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Le temps presse pour les déplacés en Irak assiégés par les jihadistes

Le temps presse pour les déplacés en Irak assiégés par les jihadistes

Le temps pressait mercredi pour des milliers de déplacés pris au piège par les jihadistes dans le nord de l'Irak, les Etats-Unis évaluant les options en vue de leur évacuation et l'ONU mettant en garde contre un "génocide potentiel".

Les Etats-Unis ont poursuivi leurs frappes aériennes contre les positions des jihadistes de l'Etat islamique (EI) dans la région des monts Sinjar, où de 20.000 à 30.000 personnes, en majorité de la minorité kurdophone et non musulmane des Yazidis, sont bloquées sans eau sans nourriture et sans abri, selon le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).

Des milliers d'autres, la plupart totalement démunis, ont afflué en traversant un pont dans la région autonome relativement calme du Kurdistan mercredi après avoir fui via la Syrie.

Les femmes portaient leurs enfants exténués et en pleurs à leur arrivée. Mais un grand nombre de réfugiés restent bloqués dans les montagnes de Sinjar, selon Mahmoud Bakr, 45 ans.

"La plupart sont des vieillards, ils ne peuvent pas marcher sur une telle distance", a-t-il dit à l'AFP. "Mon père a 70 ans, il ne peut pas faire le déplacement et dans les montagnes il y a peu de nourriture et pas de médicaments".

Mardi, l'experte de l'ONU sur la question des minorités, Rita Izsak, a appelé la communauté internationale à "empêcher une atrocité et un génocide potentiel dans les heures et les jours à venir".

Des centaines de milliers de personnes ont été jetées sur les routes par l'offensive fulgurante de l'EI qui se sont emparés depuis le 9 juin de pans entiers du territoire au nord, à l'ouest et à l'est de Bagdad, sans véritable résistance des forces armées irakiennes.

Depuis une dizaine des jours, les jihadistes ont avancé vers le Kurdistan chassant au passage des dizaines de milliers de membres des minorités chrétienne et Yazidi de leurs villes, à Sinjar et Qaraqosh notamment tombées aux mains de l'EI.

"Nous allons faire une évaluation rapide et critique car il est urgent d'essayer de faire sortir ces gens des montagnes" de Sinjar, a dit le secrétaire d'Etat John Kerry alors que parallèlement Etats-Unis poursuivent leurs raids aériens sur les positions insurgées dans le Nord.

Washington a en outre envoyé 130 conseillers militaires supplémentaires, arrivés mardi à Erbil, la capitale du Kurdistan, pour évaluer "plus en profondeur" les besoins des Yazidis. Ils n'ont pas vocation à combattre et viennent en renfort des quelque 300 conseillers déjà sur le terrain pour épauler le gouvernement dans sa lutte contre l'EI.

Jusqu'à 35.000 déplacés ont réussi à se réfugier ces dernières 72 heures à Dohuk, dans le Kurdistan, en passant par la Syrie, selon le HCR. Ils sont épuisés et déshydratés.

Des largages humanitaires américain et britannique ont été effectués ces derniers jours dans les montagnes de Sinjar, alors que Paris a envoyé de l'aide et que l'Australie va participer aux largages.

Mardi, la députée yazidie Vian Dakhil et deux journalistes ont été blessés dans le crash d'un hélicoptère irakien transportant des déplacés et de l'aide dans les monts Sinjar.

Parallèlement aux aides humanitaires, les Etats-Unis, impliqués pour la première fois militairement en Irak depuis le retrait de leurs troupes fin 2011, mènent quotidiennement depuis vendredi des frappes aériennes sur les positions jihadistes.

L'objectif est de protéger le personnel américain à Erbil et éviter un éventuel "génocide" selon le président Barack Obama, alors que l'EI est accusé de persécution des minorités, d'exécutions sommaires et de viols, des exactions qui peuvent constituer "des crimes contre l'Humanité" selon l'ONU.

Les Etats-Unis ont en outre transféré des armes aux combattants kurdes alors que Londres a annoncé qu'elle leur acheminerait du "matériel militaire d'autres Etats contributeurs" sans préciser lesquels. Paris et Rome ont plaidé pour une réunion ministérielle d'urgence de l'Union européenne pour parler de la livraison éventuelle d'armements aux Kurdes.

Dans le même temps, le Premier ministre désigné d'Irak Haïdar al-Abadi, qui a obtenu un soutien massif de la communauté internationale, s'employait à former un gouvernement d'unité appelé à rassembler toutes les communautés afin de sortir le pays de longs mois de chaos sécuritaire et politique.

Washington a exhorté M. Abadi, qui a en principe jusqu'au 10 septembre pour nommer ses ministres, à élargir son gouvernement à toutes les forces politiques dans un pays déchiré par les divisions confessionnelles.

Avec cette nomination, l'Irak se préparait à tourner la page du très contesté Nouri al-Maliki, le Premier ministre sortant qui briguait un 3e mandat et a contesté sa mise à l'écart.

M. Maliki cherche à s'agripper à son poste après huit ans au pouvoir mais il se retrouve isolé, ses détracteurs comme ses anciens alliés imputant le chaos dans le pays à sa politique d'exclusion des sunnites et à son autoritarisme.

C'est cette marginalisation de la minorité sunnite dans un pays majoritairement chiite qui a alimenté l'offensive des jihadistes sunnites, accusent-ils. Selon une règle non écrite en Irak, le poste de Premier ministre, la plus haute charge du pays, revient à un chiite.

bur-tp/sw

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