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Services de garde : Québec élimine l'allocation pour les milieux défavorisés

Services de garde: L'allocation pour les milieux défavorisés éliminée
Justin Lambert via Getty Images

Nouveau symptôme des dilemmes financiers auxquels est confronté le gouvernement Couillard : l'allocation spéciale dédiée aux services de garde en milieu défavorisé sera éliminée dès cette année.

Un texte de Davide Gentile

Cette allocation, instaurée en 2006, permettait d'appuyer des garderies en milieu familial qui oeuvrent dans des milieux pauvres. L'Association québécoise des CPE (AQCPE) estime que la décision aura un impact sur les familles défavorisées. Pour la présidente Gina Gasparini, les enfants qui seront touchés viennent de familles qui bénéficient de l'aide sociale et qui ont peu de ressources.

Même son de cloche au Conseil québécois des services de garde éducatifs à l'enfance. La directrice générale Francine Lessard estime qu'il est assez cocasse de voir que « d'un côté on investit dans des maternelles 4 ans, alors que parallèlement on élimine une subvention aux garderies qui appuyaient justement la clientèle issue de milieux défavorisés ».

Embauche de spécialistes

Les quelque 4 millions de dollars réservés aux garderies en milieu défavorisé servaient, notamment, à l'embauche de spécialistes comme des orthophonistes et des psychoéducatrices. Comme l'explique Gina Gasparini de l'AQCPE, ces derniers observent les enfants qui ont différents problèmes avant d'établir un plan d'intervention.

Grâce à ces fonds, on a loué dans certains cas des locaux où les bambins de plusieurs petites garderies pouvaient faire de l'exercice ou d'autres activités plus pointues. « Ça va avoir un impact, c'était un service direct aux enfants », estime Gina Gasparini.

L'élimination de l'allocation pour milieux défavorisés contribue à assombrir l'ambiance dans le milieu. Surtout, affirme la présidente de l'AQCPE, « que cette nouvelle coupe s'ajoute aux compressions de 70 millions de dollars qu'on a subies depuis un an ». Une impression partagée par plusieurs sources consultées par Radio-Canada.

L'heure des choix

La ministre n'a pas voulu donner d'entrevue au sujet de ce programme lancé en 2006. Mais, à son cabinet, on estime que les objectifs ont été atteints. Un « plan de compétence » pour les responsables de service de garde et les conseillers pédagogiques a été instauré. On aurait aussi perfectionné la formation du personnel des bureaux coordonnateurs et amélioré les mécanismes de suivis.

Le cabinet de la ministre souligne aussi que dans le contexte budgétaire actuel, il faut faire des choix. Les bureaux coordonnateurs, qui géraient l'allocation pour les milieux défavorisés, disposent de surplus d'environ 30 millions de dollars. Mais comme l'indique une source proche du dossier, « on ne sait pas si les surplus sont aussi importants dans les milieux défavorisés ».

Mais, à son cabinet, on estime que les objectifs ont été atteints et que dans le contexte budgétaire actuel il faut faire des choix. Le gouvernement rappelle que les bureaux coordonnateurs qui géraient l'allocation pour le milieu défavorisé disposent de surplus d'environ 30 millions de dollars.

Le gouvernement a annoncé plusieurs mesures pour limiter les dépenses dans le réseau des services de garde depuis quelques mois. D'abord, il y a l'étalement de la création des 30 000 places annoncées jusqu'en 2020-2021, au lieu de 2015-2016 comme promis par le gouvernement Marois. Le ministère mène aussi un processus « d'optimisation » pour réaffecter des places qui ne sont pas occupées dans le réseau. Les CPE doivent aussi remettre une partie des « surplus » cumulés, une somme qui dépassait les 200 millions de dollars l'an passé.

Une source bien au fait des dossiers a résumé l'état d'esprit dans le réseau en disant « qu'on s'attend à manger une grosse volée cette année ».

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