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Gilles Latulippe : les humoristes ébranlés

Gilles Latulippe : les humoristes ébranlés
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Le Théâtre St-Denis lançait en grande pompe mardi sa programmation 2014-2015, composée en majeure partie de spectacles d’humour. Plusieurs têtes d’affiche de la nouvelle saison s’étaient déplacées pour ce 5 à 7, qui devait se conclure par un grand spectacle constitué de prestations de la plupart d’entre elles.

Une ombre planait toutefois sur le rassemblement, néanmoins festif : le décès de Gilles Latulippe, parti en matinée après avoir succombé à un cancer du poumon, à l’âge de 77 ans.

Tous secoués par la nouvelle de son départ, les humoristes n’avaient que des éloges à formuler à l’égard de l’homme qui leur a pavé la voie et que le Festival Juste pour rire saluait dans un gala-hommage très émouvant, en juillet dernier. De nombreux artistes présents au Théâtre St-Denis mardi avaient d’ailleurs pris part à la fête orchestrée par Gilbert Rozon et son équipe.

Voici les réactions de quelques-uns d’entre eux.

André Sauvé : «Gilles Latulippe a meublé mon enfance, comme c’a été le cas pour plusieurs personnes. J’ai grandi avec Symphorien, avec tous ces personnages. Ça me rappelle des moments en famille, quand on regardait ça. Ça fait partie de la mythologie québécoise, des gens comme lui, qui nous quittent. C’est une grande tristesse.»

Rachid Badouri : «Monsieur Latulippe a été dans nos ancêtres. On parle beaucoup d’Yvon Deschamps, et c’est vrai, mais il y a aussi eu Monsieur Latulippe. Il avait un timing incroyable au niveau du punch à l’américaine. Moi, j’ai grandi avec Les démons du midi. Il a donné beaucoup pour la télé, le théâtre. C’est une immense perte. Je n’étais pas dans son gala-hommage et je suis content qu’on ne m’ait pas demandé d’y participer ; c’aurait été impossible en raison de mon horaire, et s’il avait fallu que je refuse, aujourd’hui, je l’aurais regretté. Je me serais senti très mal.»

François Bellefeuille : «Je suis vraiment sous le choc, parce que je ne savais même pas qu’il était malade. Gilles Latulippe avait l’air de quelqu’un qui avait toujours de l’énergie, qui n’en manquait jamais, même à son âge. Ça m’a surpris, ce matin. Je n’ai pas été un spectateur très actif de Gilles Latulippe, mais c’est fou comment les gens qui ont eu de longues carrières comme ça, qui sont demeurés toujours pertinents, comme lui, qui n’ont jamais perdu leur public, c’est rare. Moi, je trouve qu’il est chanceux. Je suis loin de penser que je vais avoir le même genre de carrière – déjà là, j’ai commencé beaucoup plus vieux que lui (sourire) – mais je lui lève mon chapeau. J’aimerais avoir une vie artistique aussi remplie, et j’espère qu’il est parti sans trop souffrir. Je suis certain qu’il a fait rire tout le monde jusqu’à la fin! Son dernier mot, c’était un gag, j’en suis sûr! (rires)»

Jean-Marc Parent : «Gilles a influencé ma vision du monde de l’humour. Je trouve qu’il a donné un bel espoir, un peu comme Yvon Deschamps, Jean Lapointe, Clémence Desrochers… Ces gens-là ont une vraie passion. Moi, ça m’impressionne toujours. Au stade où ils sont rendus, ils n’ont plus besoin de faire ça pour vivre. Ils le font parce qu’ils aiment le faire. Je pense qu’ils nous ont transmis cette vérité. C’est en dedans d’eux, tu ne peux pas sortir ça. Et je pense qu’on est plusieurs à être comme ça, grâce à ce qu’ils nous ont transmis. J’ai tellement trouvé ça dommage quand j’ai vu la nouvelle sur Internet, ce matin. J’haïs ça, ces affaires-là ! Il avait 77 ans… C’est rendu qu’on ne trouve même plus ça vieux! D’un côté, je me dis qu’il a eu une vie bien remplie, mais de l’autre, on voit encore plein de gens de 85, 90 ans…»

Sylvain Larocque : «Gilles Latulippe m’a donné mon premier contrat. Quand je suis sorti de l’École nationale de l’humour, c’est lui qui m’a engagé à la télévision, pour la première fois, aux Démons du midi. Et il m’a réengagé, et réengagé. Il adorait ce que je faisais. Il m’a même fait participer à des sketchs avec Suzanne Lapointe, complètement burlesques. Je jouais des personnages très loin de moi, comme le laitier caché en dessous du lit de Suzanne ou le garçon de ferme un peu épais. Et je trippais! C’était la première fois que je faisais de la télé et ça m’a aidé à payer mon loyer, parce que je ne gagnais pas beaucoup d’argent à l’époque. J’ai toujours adoré cet homme et ça m’a fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de peine d’apprendre son décès.»

Laurent Paquin (il a interprété le Capitaine Bonhomme au gala-hommage de Juste pour rire à Gilles Latulippe) : «C’était quelqu’un que j’admirais beaucoup. Pour moi, Gilles Latulippe, ça demeure le meilleur raconteur d’histoires drôles. En humour, il y a plein de formules : le stand up, les personnages, les sketchs, les monologues, mais raconter des histoires drôles, personne ne l’a fait aussi bien que Gilles Latulippe, selon moi. Je me suis trouvé très chanceux, soudainement, d’avoir eu l’occasion de lui rendre hommage, dans un numéro qui, pour moi, était l’un des plus beaux numéros du festival, depuis le début. J’avais l’impression d’avoir vécu l’un de mes plus beaux moments en carrière. Je n’aurais pas pu soupçonner qu’il y aurait un petit côté dramatique à ça ; quand ça va passer à la télé, je vais sûrement avoir un pincement au cœur, parce qu’on va le voir se faire «hommager», mais je me console en me disant qu’on l’a fait au bon moment. On rend souvent hommage aux gens après leur décès. Pour Gilles, il n’était pas trop tard. Après le gala, il m’a dit qu’il avait aimé mon Capitaine Bonhomme, que je devrais le refaire dans d’autres spectacles, et il m’a donné des conseils pour l’imiter à nouveau.»

Maxim Martin : «Il ne m’a pas influencé directement dans mon humour, mais je me souviens que, lorsque j’étais un jeune humoriste, on passait tous par Les démons du midi. On avait la chance de le croiser dans les coulisses, ou alors au Théâtre St-Denis, pendant le Festival Juste pour rire. Ce qui m’a toujours frappé chez cet homme, c’est que, même si on était nerveux de le rencontrer, il nous mettait à l’aise tout de suite. Il nous demandait comment on allait, et c’était sincère. Même s’il ne nous connaissait pas, on dirait qu’il espérait que ça marche pour nous. Il nous disait que ce n’était pas un métier facile et nous souhaitait la meilleure des chances de la façon la plus vraie. Il était tellement humble! Et toujours souriant. Et ce n’était jamais forcé. Si on était nerveux à côté de lui, en deux secondes, son aura nous calmait. C’est une lourde perte.»

Martin Vachon (du spectacle Ma première fois) : «C’était le showman par excellence. Je n’ai pas connu Olivier Guimond, mais j’ai eu la chance de voir Gilles Latulippe de mes propres yeux. Pour moi, c’est un monument, l’un des derniers artistes de cette époque. Il a été marquant. C’est une légende, qui nous a quittés. J’espère avoir un jour une petite parcelle de son talent, pour accomplir ce qu’il a fait. Je vais peut-être m’entarter en son honneur! (rires)»

Roxane Bourdages (du spectacle Ma première fois) : «Plus jeune, lorsque j’étais à l’école de théâtre - ça fait très longtemps, plus de 15 ans- je me souviens m’être dit qu’il n’était pas jeune et que je devais me dépêcher d’aller le voir au cabaret La Tulipe. Et, finalement, il n’a jamais arrêté. Je ne l’ai jamais connu personnellement et le spectacle que j’avais vu n’était pas capoté, mais lui, il était bon et drôle!»

Pour tout savoir sur la nouvelle programmation du Théâtre St-Denis, consultez le www.theatrestdenis.com.

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