigras en a rajouté sur la question de Guy A.Lepage, vertement déterminé à obtenir des chiffres.

«Je n'arrive pas à croire, c'est impossible, qu'on ne soit pas capables de compter – je ne parle pas des retombées économiques, je parle strictement de la vente de billets - combien c'a rapporté, et qu'on ne soit pas capable de le dire avant les élections? Je ne comprends pas ça, Denis...», a lancé Dan Bigras.

Denis Coderre a répété que 45 000 personnes avaient pris part aux activités de la course de voitures électriques. «Quand on fait une première année, c'est sûr que ça peut être plus difficile que d'autres.» L'homme a réitéré qu'un rapport final sera déposé dans les prochains mois, en termes de budgets et de recettes mais que, pour l'instant, l'événement est perçu comme un succès. Valérie Plante l'a talonné sur le fait que la Formule E avait coûté 30 millions, Denis Coderre a plutôt maintenu qu'il s'agissait de 24 millions sur les six prochaines années, pour ce «laboratoire d'innovation, qui amène de l'eau au moulin pour l'électrification.»

Dérangée que toutes les tractations de la Formule E se soient jouées sous la protection d'un OBNL «qui n'est pas sous la règle de l'accès à l'information», Valérie Plante s'est fait redire par son vis-à-vis que, dans les 24 millions alloués à la Formule E, on compte la réfection du boulevard René-Lévesque – «qu'on devait faire quand même», juge Coderre -, le montage et le démontage et les blocs de ciment pour la protection et la sécurité, qui servent à nouveau présentement, dit-il, au Square Viger et au parc Jean-Drapeau.

«Montréal fait partie des grands», s'est enorgueilli Coderre, faisant également allusion aux festivités du 375 anniversaire de Montréal.

«Plateau-iser» Montréal?

À son tour, Valérie Plante a eu droit à sa «colle» posée par l'animateur de Tout le monde en parle.

«Si vous devenez mairesse de Montréal, est-ce que toute la ville va devenir comme un immense Plateau Mont-Royal, avec des rues qui changent de sens, des commerces qui ferment et du déneigement à chaque année bissextile?», a hasardé Guy A.Lepage, devant une interlocutrice bonne joueuse.

«La réponse : non, a laissé tomber Plante. L'idée n'est pas de «plateau-iser», si on veut, l'île de Montréal. Chaque arrondissement a ses particularités, ses réalités. C'est pour ça qu'on se bat contre la centralisation qui est en train de se faire en ce moment, de ramener beaucoup de pouvoir vers la ville-centre. On sent que les arrondissements sont de plus en plus éloignés des citoyens. L'idée, c'est de respecter ce qui se fait ailleurs. (...)»

Puis, Valérie Plante s'est portée à la défense du Plateau et de son controversé décideur, Luc Ferrandez.

«On peut «démoniser» le Plateau Mont-Royal, mais il n'en demeure pas moins que c'est la troisième destination la plus visitée à Montréal, après le Vieux-Port et l'Oratoire. (...) Et aussi, il y a beaucoup de choses qui ont été mises en place sur le Plateau, qui [ont été] reprises ailleurs, dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, au niveau du fleurissement, des saillies, au niveau de l'apaisement de la circulation, dans NDG-Côte-Des-Neiges... Bref, il y a quand même des choses vraiment intéressantes qui se sont faites dans le Plateau Mont Royal, qui nous permettent même de nous démarquer à l'international.»

Aux autres convives qui insistaient et craignaient encore les sens uniques, Valérie Plante s'est montrée rassurante.

«Mais c'est moi, la cheffe de Projet Montréal, c'est moi la future mairesse, ce n'est pas Luc Ferrandez. C'est ça, la nuance.»

Voir aussi:

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.