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Bras de fer entre Kiev et Moscou autour du convoi humanitaire russe

Bras de fer entre Kiev et Moscou autour du convoi humanitaire russe

Un convoi humanitaire russe de près de 300 camions était toujours bloqué dans la nuit de mercredi à jeudi dans le sud de la Russie en raison d'un bras de fer entre Moscou et Kiev sur les modalités de la distribution de l'aide sur le sol ukrainien.

L'Ukraine, comme de nombreux pays occidentaux, soupçonne que ce convoi parti mardi matin d'une base militaire des environs de Moscou ne serve de couverture à une éventuelle intervention russe en Ukraine. Un scenario qualifié "d'absurde" par le ministère russe des Affaires étrangères.

Kiev et l'Occident accusent la Russie d'approvisionner en armes les séparatistes depuis le début du conflit, ce que Moscou dément.

Le président français François Hollande a estimé mercredi "que des interrogations subsistaient sur le cadre dans lequel se plaçait le convoi humanitaire envoyé par la Russie en direction de l'Ukraine".

M. Hollande a rappelé "qu'une opération humanitaire sur le territoire ukrainien ne pouvait être menée qu'en plein accord avec les autorités nationales ukrainiennes. Le cadre devrait en être multilatéral et sous l'égide du Comité international de la Croix Rouge".

Le convoi, chargé selon Moscou de plus de 1.800 tonnes d'aliments, de médicaments et de générateurs, était stationné mercredi soir sur un aérodrome militaire de Voronej, à 300 km de la frontière ukrainienne, a constaté un photographe de l'AFP sur place, ce qui signifie qu'il n'a quasiment pas progressé depuis 24 heures.

Les autorités ukrainiennes exigeaient que la cargaison soit déchargée au poste frontière le plus proche, voisin de la région de Kharkiv (nord est de l'Ukraine), puis rechargée dans d'autres camions confiés à la Croix Rouge, ce que la Russie a refusé selon Kiev.

L'Ukraine a proposé en soirée une autre solution. "L'aide pour Lougansk passe par un poste-frontière proche de cette ville, les douaniers, gardes-frontières ukrainiens et représentants de l'OSCE inspectent la cargaison à la frontière russo-ukrainienne. La mission roule ensuite par le territoire contrôlé par les rebelles. Arrivée à Lougansk, l'aide est distribuée aux civils par la Croix-Rouge", a indiqué le porte-parole de la présidence ukrainienne Sviatoslav Tsegolko.

Au cours d'une conversation téléphonique avec le président ukrainien mercredi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a proposé pour sa part que l'ONU se joigne au Comité international de la Croix-Rouge pour coordonner la mission humanitaire pour Lougansk, toujours selon Kiev.

Lougansk est, avec Donetsk, un des deux derniers bastions des séparatistes prorusses, qui ont été contraints à des reculs importants face à une offensive ukrainienne d'ampleur depuis plus d'un mois.

A Lougansk, qui comptait 500.000 habitants avant les hostilités, les autorités dénoncent une situation "critique" alors que la ville n'a plus d'électricité ni d'eau courante depuis onze jours.

Le porte-parole militaire Andriï Lyssenko a indiqué mercredi qu'une opération y était en cours pour reprendre la ville aux insurgés, sans donner plus de précisions.

Mais c'est à Donestk que l'armée ukrainienne mène depuis plus d'un mois sa principale offensive avec pour but d'isoler cette ville d'un million d'habitants avant les combats. Le pilonnage d'artillerie ukrainienne paraît avoir considérablement affaibli les positions séparatistes, au prix de nombreuses victimes civiles.

Douze membres du mouvement ultranationaliste Pravy Sektor, qui combattent aux côtés des forces ukrainiennes, ont par ailleurs été tués mercredi dans une embuscade à Donetsk, selon les porte-parole du mouvement. L'armée ukrainienne a annoncé 11 morts en 24 heures.

Le président russe Vladimir Poutine est pour sa part arrivé mercredi en Crimée, péninsule ukrainienne rattachée en mars à la Russie, pour présider une réunion de son Conseil national de sécurité qui devrait évoquer notamment la situation en Ukraine.

Il devait ensuite s'exprimer jeudi, toujours en Crimée, devant des députés russes.

Le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a estimé mercredi que les ambitions de la Russie du président Vladimir Poutine allaient "au-delà de l'Ukraine", citant d'autres régions proches des frontières russes.

"On voit aussi la Russie derrière les conflits gelés et de longue durée en Transdniestrie, dans l'est de la Moldavie, et en Abkhazie et en Ossétie du Sud, en Géorgie", a-t-il déclaré.

Signe de l'intensification du conflit en Ukraine, le nombre de victimes dans l'Est de l'Ukraine a doublé depuis le précédent bilan établi il y a quinze jours, qui était alors de 1.129 morts, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme.

Le nombre de morts atteint désormais 2.086, et celui des blessés 4.953, dont au moins 30 enfants. Ce bilan tient compte des victimes au sein des forces armées, des groupes armés et parmi la population civile.

Encore ces nouveaux chiffres sont-ils qualifiés "d'estimation très prudente" par l'ONU au vu d'une situation qui se dégrade rapidement pour la population, et en raison des difficultés de communication dues aux combats.

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