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«La nuit du 4 au 5», le talent caché de l’actrice Rachel Graton

La comédienne possède aussi un grand talent pour l'écriture.
Courtoisie

Des centaines de milliers de téléspectateurs apprécient depuis des années le savoir-faire, la sensibilité et la polyvalence de la comédienne Rachel Graton dans Au secours de Béatrice, Les Simone, Nouvelle Adresse et Boomerang. Mais rares sont ceux qui savent qu'elle possède aussi un talent pour l'écriture. Sa toute première pièce de théâtre, La nuit du 4 au 5, a remporté le prestigieux prix Gratien-Gélinas au printemps dernier et elle sera montée par Claude Poissant à la Salle Jean-Claude Germain du 26 septembre au 20 octobre prochain.

Depuis quand écris-tu?

Ça fait vraiment longtemps! J'ai commencé au secondaire, en concentration art dramatique. Je jouais et je créais mes propres trucs. Vers 15 ans, j'ai commencé à écrire énormément. C'était devenu une nécessité. Mais quand j'ai choisi d'étudier en interprétation, j'ai un peu mis l'écriture de côté. Je n'étais pas pressée de sortir quelque chose ou de proposer un projet.

Est-ce que l'écriture et le métier d'actrice te comblent différemment?

Quand j'écris, j'aime organiser un grand jeu pour une équipe de créateurs. J'essaie de leur proposer des règles et de voir comment eux vont vouloir jouer avec ça. Je suis enchantée par l'écriture. J'ai l'impression que mon cerveau travaille dans tout son ensemble. Et quand je suis interprète, j'ai le sentiment d'être celle qui doit apprendre à jouer et à découvrir chaque jour comment être meilleure.

Pourquoi avoir décidé d'aborder la thématique de l'agression sexuelle dans La nuit du 4 au 5?

Ce serait mentir de dire que je ne connaissais pas le sujet. J'ai vécu une expérience similaire à celle de la jeune fille dans la pièce. À un moment donné, je me suis intéressée à ce qui venait après. Je voulais explorer le choc post-traumatique, quand tu te sens figé et que tu ne réalises pas vraiment ce qui s'est passé, parce que c'est allé tellement vite. Certaines personnes disent que c'est comme si elles étaient restées mortes... J'avais envie de travailler le souvenir de ça et qu'on se demande si on a besoin de se rappeler de tout pour se remettre d'un événement.

Explique-moi comment tu utilises le chœur d'interprètes dans la pièce.

Les cinq interprètes deviennent tour à tour la jeune fille ou d'autres personnages. Ils sont parfois narrateurs, parfois un symbole de la collectivité. La pièce débute avec un ensemble de racontars de ce qui aurait pu se passer. On va dans les gros préjugés. Comme si c'était quelque chose qu'on leur avait raconté, un truc qu'ils auraient vu aux nouvelles ou une histoire qui n'appartient à personne et à tout le monde. Au fur et à mesure que la pièce avance, on apprend à connaître la jeune fille.

Est-ce que l'agression est montrée sur scène?

Elle est racontée, mais on ne rentre jamais dans le détail. Les spectateurs n'auront jamais l'impression d'être là. On est dans le souvenir de la jeune fille, dans son expérience et dans son choc. Tout est évoqué. Comme ce genre d'expérience malheureuse a été vécue par beaucoup de gens, le défi d'en parler était de le faire avec une vision différente, sans tomber dans le documentaire ni le journal intime.

Dirais-tu que tu prends position en créant une jeune fille qui parle de ce qu'elle vit au lieu de se taire?

Comme on découvre que son agression s'est passée en pleine nuit et que des gens lui ont porté secours, contrairement à des situations où une victime est agressée à l'insu de tous, il n'y a aucun moment dans la pièce où on sent qu'elle pourrait ne pas raconter. Selon moi, il faut en parler, accepter de rencontrer les policiers et décrire son agresseur. Je ne veux pas faire la morale à personne, mais si on ne dénonce jamais, on ne s'en sortira pas.

Quelle a été ta réaction en apprenant que Claude Poissant allait monter ta première œuvre?

Je suis vraiment honorée de pouvoir travailler avec lui. C'est la personne que j'imaginais pour monter mon texte. Pas à cause de son nom, mais parce que c'est quelqu'un qui maîtrise très bien la forme narrative. Il est très fort dans le fait d'évoquer certaines choses, sans trop appuyer. Ses pièces nous arrivent.

Pourquoi tu ne joues pas dans la production?

Pour mon premier texte, je préférais demeurer à l'extérieur pour parler de l'objet et continuer de le travailler. Je trouve ça intéressant de découvrir la lecture d'autres artistes.

Assistes-tu aux répétitions?

Oui. Je laissé l'équipe vivre sa vie pendant deux ou trois semaines, parce que je ne voulais pas m'imposer. Mais je trouve ça incroyable d'entendre ces mots joués. Je suis impressionnée par le travail des acteurs. Leur partition est vraiment difficile. Ça prend une grande dextérité pour créer cette ambiance et raconter ce qui se passe en étant vibrants et émotifs.

À la télé, on te voit dans Au secours de Béatrice. Qu'est-ce qui attend Caro cet automne?

Elle va vivre beaucoup de défis au niveau familial avec Olivier-Luc, avec les enjeux pour la garde de la petite Dana. On va la suivre davantage dans sa quête familiale que professionnelle.

Et comment évolue Laurence dans la deuxième saison des Simone?

Après sa rupture, c'est comme si elle avait pris une bonne résolution qui tient une journée, avant de réaliser que ce n'est pas si facile que ça. Certains mécanismes sont ancrés plus profondément qu'on le croit. Elle essaie de ne plus prendre de pilules, d'avoir confiance en elle, de s'écouter, de ne pas vivre pour plaire aux autres et de se mettre moins de pression. C'est beaucoup de travail à faire en même temps. Elle tend vers ça, mais ça ne se fait pas en deux minutes.

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