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Obama autorise des frappes en Irak pour éviter un "génocide" et contrer les jihadistes

Obama autorise des frappes en Irak pour éviter un "génocide" et contrer les jihadistes

Le sort dramatique de milliers de chrétiens et Yazidis en fuite dans le nord de l'Irak a poussé le président américain Barack Obama à autoriser des frappes aériennes pour éviter un "génocide" et contrer l'avancée des jihadistes vers le Kurdistan irakien.

Les combattants de l'Etat islamique (EI) ont marqué encore des points jeudi avec la prise de la plus grande ville chrétienne d'Irak, suivi de celle du plus grand barrage du pays, à Mossoul, cité qu'ils contrôlent depuis le 10 juin.

Depuis dimanche, des dizaines de milliers de personnes ont pris la fuite dans le nord du pays face à l'avancée des jihadistes qui ne sont désormais qu'à une quarantaine de km d'Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan, allié de Washington.

Les jihadistes se sont emparés jeudi de Qaraqosh, la plus grande cité chrétienne d'Irak et d'autres zones près de Mossoul, la deuxième ville du pays.

Le patriarche chaldéen Louis Sako a fait état de 100.000 chrétiens jetés sur les routes. La plupart sont partis vers le Kurdistan.

Dimanche, les combattants de l'EI avaient déjà pris le contrôle de Sinjar, bastion de la minorité yazidie, une communauté kurdophone considérée par les jihadistes comme "adoratrice du diable", poussant à la fuite quelque 200.000 civils selon l'ONU.

Certains ont pu fuir au Kurdistan ou en Turquie, mais des milliers d'autres sont piégés dans les montagnes désertiques environnantes où ils risquent autant de mourir de faim et de soif que de se faire massacrer par les jihadistes, réputés pour leur cruauté.

Deux ans et demi après le départ du dernier soldat américain d'Irak, le président américain a annoncé jeudi soir qu'il autorisait des frappes militaires ciblées "si nécessaire pour aider les forces irakiennes qui se battent pour (...) protéger les civils pris au piège".

Pour sa première mission, l'armée de l'air américaine a parachuté des vivres et de l'eau aux civils piégés dans les montagnes.

Un habitant de Sinjar, réfugié avec sa famille dans une caverne dans la montagne, a déclaré vendredi au téléphone qu'aucune aide ne lui était encore parvenue.

"Rien n'est tombé de ce côté de la montagne. Nous avons besoin de toute l'aide possible, vivres et eau. Il y a beaucoup d'enfants ici", a-t-il souligné.

Signe de l'inquiétude internationale, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est dit jeudi "scandalisé" par le sort des Yazidis et des chrétiens, et le Haut Commissariat de l'ONU pour les droits de l'Homme a mis en garde vendredi contre "un crime contre l'humanité", appelant "à prendre toutes les mesures nécessaires" pour la protection des civils.

Le pape François, qui a lancé un appel urgent à la communauté internationale pour "protéger" les populations en fuite, a décidé d'envoyer auprès d'elles le cardinal Fernando Filoni, ancien nonce en Irak.

M. Obama a accusé l'EI de viser "la destruction systématique de la totalité (...) du peuple (yazidi), ce qui constituerait un génocide".

Il a en outre prévenu les jihadistes qu'ils seraient visés par d'éventuelles frappes aériennes s'ils tentaient de marcher sur Erbil.

"Nous allons être vigilants et prendre des mesures si (les jihadistes) menacent nos installations n'importe où en Irak, notamment le consulat (américain) à Erbil et l'ambassade à Bagdad", a déclaré le président américain.

M. Obama, instigateur du retrait américain d'Irak, a dû assurer qu'il n'allait pas "entraîner (le pays) dans une autre guerre".

L'arrivée massive de réfugiés aux portes du Kurdistan augmente la pression sur cette région, déjà à court d'argent après le blocage par Bagdad de sa part de revenus du pétrole.

Ce territoire de cinq millions d'habitants a déjà accueilli des centaines de milliers de déplacés depuis le début de l'offensive jihadiste le 9 juin.

Et la panique a commencé à gagner Erbil, jusqu'ici l'une des rares zones d'Irak en sécurité, après les récents succès des jihadistes.

Le dernier en date est la prise du barrage de Mossoul sur le fleuve Tigre jeudi soir, selon Holgard Hekmat, porte-parole des forces kurdes peshmergas qui contrôlaient jusqu'alors l'installation.

Situé à quelque 50 km au nord de la ville, le barrage fournit de l'eau et de l'électricité à la majeure partie de la région et est indispensable à l'irrigation de vastes zones de culture.

Les peshmergas, considérés comme les forces les plus efficaces d'Irak, avaient pris début juin le contrôle de plusieurs villes après la débandade de l'armée face à l'avancée des jihadistes.

Mais, à court de munitions et dispersés sur un front très étendu, ils ont dû battre en retraite face aux derniers assauts des insurgés.

Les jihadistes se sont dits déterminés lundi à étendre leur emprise sur les territoires tenus par les peshmergas, une déclaration qui a entraîné l'intervention des Kurdes de Syrie et de Turquie pour venir en aide à leurs frères.

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