Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Une violoniste syrienne réfugiée aux États-Unis joue désormais pour la paix

Une violoniste syrienne réfugiée aux États-Unis joue désormais pour la paix

Son frère se trouve dans un camp de réfugiés et ses parents, dans une région en guerre. Sur fond de guerre, de tirs de mortier et de civils assiégés, Mariela Shaker a quitté la Syrie en 2013 en emportant avec elle son violon adoré. Elle est partie aux États-Unis étudier la musique avec, dans ses bagages, un véritable instrument de paix.

Tout au long de son voyage, les autorités étaient persuadées que son étui contenait une arme. Dans la plupart des quelque soixante-dix points de contrôle qu’elle a traversés entre Alep et Beyrouth -avant même de décoller pour les États-Unis-, les gardes lui ont demandé de l’ouvrir pour vérification. «Ils considéraient les musiciens comme des infidèles», explique-t-elle au Huffington Post.

Mariela Shaker, aujourd’hui âgée de 25 ans, a fini par arriver à destination avec son violon et suit aujourd’hui une maîtrise à l’Université DePaul, à Chicago. Elle espère un jour devenir ambassadrice et mettre en place des programmes d’éducation musicale dans son pays d’origine.

Pour la jeune femme, la musique est l’un des meilleurs moyens de rassembler les gens venus de tous les horizons. «Quand la chrétienne que je suis joue de la musique juive devant des musulmans, les barrières tombent», explique-t-elle.

La violoniste, qui a obtenu le droit d’asile, est arrivée avec un visa étudiant pour le Monmouth College, dans l’Illinois, deux ans après le début des manifestations contre le président syrien Bashar al-Assad, qui les a écrasées dans le sang. La guerre civile, qui a commencé il y a cinq ans, a forcé 4,8 millions de Syriens à quitter le pays.

Au début du conflit, quand elle vivait encore à Alep, sa famille n’avait l’électricité que par intermittence. Une fois sa décision prise, la jeune femme a d’abord postulé pour obtenir une bourse, passant d’un cybercafé à l’autre pour profiter de leurs groupes électrogènes. Elle passait sept heures par jour à se renseigner, et a fini par faire la connaissance de personnes désireuses de l’aider à émigrer. «Je n’avais pas grand espoir de partir», reconnaît-elle.

«Plus en sécurité en pleine mer qu’en Syrie»

Son frère, de deux ans son aîné, a lui aussi pu s’enfuir, traverser la Méditerranée et rejoindre un camp de réfugiés aux Pays-Bas. Elle explique que son odyssée a été périlleuse, car la mer démontée a failli couler le frêle esquif dans lequel il se trouvait. Pourtant, elle sait qu’il a fait le bon choix. «Ma mère ne l’aurait jamais laissé partir si elle n’était pas convaincue qu’il serait plus en sécurité en pleine mer qu’en Syrie», confie-t-elle.

Elle est toujours en contact avec son comité de soutien au pays et appelle ses parents tous les jours. D’après son père, la famille ne bénéficie toujours pas des services de base tels que l’accès l’eau courante, et il raconte qu’ils remplissent des bidons au puits.

Pour Mariela, rien n’a changé depuis qu’elle a quitté Alep, où la peur ne la quittait jamais. «Notre maison a été attaquée sans raison. Nous avons même décidé de ne pas réparer les portes et fenêtres, car nous subissions régulièrement des tirs de missiles et de mortiers. Bon nombre de mes amis ont été tués. On ne sait jamais quand ça va tomber.»

Plus fort que de la culpabilité

Elle explique que son foyer lui manque et qu’elle ne sait pas trop quoi penser de sa décision de quitter le pays, mais qu’elle est contente d’avoir eu l’occasion de le faire. «C’est bien plus fort que de la culpabilité, nous dit-elle. Ce n’est pas ce que j’avais espéré. Je voulais bien sûr venir aux États-Unis, mais pas dans un contexte de guerre en Syrie.»

Elle a joué au Kennedy Center, à Washington, et prononcé un discours à la Maison Blanche. Elle dit que son expérience a changé sa vie et sa façon de jouer, et qu’elle a encore plus envie de militer pour la paix. «Après toutes ces épreuves, la musique ne se limite plus au violon», conclut-elle. «Je leur raconte une histoire pour qu’ils ne cessent de croire en l’humanité. À travers la musique, je veux simplement les persuader que la vie a du bon.»

Cet article, publié à l’origine sur le Huffington Post américain, a été traduit de l’anglais par Mathilde Montier pour Fast for Word.

VOIR AUSSI :

INOLTRE SU HUFFPOST

Shahd Mahmoud Abdel Hafez

Des enfants syriens à l'école durant le conflit

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.