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Correspondant à l'étranger, un métier risqué

Correspondant à l'étranger, un métier risqué
Capture d'écran

Comment un correspondant surmonte-t-il sa peur devant une situation dangereuse dans une zone chaude? Vaut-il toujours la peine de risquer sa vie pour informer? À l'émission En direct du monde et au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo, les correspondants de Radio-Canada ont répondu aux questions d'un public préoccupé par les questions de sécurité entourant la couverture étrangère.

Un texte de Lili Boisvert

Pour Jean-François Bélanger, qui a souvent eu une kalachnikov sous le nez lorsqu'il couvrait la récente crise en Ukraine, malgré les risques du métier, il importe de garder les yeux sur l'objectif : informer le public.

« On ne peut pas s'empêcher de penser que parfois, c'est notre vie qui est mise à l'épreuve, possiblement, si on va dans des zones où les journalistes peuvent être ciblés », admet le correspondant pour Radio-Canada en France.

Du même souffle, Jean-François Bélanger ajoute que les journalistes ne doivent pas se laisser intimider par des extrémistes. « C'est leur donner raison, et ils auront gagné. Forcément, ça veut dire qu'il faut surmonter sa peur », plaide-t-il.

Marie-Ève Bédard, correspondante au Moyen-Orient, note pour sa part que même dans des pays en guerre, le danger n'est pas omniprésent. La plupart du temps, la vie normale suit son cours. « On n'est pas constamment sous le tir des balles ou à proximité d'explosions », dit-elle. Ce serait néanmoins une erreur de minimiser les risques dans les zones de conflits. « Il faut vraiment se préparer. Parce que l'objectif, c'est d'y aller et d'en revenir pour les raconter, ces histoires-là », explique-t-elle.

Son caméraman et conjoint, Sylvain Castonguay, a appris à reconnaître, seulement au son, si une détonation représente une menace et nécessite de se mettre à l'abri ou non.

« C'est relié à ma sécurité. Au son, je suis capable d'identifier si c'est une kalachnikov ou du dragunov. »

— Salvain Castonguay, caméraman au Moyen-Orient

De plus en plus, les journalistes sentent qu'ils deviennent des cibles dans certains pays. Les exécutions de journalistes par le groupe armé État islamique au Moyen-Orient, notamment, peuvent donner des frissons.

« Dans notre région, évidemment, la préoccupation la plus importante, c'est celle des enlèvements, parce que ça se fait de plus en plus fréquemment, avec des conséquences maintenant fatales, la plus part du temps. Mais ça ne devient pas une obsession non plus. »

— Marie-Ève Bédard, correspondante au Moyen-Orient

Ginette Lamarche, elle aussi, a craint les enlèvements. Lorsqu'elle était correspondante en Amérique du Sud, elle et son guide ont été menacés par des membres des FARC qui contrôlaient des portions de route entre Bogota et Medellin à l'époque.

« Des hommes armés, cagoulés, qui nous ont arrêtés. Mon fixer m'a dit : "Tu te tais, tu ne dis rien, surtout, il ne faut pas qu'on voie que tu es une étrangère et surtout pas une journaliste." Ils nous ont demandé une rançon. On a réussi à trouver 150 $. Je n'ai pas prononcé un mot, c'est mon fixer qui a tout négocié », raconte-t-elle. Ginette Lamarche et son collègue ont pu repartir sains et sauf, mais la journaliste a eu très peur.

Dans le cas de Sophie Langlois, qui a couvert la révolution égyptienne à la place Tahrir, au Caire, les réseaux sociaux ont été salvateurs dans les situations dangereuses. Son guide était branché sur tous les autres guides dans la ville et, en communiquant sur Facebook, ils s'informaient mutuellement des emplacements des tireurs cachés sur les toits des édifices. Les réseaux sociaux lui ont en quelque sorte sauvé la vie.

Le métier de correspondant comporte bel et bien des risques. Et des fois, les choses tournent mal. En 2007, Patrice Roy était chef de bureau en Afghanistan lorsque le véhicule blindé dans lequel le caméraman Charles Dubois et lui se trouvaient a explosé en roulant sur une mine. Deux soldats canadiens et un interprète afghan sont morts.

Charles Dubois, lui, a perdu un pied. « La blessure guérit, mais la cicatrice demeure. » Aujourd'hui, sept ans plus tard, il s'est remis de la souffrance psychologique causée par l'accident. « Par contre, dans les premières années, oui, je l'admets, j'ai été vraiment au fond du baril. Ç'a été très difficile », dit-il.

Mais être correspondant, c'est aussi une passion. Pour pouvoir faire leur travail tout en évitant le danger, les journalistes de Radio-Canada suivent des formations de sécurité avant de partir à l'étranger, pour bien se préparer. « On a une structure qui est bien en place à Radio-Canada qui nous permet de faire des évaluations de risque, précise Sylvain Desjardins, à Paris. « Les journalistes peuvent être ciblés. Cependant, il faut garder à l'esprit que c'est nécessaire d'y aller », conclut-il.

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