Un promoteur de New York propose de construire un téléphérique urbain entre Brooklyn et Manhattan pour contrer la congestion croissante des lignes de métro qui mènent vers le centre de New York. Et son idée est loin d'être mal reçue.
Un reportage d'Étienne Leblanc, à l'émission Le 15-18
S'il n'en tient qu'à Daniel Levy, les New-Yorkais pourront bientôt traverser l'East River entre Manhattan et Brooklyn par téléphérique. L'homme d'affaires, un promoteur immobilier dans la métropole américaine, propose de bâtir l'« East River Skyway » pour faire face à la forte croissance de l'utilisation des transports en commun.
Un passage à la station Bedford Avenue, dans le quartier Williamsburg à Brooklyn, nous aide à comprendre son idée. À l'heure de pointe, les quais de cette station débordent. Les résidents doivent souvent laisser passer plusieurs métros avant de pouvoir se frayer un passage dans le wagon.
L'achalandage de la ligne L a augmenté de 50 % depuis 2007. En 2012, elle était, à certaines heures de la journée, à 140 % de sa capacité. Et la même scène se répète dans toutes les stations qui mènent vers l'île de Manhattan.
Brooklyn et Queens en plein boom démographique
Un phénomène qui ne va pas s'apaiser de sitôt, si l'on en croit les statistiques démographiques des différents quartiers de New York.
Les arrondissements de Brooklyn et de Queens vivent un boom démographique sans précédent. Pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale, plus de gens sont venus s'établir dans ces arrondissements que de personnes qui en sont parties. Entre 2010 et 2013, la population de Brooklyn a augmenté de près de 100 000 habitants.
Résultat : le réseau de métro est surchargé, et il le sera de plus en plus, si l'on en croit le nombre de projets immobiliers qui sont prévus sur les berges de Brooklyn.
Trois lignes de téléphérique
Le projet de Daniel Levy ne manque pas d'ambition. Décliné en trois phases, il prévoit trois différentes lignes comptant huit stations, qui desserviraient une bonne partie de la rive ouest de l'East River.
Trois stations seraient installées sur le côté de Manhattan, toutes reliées au réseau de métro local : une près des Nations unies, une à la sortie du pont Williamsburg et une dernière près du South Street Seaport.
Il évalue le coût de son projet entre 75 M$ à 125 M$ pour chacune des trois phases.
Il est aujourd'hui possible de considérer sérieusement le téléphérique comme moyen de transport en commun, car la technologie a beaucoup changé.
« Les cabines peuvent aujourd'hui transporter de 35 à 50 personnes. Les infrastructures nécessaires sont minimes, c'est peu bruyant, pas polluant, et rapide. Que voulez-vous de plus? », ajoute ce fier Vermontois amateur de ski alpin.
Le projet East River Skyway prévoit qu'une cabine s'arrêtera toutes les 45 secondes. À ce rythme, Daniel Levy prévoit pouvoir transporter entre 70 000 à 90 000 personnes par jour, plus que le métro, qui transporte quotidiennement environ 30 000 passagers.
« Quelles sont les solutions pour régler le problème de congestion du métro? Il n'y en a pas des tonnes. On peut construire une autre ligne qui passe dans un nouveau tunnel sous la rivière, on peut construire un autre pont, on peut mettre plus de traversiers, ou on peut construire un téléphérique. Pour moi, la solution est assez évidente », conclut M. Levy.
Singapour et d'autres villes ont sauté le pas
Assez répandus dans les villes de l'Amérique du Sud, les téléphériques urbains se sont multipliés dans le monde depuis quelques années. De fait, plusieurs villes ont maintenant leur téléphérique moderne. À Londres et Barcelone, les cabines sont davantage destinées aux touristes. Mais à Singapour, La Paz ou Santiago (presque terminé), les téléphériques font partie intégrante du réseau de transport en commun.
Autant d'exemples qui convainquent Daniel Levy que ce n'est pas une idée farfelue.
En 2012, Projet Montréal proposait le même genre d'idée dans le cadre de son projet « Entrée maritime », pour relier Longueuil à Montréal, à l'est du pont Jacques-Cartier.
Daniel Levy, un grand amoureux de Montréal, semble toutefois avoir plus d'appuis que Richard Bergeron, l'ancien chef de Projet Montréal. La Ville de New York a le dossier entre les mains, et s'est dite très intéressée par la proposition.
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