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Dans l'obscurité, l'Ukraine et les rebelles échangent leurs prisonniers de guerre

Dans l'obscurité, l'Ukraine et les rebelles échangent leurs prisonniers de guerre
Ukrainian government army soldiers at a check-point near the village of Debaltseve, Donetsk region, eastern Ukraine Wednesday, Dec 24, 2014. Peace talks aimed at reaching a stable cease-fire in Ukraine between its government forces and pro-Russian armed groups began on Wednesday in Minsk, Belarus, with the discussions to include a pullout of heavy weapons and an exchange of war prisoners. (AP Photo/Sergei Chuzavkov)
ASSOCIATED PRESS
Ukrainian government army soldiers at a check-point near the village of Debaltseve, Donetsk region, eastern Ukraine Wednesday, Dec 24, 2014. Peace talks aimed at reaching a stable cease-fire in Ukraine between its government forces and pro-Russian armed groups began on Wednesday in Minsk, Belarus, with the discussions to include a pullout of heavy weapons and an exchange of war prisoners. (AP Photo/Sergei Chuzavkov)

Les belligérants ont aligné les prisonniers sur un tronçon d'autoroute isolé, au milieu de nulle part entre leurs lignes de front, à une centaine de mètres de distance.

Face à face dans l'obscurité, les soldats ukrainiens et les combattants prorusses, lourdement armés et nerveux, ont le doigt sur la gâchette.

Il fait nuit noire, le vent est glacial, et la seule source de lumière est celle des phares des véhicules en stationnement.

Après des négociations tendues, l'échange de prisonniers tant attendu entre les forces gouvernementales et les rebelles prorusses de la République populaire autoproclamée de Donetsk a enfin lieu.

Du côté des séparatistes, 146 soldats ukrainiens -- un tout petit peu moins que les 150 prévus -- ont été transportés dans un convoi d'autocars civils et de camions militaires qui serpentent en colonne depuis le bastion rebelle de Donetsk jusqu'au lieu d'échange.

Habillés en civil, certains serrant contreu eux un sac en plastique contenant quelques affaires personnelles, ils ont été alignés par les rebelles et font de petits bonds pour se réchauffer, attendant qu'on les appelle.

Par groupes de dix, les séparatistes et les soldats ukrainiens comptent leurs prisonniers et les envoient de l'autre côté.

En attendant leur tour, certains prisonniers de l'armée ukrainienne ont encore du mal à croire ce qui leur arrive.

"Ils nous ont simplement dit que ça allait arriver", explique Artyom Syurik, 28 ans, médecin enrolé avec les troupes du ministère de l'Intérieur, capturé il y a quatre mois. "Je suis content de revenir à la maison".

"C'est bien que cela tombe avant le Nouvel An", ajoute-t-il, précisant que ses conditions de détention étaient correctes.

"J'ai hâte de revoir mes parents et ma femme. Ils ne savent pas que je rentre."

A côté de lui, le soldat d'infanterie Valentin Ranivskiy affirme que les soldats qui l'ont capturé, au plus fort des combats en août, appartenaient à un bataillon paramilitaire de l'armée russe.

"C'est ainsi qu'ils se sont présentés, du moins", assure-t-il.

Mais tous ne retournent pas du côté ukrainien.

L'un d'eux, Alexeï Samsonov, qui a combattu dans l'armée ukrainienne, explique que puisqu'il est né en Russie, il désire rejoindre son pays natal.

"Toute ma famille est en Russie", fait-il remarquer, la tête enfouie dans son capuchon. "J'estime que ce que fait l'armée ukrainienne n'est pas correct".

- "Je vais retourner combattre" -Dans l'autre sens, il y a plus de monde : 222 hommes et femmes, prisonniers de guerre de l'Ukraine, selon les rebelles.

"Après cinq mois de détention, je me sens patraque", raconte le combattant séparatiste Pavel Korokosov, après être monté à l'arrière d'un camion.

"Ils viennent de nous amener là, les mains liées et les yeux bandés".

D'autres pensent simplement à ce qu'ils souhaitent faire, une fois rentrés chez eux.

"Je veux manger des pommes de terre frites et discuter avec mes proches", dit Denis Balbukov.

"Je vais retourner combattre", enchaîne un jeune homme de 21 ans.

"Ca a été, à partir du moment où nous avons été transférés au centre de détention. Mais, avant cela, ils nous ont vraiment maltraités et malmenés".

Mais si certains affirment qu'ils retourneront se battre en Ukraine, d'autres assurent qu'ils n'ont jamais pris part aux combats.

"Ils avaient juste besoin de prisonniers pour les échanger contre des soldats, alors ils ont capturé n'importe qui", rapporte Tatiana, qui vient de la ville portuaire de Marioupol.

"J'étais à la maison, c'est tout. Maintenant, ils m'échangent contre des soldats".

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