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Négos du secteur parapublic: Québec augmente la tâche des enseignants (VIDÉO)

Québec augmente la tâche des enseignants, mais pas le salaire (VIDÉO)

QUÉBEC - Le gouvernement Couillard a décidé d'augmenter la tâche des enseignants du primaire et du secondaire, sans leur verser un sou de plus.

En fonction des propositions patronales sectorielles présentées mardi aux syndicats d'enseignants, dans le cadre du renouvellement des conventions collectives, Québec souhaite réduire les dépenses en éducation en sabrant dans les conditions de travail du personnel enseignant, qui promet une riposte musclée.

La tâche des enseignants serait augmentée de 10 pour cent, passant de 32 à 35 heures par semaine, sans augmentation de salaire. Cet ajout forcé de temps de présence est donc assimilé dans les faits à une diminution de la rémunération, aux yeux des syndicats.

Québec souhaite aussi intégrer sans distinction les élèves handicapés et ceux en difficulté d'apprentissage ou présentant des troubles de comportement dans les classes régulières. Autrement dit, le ratio ne sera pas moins élevé si une classe compte un certain nombre de ces élèves nécessitant davantage d'attention.

«On veut abolir la définition d'élève en difficulté», a déploré la présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE), Josée Scalabrini, qui juge que ce sont les élèves doués et ceux ayant des résultats moyens qui seront négligés, l'attention de l'enseignant étant monopolisée par les élèves ayant plus de difficulté.

Pendant ce temps, le ratio maître-élèves par classe sera augmenté, au primaire comme au secondaire. On veut faire disparaître l'idée de nombre moyen d'élèves par classe.

Actuellement, le nombre maximal d'élèves toléré par classe au primaire peut varier de 22 à 32 élèves. Dorénavant, une classe pourra compter jusqu'à cinq élèves de plus.

De plus, on verra davantage de classes intégrant dans un même groupe les élèves de maternelle et ceux de première année du primaire, une aberration selon le point de vue syndical.

La Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE) et la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) ont toutes deux vivement dénoncé en conférence de presse ce qu'elles ont qualifié de recul inacceptable de leurs conditions de travail, dont les élèves feront les frais selon elles.

«Nous sommes maintenant à voir notre plan de mobilisation» des troupes, a indiqué Mme Scalabrini.

«C'est comme si le gouvernement avait décidé de vider un bidon d'essence sur le contrat de travail et d'y mettre le feu», a commenté de son côté le président de la FAE, Sylvain Malette, persuadé que Québec vient «d'ajouter de la colère à la colère» déjà vive des syndiqués.

Québec veut aussi faire disparaître le plancher d'emplois dans les écoles, ce qui aura pour effet de «précariser davantage» ce secteur, selon M. Malette.

«On constate que c'est une détérioration généralisée des conditions dans lesquelles on travaille», a-t-il ajouté, voyant dans les propositions gouvernementales une attaque envers les enseignants et envers les élèves.

Il semble par ailleurs que la remise en question des commissions scolaires par le gouvernement fera en sorte que les directions d'écoles auront dorénavant tous les pouvoirs au terme de la réorganisation du réseau, risquant ainsi d'abuser de leur droit de gérance, estime M. Malette, en revendiquant plus d'autonomie pour les enseignants.

C'est l'avenir de l'école publique qui est en jeu, selon lui.

La FAE représente 32 000 enseignants, surtout du primaire et du secondaire, et la FSE regroupe 35 syndicats représentant plus de 62 000 enseignants du préscolaire à l'éducation des adultes.

Quant à elles, les infirmières sont restées sur leur faim, mardi, à la suite de la présentation des offres sectorielles qui les visent directement. En point de presse, la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), Régine Laurent, a dit que Québec cultivait le «flou artistique» dans leur cas, s'étant contenté de donner quelques grandes orientations difficiles à déchiffrer. Une rencontre d'information plus poussée est prévue à la mi-janvier.

De son côté, le gouvernement n'a pas commenté ses propositions sectorielles mardi.

L'opposition péquiste a dénoncé la volonté gouvernementale de ne plus faire de distinction entre les élèves en difficulté et les autres dans le calcul du ratio maître-élèves. «Il doit absolument faire marche arrière», a dit la porte-parole en éducation, Nicole Léger.

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