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L'appel désespéré d'un jeune Québécois parti en Syrie (VIDÉO)

L'appel désespéré d'un jeune Québécois parti en Syrie (VIDÉO)

Un jeune Québécois parti en Syrie a supplié ses parents de venir le chercher. C'était il y a un an. Depuis, ils attendent toujours de ses nouvelles, mais surtout une adresse ou un numéro de téléphone qui leur permettraient de le retrouver, croyant qu'il est toujours en vie.

Un reportage de Karine Bastien avec la collaboration de Patrick Martin-Ménard, Louis-Philippe Ouimet et Karim Ouadia.

À 18 ans, leur fils est parti vers l'Algérie, le 16 janvier 2015. Avec l'accord de ses parents, il a passé une semaine là-bas chez des membres de sa famille et a communiqué régulièrement par Skype.

La mère du jeune homme se souvient d'une conversation avec son fils pendant son séjour à Alger. « Je lui ai parlé, ce n'était pas mon fils, je ne le reconnaissais pas, ses yeux étaient dans le vide », raconte-t-elle.

Le père, qui lui avait aussi parlé, a fait les mêmes constatations.

«Il a changé, il ne parlait pas, il ne mangeait pas. Pourtant, c'est un enfant très extraverti.» - Le père du jeune Québécois parti en Syrie

Deux jours avant qu'il ne reprenne l'avion pour revenir à Montréal, leur fils a prétexté une rencontre avec un ami à Alger. Il n'en est jamais revenu.

Rapidement, les parents ont été mis au courant. La nouvelle a bouleversé toute la famille du jeune homme. « On était ébranlés, et là on a appris qu'il était parti vers la Turquie. Là, c'était vraiment un coup de massue sur la tête », dit le père du jeune homme.

Les parents ont tenté de communiquer avec leurs fils par l'entremise des réseaux sociaux, mais en vain. Leur fils n'a donné aucune nouvelle pendant plusieurs semaines.

Finalement des nouvelles

En mars 2015, les parents reçoivent trois appels téléphoniques de leur fils.

«Un jour, il m'a appelé de la Syrie, même s'il ne voulait pas me dire où il se trouvait. Il a dit : "Maman, je voulais retourner, mais je ne pouvais pas!"» - La mère du jeune homme

Le jeune semblait avoir des remords, mais n'a jamais voulu dire où il se trouvait exactement. Il a demandé à parler à d'autres membres de sa famille. Selon les parents, il semblait très inquiet, mais n'a pas trop élaboré sur ses craintes.

Appel au secours

Il y a un an, presque jour pour jour, le jeune homme a parlé une dernière fois à ses parents. Toujours inquiet, il leur a demandé de venir le chercher.

« Il disait : "Maman, viens me chercher", et il était inquiet. "Maman, est-ce que tu m'aimes encore? Dis-le-moi! Est-ce que tu peux venir me chercher?" J'ai été contente de l'entendre, je ne voulais pas le blâmer, je voulais garder le contact », explique sa mère.

Il a alors promis à ses parents qu'il allait les rappeler et leur donner un numéro de téléphone pour qu'ils puissent venir le chercher.

Il n'a jamais rappelé. Est-il mort? Ses parents n'ont jamais eu d'indice à cet effet.

Ils ont insisté pour dire qu'ils croient que leur fils est vivant et ont démenti des informations qui ont circulé dans certains médias faisant état de sa mort. Le père et la mère sont convaincus que leur fils va leur donner des nouvelles un jour.

Ils souhaitent maintenant que les circonstances entourant la radicalisation de leur enfant soient mises au jour et que le ou les responsables soient accusés.

«Nous demeurons convaincus que notre fils est encore vivant et nous espérons de toutes nos forces qu'il nous reviendra.»

- Les parents du jeune parti en Syrie

Demande de rencontre avec Justin Trudeau

Les parents du jeune souhaitent fortement rencontrer le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, « pour lui demander de bien vouloir se pencher de plus près [sur] ce qui [les] touche au plus profond de [leur] chair à travers cette histoire. »

Un contact avec Adil Charkaoui

Les parents nous ont confié que leur fils avait côtoyé le prédicateur Adil Charkoui lors de plusieurs activités à Montréal, notamment lors de la marche contre la Charte des valeurs de l'ancien gouvernement du Parti québécois, en septembre 2013. Après sa disparition, les parents affirment avoir rencontré M. Charkaoui pour lui demander des comptes.

En entrevue téléphonique, Adil Charkaoui dit ne pas se souvenir précisément de cette rencontre et se défend. « Je suis choqué par ce que j'entends et je suis choqué par le fait que certains médias maintiennent cette pression sur moi. Cette diabolisation qui fait en sorte que certains parents qui vivent dans la détresse de la perte d'un être cher arrivent à croire que j'aie pu être responsable de près ou de loin du départ de leur enfant », affirme le président du Centre communautaire islamique de l'Est de Montréal.

La Gendarmerie royale du Canada n'a pas voulu commenter la disparition de ce jeune. Le porte-parole de la police fédérale nous a rappelé que l'enquête se poursuit.

Voir aussi:

Scènes de vie en Syrie

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