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Ravi Coltrane et David Virelles: virtuoses au Gesù

Le saxophoniste et étoile du jazz actuel new-yorkais Ravi Coltrane est de retour à Montréal pour une série de trois concerts.
Valerie Gay-Bessette

Le saxophoniste et étoile du jazz actuel new-yorkais Ravi Coltrane est de retour à Montréal pour une série de trois concerts intitulée Invitation, dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal (FIJM). Pour sa première prestation livrée jeudi, au Gesù, il était accompagné sur scène du jeune pianiste et compositeur cubain David Virelles.

Âgé de 51 ans, Ravi Coltrage connaît bien le Festival de jazz. Fils du monument du jazz John Coltrane (décédé il y a près de cinquante ans), il est en quelque sorte le gardien de la gloire de son père, comme a si bien écrit le journaliste Ian Buissière pour Le Soleil.

À 18h15, les deux musiciens se sont installés sans dire un mot. Coltrane a commencé le spectacle avec de délicates lignes de saxo. Virelles, lui, a pris son temps avant d'installer les premières notes au piano. Tout en subtilité, il a sauté dans la barque de Coltrane en prenant son aise assez rapidement. Les hommes ont déjà joué ensemble à plusieurs reprises, et ils s'apprivoisent assez aisément. Sur cette composition de l'Américain, le jeu de Virelles fut somme toute assez mélodique. Mais bon, ce n'était que le début...

Superbe joueur de saxophone (ténor et soprano), Coltrane s'est ensuite engagé dans un stimulant dialogue avec «la merveille» du piano, considéré comme l'une des plus belles promesses pianistiques de la planète par le magazine Downbeat. Et rapidement, le contretemps s'est fait roi. Tellement, qu'à quelques reprises durant le concert, Coltrane a lancé quelques généreux rires devant la virtuosité de son comparse. Comme si son improvisation était d'un niveau si élevé qu'il préférait attendre un instant avant de se jeter de nouveau à l'eau.

Durant un programme très rigoureux d'environ 90 minutes, Coltrane et Virelles ont offert huit morceaux (avec rappel en plus), dont la plupart proviennent du répertoire de Ravi. Cela dit, le saxophoniste a également livré quelques pièces léguées par son paternel, avec des apports personnels, bien entendu. On a aussi entendu une composition de Virelles dont l'intro était passablement saturée. Ça évoquait une ambiance de film noir des années '50 dans lequel le personnage principal ne trouve pas de résolution à l'intrigue. Cérébral à souhait avec quelques atmosphères nocturnes, disons.

À moitié extatique, à moitié consciente de ce moment privilégié, l'audience a semblé reprendre son souffle sur l'échange plus mélodique, plus harmonieux du morceau suivant, signé John Coltrane. Enfin, un peu de sensualité. Très beau.

Peu de temps après, on apprivoisait cette nouvelle composition de Ravi Coltrane, qui a mis en valeur le génie des deux hommes; surtout l'attaque complètement folle du pianiste qui s'est terminée sur une superbe phrase de Coltrane.

Au final, ce spectacle s'adressait à un public fort averti. Sorte de communion avec le summum du jazz; avec le dépassement des limites de l'instrument; avec le dialogue entre deux érudits de la musique actuelle. Devant cette explosion de savoir-faire, d'envoûtement technique, on aurait embrassé quelques moments plus accessibles, plus suaves.

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