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Heavy Montréal : Bad Religion, Twisted Sister, Lamb of God et Slayer

Heavy Montréal : Slayer clôt le week-end en beauté

C’est sur la scène de Heavy Montréal que le sextet punk rock californien Bad Religion a tenté de réveiller la foule encore sous le choc de la veille. Était-ce la chaleur, la fatigue, le trop-plein d’émotions d’avoir vu Metallica samedi soir? Possiblement une combinaison de tout cela, mais le public était définitivement plus statique que le jour précédent.

Mis à part les quelques rangées devant, la foule dispersée sous le soleil et la chaleur accablante écoutait attentivement, mais passivement Greg Graffin et sa bande. Le groupe a joué une bonne partie de son répertoire des trente dernières années, leurs chansons à saveur de critique sociale et politique étant courtes et expéditives.

Graffin, frôlant la cinquantaine avec sa tête chauve, les cheveux blancs et ses lunettes n'a pas laissé pas allure miner son énergie, malgré qu’il semblait par moments un peu exaspéré de la foule paresseuse.

Bad Religion a quand même défilé près d’une vingtaine de ses chansons en une heure. De « Atomic Garden », « Best For You », « Do What You Want », « Sorrow » et « You are the Government », en passant par des plus récentes comme « F*ck You » et « True North » tirées de son dernier album du même titre paru en 2013, personne n’a été laissé en reste.

La groupe a terminé sa prestation avec l’excellente « Infected », qui a enfin fait lever la foule un peu, « Punk Rock Song » et l’incontournable et très attendue « American Jesus » au grand bonheur de tous. Pendant cette dernière, Graffin a modifié légèrement les paroles sarcastiques d’un couplet pour : « I feel sorry for the Earth’s population, ‘cause so few are Quebecois! » au lieu de « …live in the USA ». (Traduction : « Je suis désolé pour la population de la terre, car si peu vivent aux États-Unis » )

La qualité sonore était nettement améliorée à la scène Heavy Montréal par rapport à samedi, mais cela n’aura pas été suffisant pour réveiller toute la foule présente. Vraiment dommage pour un groupe aussi marquant dans l’histoire du punk rock américain.

Twisted Sister

C’est devenu une tout autre histoire lorsque le groupe métal culte des années quatre-vingt Twisted Sister est monté sur la scène Molson Canadian. Quel revirement d’énergie flagrant!

Tout comme pour The Offspring la veille, c’était jour de célébration pour le charismatique Dee Snider et ses quatre musiciens. En effet, leur album « Stay Hungry » paru en 1984 fêtait cette année ses trente ans et ils ont aussi choisi de jouer l’album en entier pour l’occasion. Deux chansons de cet album ont laissé une marque permanente dans l’histoire du rock et du métal : « We’re Not Gonna Take It » et « I Wanna Rock ». Des pièces cultes et rassembleuses

Une foule massive s’était déplacée pour pouvoir profiter de ce moment unique. La formation originaire de l’État de New York ne donnant plus souvent de spectacles depuis quelques années, c’était définitivement une chance unique à saisir. Et le public ne l'a pas raté.

La performance de Twisted Sister a sans aucun doute volé la vedette du week-end. L’énergie dégagée par Snider était contagieuse. Sa longue chevelure blonde mythique et sa grande forme malgré ses 59 ans avaient tout pour impressionner. Arborant un chandail ou il était inscrit : « Stop Taking Selfies » (arrêtez de prendre des selfies (autoportraits)), le chanteur se moquait bien de la génération de jeunes actuelles.

Le guitariste et membre fondateur du groupe Jay Jay French a d’ailleurs fait un petit discours moralisateur aux jeunes groupes rock et métal d’aujourd’hui. Il leur a bien fait comprendre que si des groupes comme Kiss, Judas Priest, Black Sabbath et bien d’autres existent encore aujourd’hui, c’est parce qu’ils ont travaillé d’arrache-pied pour y arriver et continuer de jouer de la musique pendant trente ans.

Le spectacle était digne des grands événements rock des années 80, avec des femmes aux seins nues assises sur les épaules de leur copain, brandissant fièrement leurs poitrines aux caméras, et au plus grand plaisir de la gent masculine dans la foule.

La marée de bras et de voix s’élevant à travers le parc pendant « I Wanna Rock » était ahurissante. Snider en est même demeuré bouche bée à plusieurs reprises. Le groupe a terminé avec « SMF » comme sur l’album, pendant laquelle French a donné quelques leçons à plusieurs avec son solo de guitare prodigieux.

Puis ils ont quitté la scène avec un salut et Snider a déclaré : « We still wanna rock, thank you! » (Nous voulons toujours rocker, merci!)

Lamb of God

Le groupe culte groove/trash métal Lamb of God était enfin de retour au Heavy MTL cette année. En effet, ils devaient y être en 2012, mais à la suite de l’arrestation du chanteur Randy Blythe en Europe en juin, ils ont dû annuler leur présence au festival.

Blythe avait été accusé d’être responsable de la mort d’un jeune fan de 19 ans lors d’un concert à Prague en 2010. Le jeune homme était monté sur la scène et Blythe l’aurait ensuite poussé. Lorsque l’adolescent est tombé par terre, il s’est frappé la tête et a succombé à ses blessures. Blythe a été relâché sous caution après environ 40 jours de prison et il a été déclaré moralement, mais non criminellement responsable de la mort de la victime. Le chanteur a brièvement fait allusion à cela pendant la soirée, mais il ne s’est pas éternisé sur le sujet et a seulement déclaré qu’il était bon d’être de retour enfin.

Une majeure partie de la foule qui était devant la scène Molson Canadian pour Twisted Sister se déplaçait doucement soit vers la scène Heavy adjacente pour voir Lamb of God ou sinon possiblement ailleurs pour souper avant Slayer. La zone devant la scène de gauche est restée relativement vide, se remplissant assez doucement ensuite pendant la performance sur la scène Heavy. C'était un changement assez drastique par rapport à la veille alors que tout le parc était tellement plein qu’on avait peine à y circuler dans l’heure qui a précédé l’arrivée de Metallica.

La foule dense devant la scène Heavy a par contre été l’une des plus intenses de la fin de semaine. Les mouvements de masse, les « mosh pits » et le body surfing n’ont pas cessé une minute pendant toute la prestation du quintette originaire de la Virginie. Leur performance des plus énergétique était accompagnée sur les écrans d’images la plupart du temps assez violentes et perturbantes. Démolitions de bâtiments, images de bandes dessinées obscures, guerre, explosions nucléaires, clichés religieux, batailles et manifestations violentes de rues, cercueil, morts, pendaison, sectes religieuses et la liste se poursuit. Ces images s’alternaient entre les brèves portions vidéo du spectacle, un peu dommage pour les gens plus loin dans l’audience qui n’ont pas pu voir beaucoup du groupe en action.

Sous d’incessantes vagues de body surfers, Blythe et ses comparses déchaînés ont joué plusieurs des pièces cultes du groupe. Parmi celles-ci, « Omerta », « Now You’ve Got Something to Die For », « The Undertow », « Laid to Rest », « Hourglass », « Walk With me in Hell », « Redneck » et « Ruin ».

L’album « Ashes of the Wake », sorti en 2004 et considéré comme l’un de leurs meilleurs albums, était bien représenté pendant la soirée. Celui-ci a aussi été leur album le plus vendu en carrière.

Malgré sa carrure imposante, sa chevelure détrempée et sa voix d’outre-tombe, Blythe a bien averti les gens de s’aider et de relever les gens qui pourraient tomber dans la commotion.

Pendant « Ruin », les mots « FEAR, PAIN, HATRED, POWER, RUIN » apparaissaient en grosses lettres rouges sur les écrans géants et tout le public hurlait ces mots à pleins poumons.

Que ce genre de musique soit notre tasse de thé ou non, on ne pouvait quand même pas s’empêcher d’admettre qu’ils ont un énorme talent et leurs prouesses musicales tant à la voix, qu’à la batterie, qu’aux guitares ou à la basse nous montrent qu’ils sont passés maîtres de leur art.

Slayer

Une bonne foule impressionnante s’est amassée dans le parc Jean-Drapeau et devant la scène Molson Canadian pour Slayer. Ce n’était par contre pas aussi dense et phénoménal que la veille à Metallica. Malgré tout, les fans présents étaient plus qu’heureux d’enfin voir le groupe trash métal californien.

La scène, assez simpliste, était ornée d’une immense toile de fond avec la fameuse tête de squelette portant un casque portant l'inscription «Slayer» et de quatre grandes croix à l’envers, deux suspendues de chaque côté. Les éclairages étaient plutôt monochromes tout au long de la soirée. Quatre bandes verticales de projecteurs étaient suspendues très haut en diagonale au-dessus de la scène et chaque couleur choisie pour chaque pièce donnait un ton et une ambiance totalement différente chaque fois.

Le quatuor mené par l’imposant chanteur chilien Tom Araya a commencé sa série de vingt chansons avec « Hell Awaits ». L’euphorie s’est rapidement fait sentir. Plusieurs « mosh pits » massifs se sont formés devant la scène et à travers la foule.

Araya, visiblement heureux, en a eu le sourire aux lèvres toute la soirée. On peut penser qu’on avait tout entendu en matière de métal avec Lamb of God juste avant, mais Slayer joue définitivement dans une catégorie à part. Ça surprend et ça arrache tout sur son passage. Les quatre musiciens sont de véritables virtuoses de leurs instruments et ils nous laissent souvent pantois. Gary Holt notamment, aussi guitariste du groupe Exodus aussi présent à Heavy MTL cette année, n’a cessé de nous impressionner avec ses solos de guitare fracassants. La vitesse à laquelle ses doigts s’exécutent relève possiblement du miracle. L’autre guitariste Kerry King ne laissait pas sa place non plus avec quelques solos absolument magistraux.

Et que dire de la performance de Paul Bostaph à la batterie, absolument ahurissant. C’est peu dire lorsqu’on affirme qu’il est l’un des meilleurs batteurs de son temps sur la scène métal. Araya, solide comme le roc au centre avec sa basse, s’époumone sans relâche et pourrait aussi donner quelques leçons aux jeunes chanteurs d’aujourd’hui. Du haut de ses 53 ans, avec sa longue chevelure poivre et sel et sa barbe blanche, il inspire vraiment le respect. Et le public lui rend bien.

Homme de peu de mots, il a quand même tenu à remercier son public à quelques reprises. Il a aussi présenté aussi la chanson « Die by the Sword » tirée de leur tout premier album comme étant très représentative de ce qui se passe dans le monde présentement avec les guerres de religion. Il a fait remarquer que les gens viennent ici au Canada par exemple pour avoir la liberté de religion et fuir la persécution, mais ailleurs dans le monde des gens se battent encore pour cela. Une belle façon de nous remémorer la chance que nous avons.

Slayer a puisé dans son vieux répertoire pendant la soirée et les mordus du groupe en ont eu pour leur argent. « Hate Worldwide », « War Ensemble », « Postmortem », « At Dawn They Sleep », « Seasons in the Abyss », « Born of Fire », « Dead Skin Mask » et bien sûr « Raining Blood » ont fait bien des heureux.

On en entendait plusieurs hurler que c’était la soirée de leur vie, réellement satisfaits des chansons choisies par les quatre musiciens. C’était l’euphorie complète pendant « Seasons in the Abyss », « Dead Skin Mask » et « Raining Blood ».

Malgré une fatigue apparente, la foule a continué de faire la fête avec Slayer jusqu’à la toute fin, poings en l’air. « Black Magic »,

« South of Heaven » et « Angel of Death » ont cloué le tout et tranquillement, mais sûrement, tous se sont dirigés vers le métro, manifestement repus de leur belle soirée avec Slayer et de leurs émotions fortes pendant leur week-end à Heavy MTL.

Pour lire notre critique de la première journée d’Heavy MTL, cliquez ici.

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