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A Donetsk, la guerre sème terreur et destruction

A Donetsk, la guerre sème terreur et destruction

Tatiana sortait de sa cuisine quand une explosion a soufflé les fenêtres de son appartement : les combats font rage pour le contrôle de Donetsk, fief des insurgés de l'Est de l'Ukraine, et la population n'est pas épargnée.

"Les débris de verre se sont mis à voler, les assiettes sont tombées de la table", raconte la femme de 51 ans. "Dieu merci, je me suis abritée dans la salle de bain".

Le petit studio, décoré d'un chien empaillé et d'un portrait de la Vierge, se trouve dans le quartier Textilchik, dans les faubourgs ouest de Donetsk, ligne de front entre forces ukrainiennes et insurgés. Dans ce quartier, deux civils sont morts jeudi soir en raison de tirs d'obus, selon la mairie.

Des fenêtres donnent sur une forêt où retentissent quasi en permanence des tirs de mortier.

Les deux parties rejettent toute responsabilité des tirs d'obus de plus en plus intenses, qui ont gagné ces derniers jours le centre de Donetsk, la plus grande ville aux mains des rebelles (un million d'habitants avant les hostilités).

Kiev a reconnu poursuivre des "opérations offensives" pour "libérer" la ville.

L'ONU a reproché aussi bien aux insurgés qu'aux forces ukrainiennes d'avoir recours à des armes lourdes dans des zones habitées.

"Je doute que ce soit les combattants de la République populaire de Donetsk", estime Tatiana. "Il y a trop de gens qui les soutiennent ici pour qu'ils nous tirent dessus".

"Je ne peux pas pardonner à (Petro) Porochenko", le président ukrainien, renchérit Natalia qui dirige une association de résidents du quartier.

Tout le monde ne partage pas cet avis. Lioudmila raconte ainsi avoir vu les rebelles avec des obus, qu'ils cherchaient à cacher selon elle "pour que les gens ne sachent pas qu'ils viennent de Russie".

Cette couturière assure vouloir fuir la ville pour partir "là où c'est l'Ukraine et pas la République populaire de Donetsk, pas la République populaire de Lougansk, pas le terrorisme".

Dans l'ouest de Donetsk, les dégâts sont importants et de nombreux immeubles, maisons et écoles sont parsemés de traces de tirs. Au huitième étage d'un immeuble, un trou béant est cerné de suie. Selon les voisins, les habitants n'étaient pas là au moment de l'explosion.

Natalia, une jeune mère de famille, montre à une équipe de l'AFP un cratère et ce qui ressemble à un éclat de missile dans une aire de jeux pour enfants.

"Nous détestons rester ici, nous allons probablement partir", reconnaît Natalia. Un bruit assourdissant de bombardement l'interrompt, forçant les passants dans la rue à se réfugier à l'intérieur.

Les combats ont gagné jeudi le centre de Donetsk et touché un hôpital spécialisé dans les blessures au visage et les soins dentaires.

Les fenêtres des cinq étages ont été soufflées. Un mur a été éventré et on peut voir des fauteuils de dentistes recouverts de cendres noires.

"Avec les patients, on s'est tous mis à quatre pattes", raconte Anna Kouropatova, un infirmière.

Un jeune homme qui avait été emmené à l'hôpital avec un éclat d'obus près du coeur est mort et trois autres ont été blessés, raconte-t-elle.

Mme Kouropatova habite à Mariïnka, une ville de la périphérie de Donetsk également en proie aux combats. Après 26 ans à travailler dans cet hôpital, l'attaque de jeudi constitue la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

"Je pars pour la Russie", assure-t-elle.

am/gmo/jeb

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