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Omar Khadr en quête d'une libération provisoire

Les avocats d'Omar Khadr plaident pour une libération provisoire
CP

Les avocats d'Omar Khadr plaideront devant un tribunal albertain, aujourd'hui et mercredi pour qu'il soit libéré sous conditions. L'homme, aujourd'hui âgé de 28 ans, veut sortir de prison pendant qu'il fait appel des accusations de crimes de guerre pour lesquelles il a plaidé coupable devant un tribunal militaire américain en 2010.

Un texte de Raphaël Bouvier-Auclair

L'Université King's, une petite institution chrétienne d'Edmonton qui compte à peine 700 étudiants, est prête à donner un coup de main pour qu'Omar Khadr puisse poursuivre ses études une fois sorti de prison.

S'il obtient sa liberté sous caution, Omar Khadr ira vivre chez son avocat Dennis Edney et suivra une formation universitaire avec des professeurs de l'Université King's. Certains d'entre eux connaissent bien l'homme puisqu'ils l'ont aidé à suivre des cours derrière les barreaux. « La meilleure manière d'intégrer quelqu'un dans la communauté n'est-elle pas de lui offrir de bonnes relations avec autrui, plutôt que de l'isoler ? » se demande la présidente de l'Université King's, Melanie Humphreys.

En 2010, Omar Khadr plaidait coupable à cinq chefs d'accusation de crimes de guerre devant un tribunal militaire américain. Condamné à huit ans de prison, il a été transféré au Canada en 2012. Après un séjour dans le pénitencier à sécurité maximal d'Edmonton, il est désormais enfermé à la prison de Bowden, à environ une heure de route au nord de Calgary.

Les avocats d'Omar Khadr demandent sa libération sous caution, car ils soutiennent que leur client a plaidé coupable en 2010 parce que c'était le seul moyen de quitter la prison américaine de Guantanamo, à Cuba, où il était incarcéré depuis son arrestation.

Omar Khadr, dont le père était proche d'Oussama ben Laden, a été arrêté en Afghanistan en 2002, à l'âge de 15 ans. Les États-Unis l'accusaient d'avoir tué d'un membre de l'armée américaine.

Ottawa s'oppose fermement à une libération conditionnelle d'Omar Khadr. Les avocats du gouvernement fédéral ont déposé leurs arguments à la Cour du Banc de la Reine de l'Alberta, qui entendra la demande de M. Khadr. Selon eux, une décision favorable du tribunal à l'endroit d'Omar Khadr contreviendrait aux engagements du Canada envers les États-Unis. Ils estiment que comme il a été « condamné à huit ans d'emprisonnement avant son transfert vers le Canada, tant que la peine n'est pas modifiée par une cour américaine, le Canada se doit de la respecter ».

Un porte-parole du ministre canadien de la Sécurité publique Steven Blaney a fait savoir par voie de communiqué qu'Ottawa « est vigoureusement opposé à tout effort pour réduire la peine » d'Omar Khadr.

Difficile de prédire comment tranchera la Cour, selon la titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la justice internationale pénale et les droits fondamentaux, Fannie Lafontaine. Bien que cette dernière dise pencher davantage en faveur des arguments de M. Khadr et de ses avocats, elle reconnaît qu'« il y a des arguments valides des deux côtés ». Peu importe la décision finale, elle estime que « tout ce dossier apporte des questions très novatrices. C'est la première fois que les tribunaux canadiens ont à se poser ces questions-là ».

Les audiences de mardi et mercredi ne sont qu'un chapitre dans la saga judiciaire d'Omar Khadr. En plus de sa demande de libération sous caution, il a fait en parallèle une demande de libération conditionnelle qui devrait être entendue en juin.

Omar Khadr en cinq événements

Septembre 1986 : Naissance à Toronto

Juillet 2002 : Arrêté en Afghanistan. Emprisonné par la suite à Guantanamo, à Cuba

Octobre 2010 : Plaide coupable à cinq chefs d'accusation devant un tribunal militaire américain

Septembre 2012: Transfert vers le Canada. Emprisonné d'abord en Ontario, puis en Alberta

Mars 2015 : Demande de libération provisoire en Alberta

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