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«Le prénom» : dernier tour de piste d'un grand succès populaire

«Le prénom» : dernier tour de piste d'un grand succès populaire
Maxime Côté

Serge Denoncourt n’était pas certain d’avoir envie de mettre en scène l’adaptation québécoise de la pièce Le prénom, lorsque Juste pour rire l’a approché, en 2012. Sur l’insistance de Gilbert Rozon, il a quand même lu le texte, par politesse… et s’est vite laissé prendre au jeu.

Trois ans plus tard, Le prénom a été présenté 112 fois sur les scènes du Québec, a fait vendre 70 000 billets et s’apprête à revivre pour une ultime série de représentations qui, jure-t-on, sera véritablement la dernière. À Montréal, le rendez-vous est donné au Théâtre St-Denis, du 10 au 21 mars.

«C’est l’affaire la plus drôle que je n’ai jamais mise en scène, juge Serge Denoncourt. C’est vraiment drôle pour mourir! D’habitude, je ne monte pas ce genre de comédie ; ce n’est pas mon truc, ce n’est pas ce que je fais de mieux, ce n’est pas ce que j’aime le plus.»

«Je ne suis pas facile à faire rire. Alors, je me suis dit que, si ça me faisait rire, c’allait faire rire tout le monde. J’ai donc rappelé Gilbert avant même d’avoir fini ma lecture, en disant que je voulais absolument le faire!»

Humour réaliste

Le prénom, c’est un souper entre amis qui tourne mal. Patrice Robitaille, Catherine-Anne Toupin, Christian Bégin, Isabelle Vincent et Gabriel Sabourin s’y adonnent à une joute de ping-pong verbal qui trouve son point de départ dans la grossesse du personnage de Catherine-Anne, en couple, dans l’histoire, avec Patrice Robitaille. Les futurs parents dévoilent le prénom qu’ils ont choisi d’accoler à leur bout de chou et, sitôt prononcée, l’appellation cause la furie. La discussion s’enflamme et dévie rapidement sur des thèmes comme l’amour, l’éducation des enfants, l’argent, la sexualité, l’amitié ; les valeurs de chacun s’entrechoquent et le spectateur, lui, rit.

Depuis que Le prénom a commencé sa route, le principal punch, celui du fameux prénom litigieux, a été éventé aux oreilles de plusieurs, mais ce n’est pas là le seul revirement qui attend l’assistance, qui se balade de choc en étonnement d’un tableau à l’autre.

«C’est un humour très réaliste, précise Serge Denoncourt, qui se dit adepte des Beaux malaises. Une soirée comme celle-là, ça pourrait arriver à n’importe qui. Tu organises un party chez vous, tout va bien, et tout à coup, quelqu’un parle de la charte des valeurs, de la burka, et aussitôt, la chicane s’ensuit, et ton party est à l’eau. C’est comme une vraie famille. Ce n’est pas joué comme une grosse comédie, sauf qu’on meurt de rire, parce qu’on se reconnait, on reconnait sa famille, on reconnait les blagues de ce genre de soirée… On va de surprise en surprise, de révélation en révélation.»

Du bon théâtre

Le prénom a connu un parcours plein de promesses avant de séduire les villes du Québec. La création parisienne signée Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière est d’abord née en septembre 2010, sur les planches du Théâtre Édouard VII, dans une mise en scène de Bernard Murat, avec Patrick Bruel comme acteur principal. Elle a tenu l’affiche pendant 10 mois, a raflé cinq nominations aux Molières (qui récompensent le théâtre français) en 2011 et a été portée au grand écran avec la même distribution qu’à l’origine, à l’automne 2012. Ici, l’adaptation est le boulot de Maryse Warda et la direction artistique, de Pierre Bernard.

Serge Denoncourt croit-il que le théâtre québécois doit absolument bénéficier de succès populaires comme celui du Prénom pour assurer sa survie? Pour l’homme, certain que cet art brille encore de mille feux, la question ne se pose pas.

«J’ai fait Les liaisons dangereuses, l’année dernière, et c’était plein. Cyrano de Bergerac, c’était complet. J’ai monté Qui a peur de Virginia Woolf?, qui joue présentement chez Duceppe, et c’est épouvantable à quel point ça marche bien. Un tramway nommé désir, à l’Espace GO, c’était tellement rempli qu’on le reprend l’an prochain. Et il y a aussi Le Journal d’Anne Frank, Le Misanthrope, Richard III… Quand on offre de bons shows, les salles sont pleines. Les gens ont envie d’aller au théâtre, même au mois de février, quand il fait très froid. Il faut juste faire du bon théâtre.»

Du «bon théâtre», Serge Denoncourt en fignolera beaucoup dans les prochains mois. Il fera escale à l’Opéra de Montréal en 2016 pour y proposer sa relecture des Feluettes, de Michel Marc Bouchard, avec Étienne Dupuis dans le rôle-pivot.

Mais avant, il renouvellera l’expérience de la collaboration avec le Festival Juste pour rire et le Théâtre du Nouveau Monde l’été prochain, avec Les Trois Mousquetaires, après avoir créé un triomphe avec Cyrano de Bergerac l’an dernier, sous les mêmes enseignes. A-t-il été surpris de constater l’engouement généré par le classique d’Edmond Rostand en pleine saison estivale?

«Je n’étais pas surpris, mais très content. Parce qu’on était un peu inquiets ; on se demandait s’il y avait un public pour les grands classiques, l’été. Tout le monde disait que non, que ça ne marcherait pas, qu’il n’y aurait pas de public pour ça. Mais on était pleins, et on a fait des supplémentaires», se réjouit Serge Denoncourt.

Pour tout savoir sur la dernière tournée du Prénom et vous procurer des billets, consultez le www.hahaha.com.

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