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«La voix» : et de quatre pour les auditions à l'aveugle

«La voix» : et de quatre pour les auditions à l'aveugle

Est-ce pour pallier l’effet de nouveauté qui n’y est plus du tout que les coachs de La voix ont «beurré» aussi épais en louanges pour séduire les candidats de la quatrième ronde d’auditions à l’aveugle? Guerres de mots, mises en scène élevant les heureux élus sur un piédestal et compliments exagérés aux perdants : dimanche, on s’est répété à plusieurs reprises que, trop, c’est comme pas assez. Les visages-vedettes de La voix n’ont pas besoin de s’épancher autant pour qu’on les trouve intéressants.

Par contre, outre ce bémol, la portion des auditions à l’aveugle continue de susciter curiosité et amusement. Voici notre compte-rendu de l’avant-dernier round de cette étape, qui précède les duels, les chants de bataille, les directs et la finale.

Isabelle Boulay et Éric Lapointe se sont âprement disputé les faveurs du premier candidat passé au micro, l’aussi enthousiaste que décontracté Anthony Monderie-Larouche, 26 ans, de Rouyn-Noranda. Tellement, en fait, que ce fut un peu long, cette tentative de séduction qu’on sentait presque forcée et, surtout, calculée, planifiée. D’autant plus qu’Anthony s’est démené, mais n’a rien réinventé. Éric Lapointe l’a finalement emporté. Une association toute naturelle entre le garçon à la longue chevelure et le plus rockeur des chanteurs québécois. «Enfin une bibitte rock! Viens t’en avec moi, de l’attitude tu vas en avoir», a plaidé Lapointe.

Particulier timbre de voix que celui de la très recueillie et envoûtante Audrey Emery, 31 ans, des Îles de la Madeleine. Grâce à son talent au piano et son interprétation tout en intériorité de La Javanaise, de Gainsbourg, la cousine d’Éloi et Jonathan Painchaud a fait pivoter Pierre Lapointe et Isabelle Boulay. Déchirée, Audrey a néanmoins penché pour cette dernière.

Judicieux choix de chanson que You Oughta Know, d’Alanis Morissette, pour Elyann Quessy, 26 ans, de Shawinigan. L’adepte de comédies musicales n’a pas du tout emprunté à ce style pour cette première étape à La voix et a plutôt misé sur le rock, un genre qui lui colle à la peau. L’énergie dégagée par la demoiselle à la chevelure noire et bleue rappelait d’ailleurs celle d’Alanis Morissette. Non seulement Éric Lapointe a été le seul à flancher pour Elyann mais, dans un geste éminemment théâtral, il est allé chercher une femme dans le public, l’a installée dans son fauteuil rouge et l’a fait peser sur le gros bouton à sa place. Une autre exagération plus ou moins nécessaire, mais Elyann, elle, était comblée. «Eh que je t’aime en ce moment, Éric!», lui a-t-elle lancé.

Malgré les efforts déployés pour créer un moment d’émotion et surprendre ses parents – elle leur avait offert des billets pour le spectacle en studio sans leur mentionner qu’elle se commettrait en audition à l’aveugle -, Joanie Michaud, 29 ans, de Gatineau, n’est pas parvenue à tirer son épingle du jeu avec sa relecture jazzée d’Et Cetera, de Gabrielle Destroismaisons. La pièce en question n’était peut-être pas la meilleure à réarranger de la sorte, et les coachs ont relevé les erreurs de justesse dans l’interprétation. «Ta version était écoeurante», lui a pourtant lancé Marc Dupré, alors que ses collègues vantaient le fait qu’ils préféraient la version de Joanie à l’originale. Autant de compliments, sans laissez-passer pour accéder à l’aventure La voix. Étrange, quand même…

Éric Lussier, 31 ans, de Longueuil, a une certaine expérience des caméras, puisqu’il est choriste à En direct de l’univers, à Radio-Canada. Isabelle Boulay semblait très touchée qu’il reprenne un de ses morceaux, Je sais ton nom. Marc et elle ont été les premiers à virer («J’t’aime pas, j’t’adore!», a craché Éric à Isabelle), avant qu’Éric (Lapointe) et Pierre ne suivent de près. Tous ont vanté la puissance de l’organe vocal du jeune homme. Une énième (et lassante) guerre de superlatifs s’en est suivie pour séduire le convoité. «Je suis le gars le plus indécis de la planète», a rigolé Éric, avant de jeter son dévolu sur Marc Dupré.

La jeune Naomie Rose, 18 ans, de Mirabel, était langoureuse, peut-être même trop, dans son incarnation de Beautiful Tango. Peut-être que si les coachs l’avaient vue se trémousser, ils auraient craqué pour son charme, mais ça n’a pas été le cas. On se souviendra néanmoins que la maquilleuse a transformé le visage de Charles Lafortune en papillon.

Le timbre grave et clair de Willis Pride, pianiste de 28 ans, de Saint-Pascal-Baylon, en Ontario, a rapidement happé Pierre Lapointe et Isabelle Boulay qui ont – ô surprise! – joué la comédie, allant jusqu’à grimper sur le petit pupitre de leur siège, pour attirer l’artiste dans leurs rangs. «Les deux vous êtes bons, mais je pense que je vais aller avec Pierre», a décrété Willis.

Le ton un peu nasillard du Marseillais d’origine Alexandre Farina, 38 ans, de Montréal, détonne de l’esprit pop des grandes envolées qui caractérise souvent les concours du type La voix. Isabelle Boulay a craqué pour sa livraison de C’est extra, de Léo Ferré, et a été déstabilisée par la vivacité de l’homme, qui s’est pratiquement sauvé dans les coulisses avant que leur nouvelle entente professionnelle ne soit scellée! En voilà un qui n’a pas grand-chose à faire des concours de compliments. Boulay dit avoir été conquise par son authenticité et elle n’est sans doute pas la seule, puisqu’Alexandre a déjà été lauréat de Ma première Place des Arts et du Festival international de la chanson de Granby.

Hanorah, 22 ans, de Montréal, aurait difficilement pu passer inaperçue avec le pouvoir remarquable qu’elle a insufflé à All I Do Was Cry, d’Etta James. Pleine de coffre et de charisme, Hanorah est probablement en bonne posture pour se rendre loin dans la compétition, si c’est réellement le talent vocal qui est en jeu. Isabelle a comparé ses capacités à une rivière de diamants, Marc Dupré a désigné sa prestation de «plus grande que nature», Éric Lapointe lui a promis une «bague de la victoire», tous se sont émerveillés sur le fait qu’elle ne chante en public que depuis un an : bref, Hanorah avait le panel décideur à ses pieds. Elle a timidement tendu la main à Pierre Lapointe, qui s’est dit «extrêmement fier» qu’elle soit dans son équipe.

Amateur de lutte et de dessin, le joyeux Carol Fournier, 35 ans, de Granby, aurait pu amener un vent de bonhommie à cette mouture de La voix, mais son Footloose, bien que très senti, n’a impressionné personne parmi les juges, ce qu’on estime dommage.

À l’instar d’Éric Lussier, Joëlle Miller, une Gatinoise de 34 ans, compte elle aussi déjà sur un bagage de show-business déjà étoffé, puisqu’elle a été choriste dans le spectacle Vintage, de Gregory Charles. Elle a misé sur Aller plus haut, de la chanteuse australienne Tina Arena, pour se faire valoir, et n’a pu retenir une exclamation et un saut sur place lorsqu’Isabelle Boulay et Marc Dupré ont bougé pour lui faire face. Intense, Joëlle a opté pour Marc… après que lui et Isabelle se soient (encore) obstinés allègrement pour la flatter.

A Song For You, de Leon Russell, a drôlement bien servi Sebastian Roel, 22 ans, de Laval, qui a une histoire riche à raconter : ses parents sont uruguayens, et lui-même est atteint de dyspraxie motrice. Sebastian a été transcendant et il aurait été surprenant que personne ne lui témoigne d’intérêt. «Je te veux comme un aveugle veut des yeux, comme un extrémiste veut Dieu, comme un pyromane veut du feu, je te veux tout court», a déclamé Éric Lapointe, le coach élu par Sebastian. Une déclaration à laquelle il aurait été difficile de résister, même si Marc Dupré était aussi dans la course pour le récupérer.

Clara Sergerie, 23 ans, de Montréal, n’a absolument pas rendu justice à Je veux, de Zaz. Sa reprise était par moments agressive, pour ne pas dire agressante. Aucun des coachs n’a «voulu» d’elle, les deux Lapointe soutenant qu’elle était trop à bout de souffle (Éric) et trop dans la caricature de Zaz (Pierre).

Dernier candidat de la soirée, Brandon Mignacca, 22 ans, de Laval, qui casse joliment son français, a été épatant sur le succès radio Thinking Out Loud, d’Ed Sheeran. Aucune fausse note, aucune bévue n’a ponctué son passage au Studio Mel’s et, avec raison, Isabelle, Marc, Éric et Pierre lui ont tendu une perche. Or, après deux heures de flagorneries et de courbettes, on aurait pu laisser de côté le cérémonial de céder le siège d’Éric à Brandon, pour que celui-ci ne choisisse son coach de la même façon qu’eux manifestent leur goût pour un participant. Ça devient redondant, à la longue, toutes ces couches de vernis souvent inutiles pour faire lever le show.

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