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Obama peut-il vaincre l'Etat islamique en s'en tenant à sa doctrine ?

Obama peut-il vaincre l'Etat islamique en s'en tenant à sa doctrine ?

L'affrontement prévisible entre les Etats-Unis et les jihadistes de l'Etat islamique en Syrie représente un véritable test pour la doctrine de Barack Obama qui s'articule autour de frappes militaires ciblées sans troupes de combats au sol.

La vision du président américain, forgée durant les années où l'armée américaine était engluée dans le conflit irakien, le pousse vers un type d'engagement militaire dans lequel les drones sont au coeur du dispositif pour viser les militants d'Al-Qaïda au Pakistan ou au Yémen. Et les forces spéciales mènent des opérations contre des individus jugés dangereux en Libye ou en Somalie.

Au moment où il envisage d'accentuer la lutte contre l'EI, en passant de l'Irak à la Syrie, M. Obama répète qu'il ne bougera pas sur la règle énoncée dès le début des frappes: pas d'Américains pour combattre l'ennemi au sol.

Dans un discours référence prononcé fin mai devant la prestigieuse école de l'armée de Terre de West Point, il avait mis en garde contre la tentation de faire usage, en toutes circonstances, du "marteau" que représente la puissance militaire américaine.

"La stratégie consistant à envahir tous les pays où sont implantés des réseaux terroristes est naïve et intenable", avait-il lancé, conscient que cette théorie serait mise à l'épreuve rapidement au Moyen-Orient.

Au-delà de la supériorité américaine dans les airs, le président américain veut renforcer le soutien aux partenaires locaux dans la lutte contre le terrorisme, à l'image de la stratégie mise en place en Somalie pour faire face aux insurgés shebab où Washington fournit une assistance financière et logistique aux troupes de l'Union africaine (UA).

Il a gardé cette approche dans l'offensive lancée début août en Irak, deux ans et demi après le retrait des troupes américaines de ce pays. Les frappes effectuées depuis près de trois semaines dans le nord du pays ont permis d'éviter le massacre de milliers de Yazidis coincés sur le mont Sinjar. Elles ont aussi permis à l'armée irakienne et aux forces kurdes de reconquérir le barrage de Mossoul.

Mais certains s'interrogent sur l'efficacité d'une telle stratégie si la Maison Blanche, comme elle le laisse entendre depuis plusieurs jours, décide de passer à la vitesse supérieure et de porter le combat contre les jihadistes en Syrie.

L'exécutif américain répète inlassablement que l'option militaire ne peut être l'unique réponse.

"Beaucoup de gens ont le sentiment que l'outil le plus puissant et le plus efficace à la disposition du président est l'action militaire", explique Josh Earnest, porte-parole de M. Obama. "Mais ce que nous avons appris de façon douloureuse au cours de la décennie écoulée est qu'une opération militaire menée par les Etats-Unis n'offrait pas de solution durable".

L'avancée fulgurante des jihadistes en Irak depuis début juin a cependant montré les limites de la stratégie consistant à s'appuyer sur des partenaires locaux: les forces irakiennes, dans lesquelles Washington a investi des milliards de dollars, se sont écroulées en quelques jours.

Et, en dépit du départ très attendu du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, la formation d'un gouvernement d'unité à Bagdad est encore loin d'être une réalité.

En Syrie, la situation est encore plus compliquée: les rebelles modérés sont en position de faiblesse, et le seul allié potentiel de poids dans la lutte contre l'EI est Bachar al-Assad, une hypothèse rejetée avec force par Washington.

L'exemple de la Libye, qui sombre dans le chaos, n'est pas non plus particulièrement encourageant pour l'administration américaine.

"Il y a toujours, à Washington et au sein de l'administration Obama, des gens qui considèrent que, d'une manière ou d'une autre, la puissance militaire américaine peut stabiliser une zone qu'elle a contribué à déstabiliser", explique Andrew Bacevich, professeur de relations internationales à l'université de Boston. "Je suis sceptique face à ce type de raisonnement".

Pour autant, l'idée d'une offensive plus vaste face aux jihadistes fait son chemin. Pour le général Martin Dempsey, plus haut gradé américain, les jihadistes peuvent être "défaits", à condition de les poursuivre également en Syrie et non pas uniquement en Irak.

"Il est impossible de contenir l'EI, il faut le vaincre", estime le sénateur républicain John McCain, qui réclame des frappes en Syrie depuis plusieurs semaines.

Certains analystes estiment que, pour l'emporter face à un groupe qui n'a "pas sa place au XXIe siècle", selon les termes du président américain, Washington pourrait être contraint d'assouplir sa position vis-à-vis de Damas.

"Le gouvernement Assad est peut-être terrible, mais c'est un moindre mal par rapport à l'EI", estimait, dans le Financial Times, Richard Haass, président du Council on Foreign Relations,

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