Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Afghanistan: une route encore longue vers l'union nationale

Afghanistan: une route encore longue vers l'union nationale

L'ambitieux accord entre Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani pour un gouvernement d'union nationale en Afghanistan, annonce une longue et périlleuse phase de négociations pour retrouver la stabilité politique une fois le nouveau président désigné.

Pour la deuxième fois en moins d'un mois, les deux candidats à la présidentielle sont apparus aux côtés du secrétaire d'Etat américain John Kerry venu jouer les intermédiaires.

Devant les caméras, au siège de la mission de l'ONU en Afghanistan (Unama) vendredi à Kaboul, ils ont annoncé avoir paraphé l'accord qui avait été négocié en juillet mais n'était pas signé.

Et sous le regard de M. Kerry, ils ont réaffirmé leur engagement à accepter les résultats du scrutin après l'audit des 8,1 millions de bulletins de vote du deuxième tour du 14 juin.

Les deux candidats se sont accordés pour terminer dans les délais l'audit commencé le 17 juillet, c'est-à-dire à temps pour le sommet de l'Otan début septembre au Pays de Galles.

Selon l'accord, une fois l'audit terminé et le nouveau président désigné, un gouvernement d'union nationale se chargera d'un vaste programme de réformes en faveur de "la paix, la stabilité, la sécurité, l'Etat de droit, la croissance économique et la fourniture de services".

En outre, un poste de "Premier ministre exécutif" devra être créé dans les deux ans, ce qui nécessitera des changements constitutionnels. D'ici là, un poste de "chef exécutif", censé revenir à l'équipe perdante, sera mis en place.

Mais dans un entretien avec l'AFP samedi, M. Abdullah a estimé que "le succès de l'accord politique dépendra de la sincérité des deux camps".

Le candidat a laissé ainsi entendre que l'application de l'accord, selon une formule de partage du pouvoir, pourrait encore créer des tensions entre les deux équipes.

Abdul Waheed Wafa, directeur du Centre afghan à l'Université de Kaboul, estime que les Afghans ont "un long chemin à faire avant d'arriver à l'union nationale".

Selon l'analyste, les détails qui ne font pas partie de l'accord signé vendredi risquent de poser de gros problèmes au futur gouvernement et de raviver les disputes entre les deux camps.

"Par exemple, l'autorité du +chef exécutif+ n'est pas claire", selon M. Wafa qui a ajouté qu'aucun accord n'était prévu sur le sujet sensible de la nomination des gouverneurs.

Par ailleurs, M. Wafa souligne que le chef exécutif sera aussi membre de l'opposition, "un autre problème qui pourrait mener à des blocages" du gouvernement, selon lui.

Et la réalisation de changements constitutionnels en deux ans est "réaliste" estime-t-il, mais nécessitera "un gouvernement capable".

De son côté, Ali Mohammad Ali, directeur adjoint du cercle de réflexion Afghan Institute for Strategic Studies (AISS) va encore plus loin que son collègue en affirmant qu'il ne voyait "pas d'avenir pour ce gouvernement d'union nationale" qui sera selon lui un "gouvernement faible".

Comme M. Wafa, il explique que la question délicate du partage de l'autorité sera un casse-tête pour le gouvernement.

Toutefois, dans le camp Ghani, l'optimisme est de mise. "La déclaration signée hier (vendredi) ouvre la voie à un avenir plus positif", a dit à l'AFP le porte-parole du candidat Faizullah Zaki.

Mais ce dernier a insisté sur le caractère "présidentiel" du système politique afghan, difficilement conciliable avec un partage du pouvoir.

M. Kerry était arrivé à Kaboul le mois dernier au plus fort des tensions entre les deux candidats. M. Abdullah s'était déclaré vainqueur, alors que selon les résultats préliminaires son adversaire bénéficiait d'une large avance d'environ un million de voix.

A quelques mois du retrait des forces de l'Otan d'Afghanistan en fin d'année, les tensions menaçaient de s'amplifier entre Tadjiks fidèles à M. Abdullah et Pachtounes qui constituent la base du soutien de M. Ghani.

De nombreux observateurs craignaient que l'insurrection toujours active menée par les talibans ne profite du flottement créé par cette crise politique pour gagner du terrain. En effet, en cet été 2014, la "saison des combats" a montré une forte activité des insurgés.

emp-us/ai

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.