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Sur le qui-vive, le Pakistan cherche une sortie à sa crise politique

Sur le qui-vive, le Pakistan cherche une sortie à sa crise politique

La capitale pakistanaise était sur le qui-vive mardi avec la menace de l'opposant Imran Khan de marcher avec ses partisans sur la "zone rouge", siège du gouvernement, dans un coup de poker pour chasser du pouvoir le Premier ministre Nawaz Sharif.

Ex-star du cricket au look de playboy rebelle, le chef du Parti de la justice (PTI) Imran Khan multiplie les coups d'éclat depuis une semaine dans une sorte de crescendo pour devenir calife à la place du calife.

Et cette ascension pourrait bien culminer mardi. Après avoir réuni avec le religieux Tahir ul-Qadri des milliers de partisans pour un sit-in dans la capitale, appelé à la désobéissance civile, annoncé la démission en bloc de ses députés au Parlement, Imran Khan a proposé de "marcher" mardi dans la "zone rouge" d'Islamabad.

Ce secteur hyper-sécurisé, quadrillé par une armada de policiers et de paramilitaires, abrite à la fois le Parlement, la résidence du Premier ministre, et les grandes ambassades, dont celles de France, du Royaume-Uni et des Etats-Unis.

Tahir ul-Qadri, qui avait donné jusqu'à mardi au gouvernement pour démissionner, doit réunir ses fidèles en fin de journée pour une "assemblée populaire" qui déterminera la marche à suivre.

Imran Khan, lui, a promis de franchir en soirée le périmètre qui boucle la "zone rouge". "C'est un moment déterminant pour le Pakistan", a-t-il encore écrit mardi sur son compte Twitter en appelant à une marche "non-violente".

"Si vous ne protégez pas les institutions de l'Etat, l'histoire ne vous pardonne pas. Ce parlement n'appartient pas à un parti, mais aux 180 millions d'habitants du pays", a répondu le ministre du Développement Ahsan Iqbal, appelant MM. Khan et Qadri à "négocier".

Le gouvernement a formé deux comités incluant des membres de différents partis pour entamer des discussions avec Imran Khan et Tahir ul-Qadri qui continuent toutefois leur "révolution" pour éjecter le Premier ministre Nawaz Sharif.

Les deux opposants accusent M. Sharif d'avoir bénéficié de fraudes massives lors des législatives de mai 2013 l'ayant porté à la tête d'un gouvernement majoritaire, même si le scrutin a été validé par des observateurs internationaux.

La délégation de l'Union européenne à Islamabad a elle soutenu ces négociations en affirmant que la Constitution "offrait le cadre légitime pour un dialogue afin de sortir de l'impasse actuelle".

Les opposants Khan et Qadri tentent-ils de faire monter les enchères en vue de négociations ou bien sont-ils prisonniers d'un "jusqu'au boutisme" qui risque de culminer dans des affrontements au coeur même de la capitale?

Voire, sont-ils téléguidés par l'armée, ou une partie des services de renseignement, pour faire pression sur le Premier ministre Sharif dans un pays à l'histoire jalonnée de coups d'Etat où l'équilibre entre civils et militaire demeure fragile?

Chose certaine, leur mayonnaise révolutionnaire n'a pas prise comme souhaité.

Les deux hommes avaient promis un million de manifestants pour leur sit-in, mais mardi ils n'étaient que quelques milliers, quoique très remontés, encore réunis dans le coeur de la capitale.

Et l'appel à la désobéissance civile semble avoir isolé M. Khan, la classe politique, y compris les autres formations d'opposition, ayant dénoncé cette stratégie aussi fustigée par la communauté d'affaires.

La marche sur la "zone rouge", n'est qu'un "acte de désespoir, cela ne va pas accroître la pression sur le gouvernement qui a déjà survécu au sit-in", pense l'analyste Rahimullah Yusufzai.

Mais en pénétrant dans cette zone sécurisée avec ses milliers de partisans, Khan risque de provoquer la police qui devra réagir avec doigté pour éviter de donner des "martyrs" à sa cause, souligne une source diplomatique occidentale.

Après tout, Imran Khan souhaite peut-être sa propre arrestation "devant les caméras" et des heurts diffusés en direct à la télévision pour terminer ce sit-in "sur ce qu'il considère une note positive", s'interroge le quotidien Dawn.

"Nous attendons le signal d'Imran", assure de son côté Habibullah Nawaz, un ingénieur en informatique de 30 ans qui campe avec des milliers d'autres manifestants pro-Khan dans le centre d'Islamabad.

"S'il nous demande de marcher sur le parlement, nous le ferons, même s'il y a un risque de violences, ou de morts. Nous n'avons pas peur".

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