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Guillaume Wagner: au-delà du coup d'éclat (ENTREVUE/VIDÉO)

Guillaume Wagner: au-delà du coup d'éclat

Alors, cet assaut sur Guillaume Wagner, dans le grand hall de la Place des Arts, mardi matin, c’était une réelle agression ou une opération publicitaire savamment orchestrée?

Nous avons posé la question au principal intéressé, quelques heures après l’incident, lors d’une entrevue téléphonique qui était, de toute façon, prévue plusieurs jours d’avance. Il a mollement nié avoir planifié cette intervention pour le moins inattendue, dans l’espace public et passant du complexe culturel du Quartier des Spectacles, où, reconnaissons-le, tout peut arriver. Coup d’éclat étudié ou spontané? On ne le saura peut-être jamais.

«Guillaume, était-ce un coup monté, ce qui s’est produit ce matin?»

«Mais non», a-t-il laissé échapper, d’une voix hésitante, incertaine.

«C’est surprenant que ça ne soit pas arrivé avant, a-t-il ensuite continué, en retrouvant son aplomb. Mais ça m’était déjà arrivé, des confrontations du genre. Des gens sont déjà montés sur scène. Ça arrive, quand tu es baveux. Il y en a qui le prennent mal, qui se sentent insultés personnellement, même si tu ne t’adresses pas à eux. J’ai déjà vu pire!»

Peut-on crier au poisson d’avril, alors?

«C’est demain, a évoqué Wagner. Aujourd’hui, on est le 31 mars. Je n’avais pas fait le lien…»

Plus humain

Fin de l’incident. Car, si Guillaume Wagner avait convoqué les journalistes, mardi, ce n’était pas nécessairement pour que ceux-ci le regardent se faire tabasser par un indésirable mal intentionné. C’était plutôt pour lancer son deuxième one man show, intitulé Trop humain, dont le rodage s’amorcera sous peu et la rentrée montréalaise se tiendra les 6 et 7 octobre 2015, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, presque trois ans jour pour jour après la première médiatique de Cinglant, son premier spectacle, dont 65 000 billets ont trouvé preneur. Le DVD de Cinglant sera d’ailleurs en vente le 5 mai.

Guillaume Wagner est parfaitement conscient qu’on a principalement retenu de Cinglant la controverse causée par sa blague sur Marie-Élaine Thibert. «Marie-Élaine Thibert est tellement laide que ça devrait être déductible d’impôt de la fourrer», crânait-il sur scène, ce qui avait profondément blessé la chanteuse. Celle-ci avait répliqué dans un message sur Facebook, affirmant être ainsi victime d’intimidation. S’en était suivi une mini-tempête médiatique dont les acteurs se sont apparemment très bien remis; à l’été 2014, Thibert se défoulait joyeusement sur Wagner en lui faisant subir le Ice Bucket Challenge.

Le titre Trop humain n’est pas sans rapport avec toute cette histoire, admet Guillaume Wagner.

«Je ne reviens pas là-dessus, ce n’est pas ça l’idée, a-t-il précisé. Mais, dans mon premier spectacle, j’étais assez cinglant et agressif. Et on m’a souvent dit que, si je montrais davantage mon côté humain et vulnérable, ça me rendrait plus attachant et sympathique, et je pourrais m’en permettre plus, après. Alors, j’ai décidé d’aller en ce sens-là, tout en m’en moquant, en même temps. C’est un clin d’œil aux gens qui voudraient que je sois plus humain.»

«Je me révèle vraiment plus dans ce show-là, ceci dit sans sarcasme. Il y a des moments beaucoup plus personnels que dans l’autre.»

Mais Wagner restera Wagner, avec son ton mordant et ses convictions. Il définit Trop humain comme une «contre-attaque au discours anti-intellectuel» qui, selon lui, prévaut actuellement au Québec, cette mentalité judéo-chrétienne culpabilisante qui guide trop souvent notre société.

«Être quelqu’un d’érudit, intelligent, ça passe toujours comme une insulte auprès des gens en général. C’est quelque chose que je voulais casser. On n’aime pas les gens qui ont de l’ambition. On aime les gens qui travaillent fort sans poser de questions. Moi, je veux contrer ça et dire : travaillons un peu moins fort et posons un peu plus de questions, et peut-être qu’on va avancer un peu plus rapidement après.»

«C’est très judéo-chrétien, de s’imaginer que les faibles vont en premier au paradis, a poursuivi Guillaume. Pour moi, ça ne veut rien dire. Mais moi, je suis né là-dedans. J’ai été élevé dans une famille très catholique. C’est quelque chose que j’ai en moi. C’est donc une critique de moi-même, aussi, en même temps.»

La génération Y, dont Guillaume se réclame, ainsi que le fait de vieillir, lui serviront notamment de thématiques pour parler aux spectateurs d’eux-mêmes et les confronter, souligne-t-il.

«Le spectacle est comme un gros bloc, spécifie toutefois le comique. Si tu sors un numéro du contexte, il va peut-être moins bien fonctionner. C’est un gros numéro qui se tient ensemble, avec un arc dramatique et une finale qui vont ensemble.

Mise en scène

Un humoriste engagé, Guillaume Wagner? Le jeune homme n’aime pas particulièrement le terme.

«Je crois que tout humour est engagé, plaide-t-il. Aussitôt que tu prends la parole, tu t’engages dans quelque chose. Je ne fais pas de blagues politiques, ce n’est pas basé sur l’actualité, ou sur des événements précis. C’est plus un humour sociologique, je dirais. Philosophique, à la limite.»

Mais pleinement engagé dans ses projets, ça, oui. À preuve, Guillaume Wagner signe de A à Z tous les textes de Trop humain, assisté de son grand ami Simon Cohen à la script-édition, et assume sa propre mise en scène.

«Je voulais quelque chose de minimaliste, de très simple et intimiste. D’humain, justement. Je n’ai pas de gros décors. C’est moi, un micro, un tabouret, une bouteille d’eau, et c’est tout. Je n’avais pas besoin d’un metteur en scène pour venir placer quoi que ce soit», a-t-il détaillé.

Guillaume Wagner entamera le rodage de Trop humain en avril et passera notamment à Sainte-Thérèse, Brossard, Laval et Magog avant sa première montréalaise. Le prix de ses billets, partout en province, peu importe le siège, est fixé à 30$. Consultez son site officiel pour toutes les dates.

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