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L'appui à la proportionnelle mixte à l'Î.-P.-É. pave-t-elle la voie à une réforme au fédéral?

L'appui à la proportionnelle mixte à l'Î.-P.-É. pave-t-elle la voie à une réforme au fédéral?
CBC

Ce n'est pas la première fois que les insulaires se prononcent sur une réforme d'une mode de scrutin. En 2005, les électeurs de la province avaient opté à 64 % pour le statu quo.

Cette année, le scénario est tout autre. Le système proportionnel mixte a obtenu 52% des voix contre le système uninominal à un tour. Mais il a fallu quatre tours de scrutin avant qu'une majorité claire se dégage et que l'appui à un système alternatif surpasse celui au système actuel.

Le gouvernement de la province n'a pas garanti que le résultat de cette consultation allait se concrétiser par l'adoption du mode de scrutin favorisé lors de ce plébiscite.

Une chose n'a pas changé entre les deux consultations populaires : le taux de participation est demeuré très faible. De 33 % en 2005, il n'a augmenté que de quelques points pour atteindre 36 % cette année.

Des chiffres peu impressionnants, si on les compare au taux de participation à l'Île-du-Prince-Édouard lors d'élections provinciales et fédérales.

Imaginez, en 2011 on se désolait d'avoir obtenu le taux de participation le plus faible lors d'élections provinciales depuis des décennies. Or, il était de 76%. Habituellement, il dépasse les 80%.

À titre de comparaison, aux dernières élections fédérales 68 % des électeurs canadiens inscrits se sont prononcés.

Les libéraux fédéraux moins pressés, les néo-démocrates déterminés

Ce peu d'entrain suscité par le plébiscite n'augure donc rien de bon pour le débat sur la réforme du mode de scrutin au fédéral. Surtout que toutes les conditions gagnantes avaient été mises en place à l'Île-du-Prince-Édouard.

Le vote était permis en ligne et en personne. Les électeurs avaient dix jours pour se prononcer et le scrutin était aussi ouvert aux jeunes de 16 ans et plus.

Au fédéral, bien que le gouvernement ait promis que le scrutin de 2015 allait être le dernier sous le système uninominal à un tour, le sort de la réforme du mode de scrutin semble bien incertain.

Bien sûr, un comité parlementaire est en place pour examiner la question et la ministre responsable du dossier, Maryam Monsef, a mené d'intenses consultations d'un bout à l'autre du pays.

Mais dans une entrevue au journal Le Devoir, il y a quelques semaines, le premier ministre lui-même a refroidi les ardeurs des partisans d'une réforme.

Sous M. [Stephen] Harper, il y avait tellement de gens mécontents du gouvernement et de son approche que les gens disaient : "ça prend une réforme électorale pour ne plus avoir de gouvernement qu'on n'aime pas". Or, sous le système actuel, ils ont maintenant un gouvernement avec lequel ils sont plus satisfaits. Et la motivation de vouloir changer le système électoral est moins percutante [ou moins criante] »

En plus de ce frein sur lequel semble appuyer le premier ministre, il y a les propos des députés conservateurs qui affirment depuis longtemps que le débat est loin de susciter les passions. Un argument que le taux de participation à l'Île-du-Prince-Édouard peut renforcer.

Le député néo-démocrate, Alexandre Boulerice, préfère voir les choses d'un autre oeil. La majorité des électeurs qui ont voté à l'Île-du-Prince-Édouard ont été convaincus par les bienfaits d'avoir une certaine forme de proportionnalité dans un système électoral.

Le risque qu'on voit au fédéral, c'est que les libéraux essaient de se trouver une excuse pour finalement renier leur promesse et garder le mode de scrutin qui leur a permis d'avoir une forte majorité en Chambre avec seulement 39 % des votes.

Alexandre Boulerice assure que le débat n'est pas terminé sur la scène fédérale. Le comité parlementaire auquel il participe et qui se penche sur la question doit rendre son rapport le 1er décembre.

D'ici là, le gouvernement fédéral a fait imprimer des millions de lettres qui seront envoyées aux Canadiens dans le but de les consulter.

Si Ottawa veut réellement changer le mode de scrutin, il devra toutefois agir vite pour présenter un projet de loi, puis le faire adopter. Le directeur général des élections affirme qu'il lui faudra deux ans pour mettre en place un nouveau système.

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