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Irak: des militaires américains doivent se rendre sur les monts Sinjar

Irak: des militaires américains doivent se rendre sur les monts Sinjar

Des militaires américains doivent se rendre sur les monts Sinjar, dans le nord de l'Irak, selon une source kurde, alors que des milliers de Yazidis chassés par les jihadistes y étaient toujours coincés mercredi dans des conditions dramatiques.

Dans ce contexte de profonde crise humanitaire, le Premier ministre sortant Nouri al-Maliki, furieux de la nomination d'un successeur, a affirmé qu'il ne quitterait pas le pouvoir avant une décision de la Cour fédérale, qu'il a saisie.

Entre 20.000 à 30.000 personnes, en majorité de la minorité kurdophone et non musulmane des Yazidis, sont bloquées sans eau, sans nourriture et sans abri dans la région montagneuse désertique de Sinjar, selon le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés.

Dans la soirée, un porte-parole des forces armées kurdes a indiqué que des conseillers militaires américains devaient se rendre dans cette région pour étudier les moyens d'y évacuer les civils.

Quelque 130 conseillers militaires sont arrivés à Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan, et "certains d'entre eux devaient se rendre au mont Sinjar pour y évaluer la situation", a déclaré à l'AFP Halgord Hekmat, sans préciser si ces hommes étaient déjà partis vers cette région.

Impliqués pour la première fois militairement en Irak depuis le retrait de leurs troupes fin 2011, les Etats-Unis mènent depuis vendredi des frappes dans cette région sur les positions des jihadistes de l'Etat islamique (EI), accusés de persécuter les minorités, de mener des exécutions sommaires et des viols. Un drone a encore détruit mercredi un véhicule armé des jihadistes près de Sinjar, selon le commandement militaire américain.

Des centaines de milliers de personnes ont été jetées sur les routes par l'offensive fulgurante de l'EI qui s'est emparé depuis le 9 juin de pans entiers du territoire au nord, à l'ouest et à l'est de Bagdad.

Depuis une dizaine de jours, les jihadistes ont avancé vers le Kurdistan autonome chassant des dizaines de milliers de membres des minorités chrétienne et Yazidi de leurs villes, à Sinjar et Qaraqosh notamment, tombées aux mains de l'EI. Les forces kurdes dépassées tentaient non sans grande peine de les freiner.

Des milliers de déplacés continuaient d'affluer mercredi à Dohuk, au Kurdistan, après avoir fui via la Syrie.

L'un d'eux, Mahmoud Bakr, 45 ans, raconte avoir laissé son père avec de nombreux déplacés dans les montagnes. "La plupart sont des vieillards, ils ne peuvent pas marcher sur une telle distance".

Pour l'experte de l'ONU sur la question des minorités, Rita Izsak, une action internationale urgente s'impose pour empêcher un "génocide potentiel".

Dans le camp de Bajid Kandala au Kurdistan, qui accueille des milliers de Yazidis, des dizaines de déplacés réclamaient plus d'aide, comme Nasser, 30 ans: "Nous n'avons pas de pain, très peu d'eau".

Des largages humanitaires américain et britannique ont été effectués ces derniers jours sur les montagnes de Sinjar, Paris a envoyé de l'aide et l'Australie va participer aux largages.

Parallèlement à l'aide humanitaire, les Occidentaux ont décidé d'envoyer des armes aux forces kurdes.

Après les Etats-Unis, la France a annoncé qu'elle leur livrerait des "armes sophistiquées" dans les prochaines heures, et Londres a dit qu'elle acheminerait celles de pays tiers.

L'Allemagne quant à elle envisage la fourniture de moyens militaires non létaux aux autorités régionales kurdes.

L'Union européenne a décidé d'une réunion d'urgence à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères vendredi.

Le pape François a demandé à l'ONU de "tout faire" pour mettre un terme aux violences contre les minorités religieuses.

Sur le plan politique, le Premier ministre désigné Haïdar al-Abadi, qui a obtenu un soutien international massif, s'employait à former un gouvernement d'union appelé à rassembler toutes les forces politiques dans un pays miné par les divisions. Il a jusqu'au 9 ou 10 septembre pour le faire.

Mais M. Maliki, même s'il a été lâché par ses alliés iranien et américain et des membres de son bloc chiite, a affirmé lors d'une allocution télévisée qu'il maintiendrait son gouvernement en attendant la décision de la cour fédérale.

Il ne cesse de répéter qu'il a la légitimité pour un 3e mandat, après l'arrivée en tête de sa coalition aux législatives d'avril. Mais ses détracteurs imputent le chaos dans le pays à sa politique d'exclusion des sunnites et son autoritarisme pendant ses huit années au pouvoir.

C'est cette marginalisation de la minorité sunnite dans un pays majoritairement chiite qui a favorisé selon eux l'offensive des jihadistes sunnites.

La Maison Blanche a appelé M. Maliki à céder la place pour permettre à son successeur de "rassembler le pays", alors que Le Conseil de sécurité de l'ONU a exhorté M. Abadi à former rapidement un gouvernement capable de contrer l'offensive des jihadistes.

Le grand ayatollah Ali Al-Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d'Irak, avait appelé dès juillet au départ de M. Maliki et à son remplacement par une figure consensuelle, selon une lettre publiée mercredi.

M. Abadi, membre du parti Dawa de M. Maliki, a été nommé lundi par le président Massoum au poste de Premier ministre.

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