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Lauren Bacall, "regard" inoubliable et femme fatale ultime

Lauren Bacall, "regard" inoubliable et femme fatale ultime

Un regard bleu glacé à faire baisser les yeux, une voix rauque à faire trembler, une moue boudeuse. La blonde Lauren Bacall, décédée mardi à 89 ans, incarnait la femme fatale hollywoodienne par excellence.

Celle qui était surnommée "The Look", avait captivé le grand public dès son premier rôle dans "Le port de l'angoisse", de Howard Hawks. Elle avait attribué ce regard par en-dessous au trac: "Je tremblais tellement de nervosité que la seule manière de tenir ma tête stable était de baisser mon menton pratiquement jusqu'à ma poitrine et de lever les yeux".

Née le 16 septembre 1924 à New York, Betty Joan Perske de son vrai nom est la fille unique d'immigrants juifs roumano-polonais, de la famille de l'ancien président israélien Shimon Peres.

Lorsqu'elle a six ans, ses parents divorcent et elle vit avec sa mère, secrétaire, qui "par son immense amour pour moi, m'a persuadée que je pouvais conquérir le monde".

Avec sa silhouette longiligne, sa chevelure crantée et sa classe folle, elle a d'abord conquis l'univers du papier glacé, faisant même la couverture du prestigieux magazine de mode Harper's Bazaar en 1943.

C'est grâce à cette photo qu'elle a été remarquée par la femme du cinéaste Howard Hawks, lequel lui offre ensuite à 19 ans de partager l'affiche du "Port de l'angoisse" avec celui qui était déjà une star confirmée: Humphrey Bogart, 44 ans.

Lors d'une scène culte, elle lui intime: "Vous n'avez pas à jouer avec moi, Steve. (...) Si vous avez besoin de moi, vous n'avez qu'à siffler. Vous savez siffler, Steve ? Vous rapprochez vos lèvres comme ça, et vous soufflez".

Dans le même film, elle chantait d'une voix grave dans un long fourreau noir "How little we know" devant un Bogart sourire aux lèvres, le vampe en allumant une cigarette... Ce fut le coup de foudre.

Ils se marièrent et incarnèrent l'un des couples de cinéma les plus mythiques et le glamour hollywoodien à son summum jusqu'à la mort de Bogart en 1957. Ils se sont encore retrouvés à l'écran grâce à Howard Hawks dans "Le grand sommeil", puis dans "Les passagers de la nuit" de Delmer Daves, et "Key Largo" de John Huston.

Le couple a eu deux enfants, Bacall parlant plus tard d'avoir à l'époque fait passer la carrière de son époux avant la sienne. "Vous faites des choix dans la vie". Elle a eu un troisième enfant avec son second époux, Jason Robards, dont elle s'est séparée en 1969.

Parmi ses autres grands rôles, Bacall avait notamment rivalisé de sex-appeal avec l'autre ultime "Blonde", Marilyn Monroe, dans "Comment épouser un millionnaire" (1953).

Sa carrière s'est poursuivie sur soixante ans, la menant sur les plateaux de réalisateurs aussi variés que Sidney Lumet ("Le crime de l'Orient Express", 1974), Robert Altman ("Prêt-à-porter", 1994) ou Lars Von Trier ("Dogville", 2003 et "Manderlay" en 2005).

En 2006, elle apparaissait encore dans la série culte "Les soprano", elle a de nombreuses fois foulé les planches de Broadway et d'ailleurs, jouant notamment dans "Doux oiseau de jeunesse" de Tennessee Williams.

Au-delà du grand écran, Bacall s'est faite connaître par l'activisme politique qu'elle partageait avec Bogart. Elle avait participé à ses côtés au "Comité pour le Premier amendement" pour protester contre le McCarthysme et la mise à l'écart des cinéastes soupçonnés de communisme, notamment les "Dix de Hollywood" ("Hollywood Ten"). Elle se revendiquait férocement démocrate, libérale, et même "anti-républicaine".

Connue pour son esprit acerbe, certaines de ses répliques à la ville sont restées aussi célèbres que celles à l'écran: "Nous vivons dans un âge de médiocrité", "trouvez-moi un homme assez intéressant pour que je dîne avec lui et je serai heureuse", "une femme n'est pas complète sans un homme. Mais où trouvez-vous un homme, un vrai, ces jours-ci?".

Celle qui n'a jamais décroché d'Oscar, à part celui qui honore l'ensemble de sa carrière en 2009, refusait d'être une légende, et voulait rester dans le présent. "Je ne suis pas une +has-been+, je suis une +qui-sera+".

ved/are

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