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La sous-alimentation chez les enfants, une «plaie sociale», dit Lucien Bouchard, président d'honneur du Garde-Manger Pour Tous (ENTREVUE)

La sous-alimentation chez les enfants, une «plaie sociale», dit Lucien Bouchard (ENTREVUE)
Courtoisie Garder-Manger Pour Tous

Il y a quatre ans, lorsqu’il a accepté de devenir le président d’honneur de l’organisme Garde-Manger Pour Tous, qui produit et distribue 3 000 repas par jour à des enfants de milieux défavorisés, l’ancien premier ministre Lucien Bouchard a fait de la lutte contre la malnutrition et le décrochage scolaire un combat bien personnel.

Malgré le temps qui passe et les deux millions de repas qui ont été servis depuis le début de son implication au sein de l’organisme bientôt trentenaire, celui qui a dirigé le Québec de 1996 à 2001 croit que la pauvreté est une réalité qui mérite toujours l’attention des Québécois, surtout lorsque celle-ci touche à des enfants.

« Les besoins se sont actualisés, même intensifiés, tranche-t-il à l’autre bout du fil. Il y a un besoin incroyable qui est ignoré en général. Comment se peut-il que, dans une ville comme Montréal, où l’on fréquente les épiceries, où la nourriture foisonne, qu’il y ait des jeunes enfants qui ne mangent pas à leur faim ? »

Être mieux équipés pour mieux réussir

Issu d’un milieu modeste, c’est pour donner une chance égale de succès à tous les enfants et les outils nécessaires que l’ancien chef du Parti québécois a accepté de prêter main-forte au Garde-Manger. « On est tous interpellés par cela. Et moi j’ai répondu oui. Je ne pense pas faire quelque chose d’héroïque, mais j’essaie de faire ma part, de mobiliser des gens », dit Lucien Bouchard.

« On ne peut pas mettre des enfants au monde sans essayer de leur épargner les épreuves plus difficiles que nous avons eues, les limitations qui nous ont été imposées », poursuit-il.

Un combat pour tous

Même s’il est soutenu par des fonds publics et qu’il reçoit une aide financière des Commissions scolaires de Montréal (CSDM) et Maguerite-Bourgeoys (CSMB), l'organisation qui offre également un programme de retour à l’emploi éprouve depuis quelques années des difficultés financières qui l’empêchent d’accomplir l'éventail de sa mission. Un manque à gagner qui doit se traduire, selon Monsieur Bouchard, par un engagement des Québécois.

Par exemple, en 2010-2011, détaille-t-il, près de la moitié des élèves de la Commission Scolaire de Montréal avaient un besoin d’aide alimentaire alors que seulement 18% en recevaient.

« Il y a une souffrance là-dedans. Et je dirais surtout un certain sentiment de culpabilité. On ne peut lutter contre ça que par un engagement personnel », affirme le fondateur du Bloc québécois.

« Quand le gouvernement est en difficulté, il est obligé de redresser la précarité de ses finances en coupant, il faut dire le mot. On peut employer des beaux termes pour le dire – rationalisation, restructuration, tout ce que vous voulez – mais en réalité, ça se traduit par des diminutions d’allocations de ressources financières. Alors cela signifie qu’on va être encore plus interpellés, nous, les citoyens du privé », explique Monsieur Bouchard.

Aujourd’hui, à l’aube de son 30e anniversaire, l’organisme qui s’est taillé une place importante dans le paysage de Montréal est devenu un symbole fort de la lutte contre la pauvreté. « C’est d’abord une mission sociale, mais aussi une mission éducative. C’est une mission humanitaire dans le plus beau sens du terme et dans le sens le plus nécessaire », résume-t-il.

« Je ne pense pas qu’il est essentiel d’occuper des fonctions importantes pour pouvoir changer les choses. On peut tous changer quelque chose. Ne serait-ce qu’une contribution, même minime, sur le plan monétaire ou encore travailler dans les groupes de bénévoles. D’aller servir des repas. D’élargir les appuis que reçoivent le Garde-Manger et tous les autres organismes du même genre. »

Le Garde-Manger Pour Tous en chiffres:

Le Garde-Manger Pour Tous en chiffres

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