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Présidentielle américaine: Ce qui distingue Warren Buffett de Donald Trump

Ce qui distingue Warren Buffett de Donald Trump
Reuters

Donald Trump a admis ne pas avoir payé d'impôts pendant un certain nombre d'années - il n'a pas précisé la durée - en profitant d'un avantage fiscal, celui d'utiliser ses pertes pour réduire son revenu imposable.

Un texte de Gérald Fillion

Pour la première fois, au débat de dimanche soir, le candidat républicain à la présidence américaine a admis avoir pu éviter de payer de l'impôt tout en ajoutant que beaucoup d'autres l'avaient fait, en commençant par Warren Buffett, ce qu'a nié catégoriquement le célèbre investisseur.

Warren Buffett, 86 ans, est l'un des hommes les plus riches du monde. Des millions de personnes s'inspirent de sa vision, de ses stratégies pour investir. Il est reconnu comme étant clairvoyant, prudent, juste et honnête.

M. Buffett s'affiche, depuis longtemps, comme démocrate sur le plan politique. Il est clairement dans le camp d'Hillary Clinton. C'est parce qu'il représente une autorité qu'il est vu comme un sage, un être pratiquement inattaquable que Donald Trump affirme qu'il a fait comme lui : éviter de payer de l'impôt certaines années.

C'est faux, rétorque Warren Buffett, qui maintient avoir payé de l'impôt tous les ans depuis 1944, alors qu'il n'avait que 13 ans. Cette année-là, d'ailleurs, il aurait payé 7 $ en impôt!

Ce qu'il a souvent dit, c'est que son niveau d'imposition effectif n'était pas assez élevé, c'est-à-dire le vrai total d'impôt payé par rapport à son revenu. Bénéficiant de déductions sur les dons caritatifs, bénéficiant aussi d'un impôt sur le gain en capital qui est plus faible que l'impôt sur le revenu, des hommes et des femmes riches comme Warren Buffett peuvent réduire leur impôt à payer.

Selon Warren Buffett, il est anormal qu'un homme riche comme lui ait un taux d'impôt plus faible que celui de sa secrétaire, qui gagne un revenu bien plus faible. Pour mettre fin à ce déséquilibre, Hillary Clinton veut mettre en place la « Buffett Rule », un taux minimum d'impôt à payer pour les plus riches, c'est-à-dire les gens qui gagnent plus de 5 millions de dollars par année. Peu importe combien vous avez en revenus, il vous faudra payer 30 % d'impôt au minimum.

Utilisation abusive des pertes?

Or, Donald Trump, même avec cette règle, aurait pu éviter de payer de l'impôt. Avec une perte de 916 millions de dollars en 1995, il a pu utiliser l'équivalent de ses revenus imposables dans les 15 années suivantes pour annuler son impôt. Exemple : si, pour une année X, ses revenus se sont établis à 45 millions de dollars, il a pu utiliser ses 45 millions de pertes en 1995 pour annuler complètement son revenu imposable.

La semaine dernière, j'ai bien expliqué les répercussions de l'utilisation des différents outils fiscaux pour les États et au chapitre des inégalités. Ce texte ne remet nullement en cause l'utilisation des pertes dans les déclarations de revenus de citoyens américains.

La question qui est posée est celle-ci : est-ce abusif de permettre à une personne d'utiliser 916 millions de dollars de pertes pour ramener ses impôts à 0 pendant 15 ou 18 ans? Aussi, est-ce moral pour un homme qui veut devenir président des États-Unis et en charge des services publics du pays d'avoir évité de payer de l'impôt pendant une aussi longue période?

En 1995, environ 500 000 personnes ont déclaré des pertes, dont la moyenne était de 98 000 $. L'outil fiscal ici a pour but de permettre aux gens d'affaires de se sortir d'une mauvaise passe et non pas de profiter abusivement d'un avantage fiscal.

Warren Buffett dit qu'il n'a jamais utilisé cet outil fiscal. Il est contre les échappatoires et il dit vouloir payer plus d'impôt. Et vous savez quoi? Même en payant plus d'impôt, M. Buffett sera encore très riche et prospère, et va demeurer un modèle pour des millions d'investisseurs.

Trump promet de fortes baisses d'impôt

Par ailleurs, selon une étude du Tax Policy Center, la proposition de baisse d'impôt généralisée de Donald Trump pourrait profiter particulièrement aux plus riches. Ainsi, les membres de la catégorie des 1 % les plus riches bénéficieraient d'une baisse d'impôt moyenne de 214 690 $ par année. Ceux et celles qui sont dans les 0,1 % les plus riches pourraient épargner 1,066 million de dollars. La dette du pays grimperait ainsi de 7200 milliards de dollars.

En retour, Hillary Clinton propose des hausses d'impôt pour les plus riches. Les gens dans la tranche des 1 % les plus riches devraient payer 117 760 $ de plus en impôt par année. Dans les 0,1 %, la hausse serait de 805 250 $. La dette du pays serait ainsi réduite de 1400 milliards de dollars.

Voir aussi:

Anderson Cooper et Martha Raddatz, les modérateurs

Le second débat présidentiel Trump Clinton (9 octobre 2016)

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