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Réaction rapide et chance: pourquoi la menace Ebola semble maîtrisée au Nigeria

Réaction rapide et chance: pourquoi la menace Ebola semble maîtrisée au Nigeria

Contrairement à la Guinée, au Liberia et à la Sierra Leone où l'épidémie d'Ebola flambe, le Nigeria semble avoir contenu la menace jusqu'à présent, grâce à une bonne réaction initiale et aussi grâce à la chance, mais rien n'est gagné.

Seulement cinq décès sont à déplorer dans le pays le plus peuplé d'Afrique, sur 13 cas d'Ebola confirmés au total. Sept personnes ont d'ailleurs guéri, et une seule était encore sous traitement, selon le dernier bilan publié mardi.

L'épidémie de fièvre hémorragique hautement contagieuse a tué plus de 1.400 personnes dans les trois pays les plus touchés, Liberia, Guinée et Sierra Leone.

Le fonctionnaire libérien qui a introduit Ebola au Nigeria, en prenant un vol de Monrovia à Lagos, a voyagé un dimanche, le 20 juillet : premier coup de chance, car l'aéroport de Lagos est beaucoup moins fréquenté ce jour-là qu'en semaine.

Deuxième coup de chance: personne n'a, semble-t-il, été contaminé dans l'avion par Patrick Sawyer, alors qu'il était déjà sérieusement atteint et qu'il vomissait, selon des témoignages.

Ensuite, les autorités nigérianes ont bien réagi à ce premier cas, ce qui s'est avéré crucial pour la suite. Dès son arrivée à Lagos, l'homme a été immédiatement détecté comme malade, transféré dans un hôpital privé et placé à l'isolement, contre son gré. Un hôpital privé qui disposait de meilleures infrastructures et de praticiens plus compétents que les hôpitaux publics, dont les médecins étaient alors en grève.

Les premiers soignants qui se sont occupés de lui ont fait preuve d'un grand courage et l'ont payé de leur vie. Sur les cinq morts recensés, il y a deux médecins et deux infirmières.

Rendant hommage à l'un des médecins décédés, une femme, le ministre nigérian de la Santé Onyebuchi Chukwu a raconté qu'elle s'est physiquement interposée alors que M. Sawyer voulait quitter l'hôpital, où il devait mourir le 25 juillet.

Le programme de lutte contre la diffusion du virus a ensuite été mis en place rapidement.

"Il faut reconnaître que le gouvernement a vraiment vite réagi, juste après l'arrivée du premier cas", estime John Vertefeuille, chef d'équipe de l'antenne nigériane du Centre américain de contrôle et de prévention des maladies, qui aide les autorités sanitaires locales.

Celles-ci se sont inspirées du programme de lutte contre la polio, explique-t-il, et ont mis en place un centre opérationnel d'urgence pour superviser toutes les actions, notamment le repérage et le suivi des personnes potentiellement à risque.

Le fait qu'il n'y ait eu qu'une seule chaîne de contamination, c'est-à-dire que "tous les cas d'Ebola soient liés à ce cas importé du Liberia, et qu'un travail intensif de repérage" ait été mené d'emblée, explique la situation assez bonne du Nigeria, selon le docteur Emmanuel Musa, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'un des superviseurs du centre opérationnel d'urgence.

"La communication est un autre point clé de la riposte" au virus, avance John Vertefeuille, car "la population ne connaît pas Ebola, comment le virus se transmet et comment s'en protéger".

Le gouvernement fait diffuser toutes les heures des spots d'information à la télévision et à la radio, dans les principales langues du pays. Et les opérateurs téléphoniques envoient des sms à leurs abonnés.

Une ligne téléphonique gratuite a également été mise en place par les autorités.

Pour autant, "la situation demeure imprévisible", tempère le Dr Musa.

Par précaution, la rentrée des classes a d'ailleurs été retardée d'un mois dans tout le pays, à la mi-octobre. "Il ne faut pas passer de la panique à l'euphorie", a expliqué mercredi le ministre de la Santé.

"La taille et la densité de la population", notamment à Lagos, mégapole la plus peuplée d'Afrique subsaharienne avec 15 à 20 millions d'habitants et plaque tournante de l'Afrique de l'Ouest et centrale, sont "un grand défi", reconnaît John Vertefeuille, si jamais l'épidémie venait à redémarrer.

Malgré les discours rassurants des autorités, une source médicale confie sous couvert d'anonymat qu'"il y a des insuffisances dans tous les domaines": "le repérage et le suivi, la logistique, la mise en place de nouvelles équipes".

"Aucun pays n'a les ressources" pour faire face seul, "le Nigeria a besoin d'aide", plaide cette source.

Au Nigeria, première économie d'Afrique, les dépenses de santé ne se sont élevées en 2012 qu'à 161 dollars par personne, soit 6,1% du produit intérieur brut. Contre 982 dollars par personne, soit 8,8% du PIB, en Afrique du Sud.

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