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La Russie et l'OTAN reprennent leurs contacts militaires après trois ans d'interruption

Réchauffement des relations entre la Russie et l'OTAN
Getty Images

Les plus hauts responsables militaires de la Russie et de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) se sont parlé vendredi pour une première fois depuis que la crise ukrainienne a éclaté au printemps 2014.

La conversation téléphonique entre le chef d'état-major de l'armée russe Valéri Guerassimov et le chef du Comité militaire de l'OTAN, le Tchèque Petr Pavel, a été confirmée de part et d’autre.

« Il est dans l'intérêt mutuel de l’OTAN et de la Russie d'avoir des lignes de communications actives entre militaires, et ces lignes restent ouvertes », a indiqué à l'AFP l'entourage du général Pavel.

Selon eux, « les deux généraux ont convenu de rester en contact ».

Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a soutenu que la conversation a eu lieu à l’initiative de l’Alliance atlantique, qui regroupe 28 pays, dont le Canada.

Les deux militaires ont évoqué « les problèmes de sécurité actuels, la perspective d'une reprise de la coopération militaire, la prévention des incidents et la participation de représentants de l'Alliance dans les événements internationaux organisés », soutient le ministère.

M. Guerassimov a également fait part des inquiétudes de la Russie face au « renforcement de l'activité militaire de l'OTAN près des frontières russes » et informé M. Pavel des futurs exercices militaires prévus par Moscou.

Désireux de rassurer les pays voisins de la Russie, l’OTAN a décidé l’an dernier de déployer des bataillons multinationaux en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne afin de « renforcer sa défense » et sa capacité de « dissuasion ». Ottawa se prépare par exemple à déployer environ 450 militaires en Lettonie.

Les deux généraux ont aussi « confirmé la nécessité de prendre des mesures réciproques afin d'apaiser les tensions et de stabiliser la situation en Europe », indique encore le communiqué.

Le général russe Guerassimov s'est également entretenu en février à Bakou, en Azerbaïdjan, avec le chef d’État-major de l’armée américaine Joe Dunford. Il s’agissait là aussi d’une première depuis 2014.

Le ministère russe de la Défense a par ailleurs annoncé l'organisation les 26 et 27 avril à Moscou d'une conférence internationale sur la sécurité, à laquelle l'OTAN a été invitée pour une « discussion civilisée », selon le vice-ministre russe de la Défense, Dmitri Fomine.

Le chef du Comité militaire de l'OTAN, le général tchèque Petr Pavel, s'est entretenu avec le secrétaire américain à la Défense James Mattis le 16 février, à Bruxelles.

Une première en trois ans

C'est la première fois qu’un entretien téléphonique de la sorte se produit depuis que les ministres des Affaires étrangères de l’Alliance ont décidé de « suspendre toute coopération civile et militaire pratique » avec la Russie, le 1er avril 2014, après l’annexion de la Crimée.

L'OTAN avait alors condamné « l'intervention militaire illégale de la Russie en Ukraine », « la violation par la Russie de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine » et « la tentative illégale et illégitime d'annexion de la Crimée ».

« La Russie a violé le droit international et elle a agi en contradiction avec les principes et les engagements contenus dans le document de base du Conseil de partenariat euro-atlantique, l'Acte fondateur OTAN-Russie et la Déclaration de Rome. Elle a gravement rompu la confiance sur laquelle doit reposer notre coopération », avaient affirmé les ministres.

L’OTAN avait tout juste décidé de maintenir des contacts au niveau des ambassadeurs. Une telle rencontre tenue en avril 2016 à Bruxelles témoignait de la difficulté d’un rapprochement. L’Alliance avait indiqué qu’elle avait donné lieu à de « franches discussions », sans permettre de régler de « profonds désaccords ».

Le 16 février, le secrétaire américain à la Défense James Mattis avait déclaré lors d'un premier passage au siège de l'OTAN, à Bruxelles, qu’il n’y aurait pas de collaboration à court terme avec les Russes sur le plan militaire, rejetant un appel en ce sens lancé par le président russe Vladimir Poutine

« Nous ne sommes pas dans la position maintenant de collaborer au niveau militaire, mais nos dirigeants politiques vont échanger et essayer de trouver des terrains d'entente », avait-il dit. M. Mattis plaidait pour que la Russie « respecte ses engagements et revienne à un partenariat ou à une forme de partenariat avec l'OTAN ».

Le même jour, le secrétaire d'État américain Rex Tillerson, avait convenu que Moscou et Washington cherchaient « un nouveau terrain d’entente », mais avait fait valoir que l'administration Trump s'attend « à ce que la Russie respecte ses engagements de l’accord de Minsk et contribue à la désescalade de la violence en Ukraine ».

Jusqu'à nouvel ordre, les accords de Minsk, qui visent à pacifier l’est de l’Ukraine, n'ont guère été appliqués. Une nouvelle trêve a été signée le 23 décembre 2016, mais les rebelles prorusses et les Ukrainiens s'accusent mutuellement d'avoir déclenché de nouvelles hostilités meurtrières depuis.

Quelque 200 soldats canadiens ont été déployés en Ukraine dans le cadre de ce conflit, qui a fait plus de 9700 morts et 21 000 blessés. Cette mission de formation doit prendre fin en mars, mais elle pourrait être prolongée, a mentionné au début du mois de février le ministre canadien de la Défense, Harjit Sajjan.

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