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Les victimes des inondations au Soudan se plaignent de la lenteur de l'aide

Les victimes des inondations au Soudan se plaignent de la lenteur de l'aide

Quand le ciel s'est à nouveau déchaîné sur Khartoum et ses environs dimanche, il ne restait déjà plus grand chose de la maison de Kamel Hussein.

Les briques de boues et le bois avaient déjà été emportés par les pluie torrentielles qui ont ravagé le quartier de Salha, à Omdurman, la ville jumelle de la capitale soudanaise.

Depuis le 25 juillet, trois violents orages se sont abattus sur Khartoum, et à travers le Soudan, ce sont plus de 3.000 maisons qui ont été détruites, selon les médias officiels.

Les quartiers pauvres, comme Salha, et même les plus aisés, ont été envahis par les eaux, et certains accusent le gouvernement de négligence.

Selon Kamel Hussein, l'aide a en effet mis du temps à arriver.

"Les responsables ne sont pas venus pour nous aider, mais juste pour montrer à la télévision qu'ils font leur travail. Ce n'est que de la propagande", dit-il, assis sur un lit avec ses enfants, au milieu des décombres.

Comme d'autres qui ont perdu leur maison, il a tenté de se créer un abri avec des sacs de sables et les débris qui restaient, mais cela n'a pas suffi à le protéger des pluies et des vents violents de dimanche.

Si elle attend encore l'abri d'urgence que doivent lui fournir le gouvernement ou des associations, sa famille a déjà reçu de l'huile, du riz et de la farine. "Mais en très petite quantité", précise-t-il.

Les inondations viennent s'ajouter aux multiples défis humanitaires auxquels le Soudan fait face. Avant même la saison des pluies et son cortège de destructions, près de 7 millions de personnes, soit 20% de la population, avaient besoin d'aide, selon l'ONU.

Parmi elles, les victimes des combats qui durent depuis plus d'une décennie au Darfour, les réfugiés venus au Soudan pour fuir les combats au Soudan du Sud, et les nombreuses personnes qui souffrent de malnutrition.

Des militants ont accusé le gouvernement de ne pas avoir tiré les leçons des inondations qui ont frappé la capitale en 2013, les pires en un quart de siècle.

Les conséquences des orages sont le résultat "de la corruption et de l'indifférence totale du gouvernement par rapport à la vie et à la sécurité du peuple", a posté sur Twitter "Soudan Change Now", un mouvement de la jeunesse.

Le parti d'opposition "Réforme maintenant" a demandé la suspension du gouverneur de Khartoum dénonçant son incapacité à réagir malgré les inondations répétées.

Les responsables gouvernementaux ont cependant distribué des tentes aux familles dans le besoin à Salha.

"Après six jours, on a finalement reçu de quoi nous protéger de la pluie", reconnaît Omer Haroun, en sortant de l'une des tentes blanches. "C'est mieux que rien", dit-il, s'inquiétant néanmoins de savoir s'il pourra un jour reconstruire sa maison.

"Si personne n'est prêt à nous aider, nous continuerons à vivre dans ces conditions misérables. Le gouvernement réagit très lentement", explique-t-il.

Environ une douzaine de policiers anti-émeute arpentaient dimanche les rues de Salha.

Au milieu de la boue, une autre victime, Amina Abdurrahman, prépare à manger à ses enfants. Leurs lits et une armoire ont été épargnés par les eaux. Son mari et d'autres hommes tentent de construire un abri.

"Je pense que le gouvernement s'en fiche de notre souffrance. Nous n'avons rien reçu d'eux, sauf un petit peu de nourriture. Et nous avons dû nous battre pour l'avoir, attendre des heures", explique sa femme.

Malik Bachir, l'ingénieur à la tête du bureau d'urgence hydraulique de la ville de Khartoum, a pourtant affirmé la semaine passée que "tous les organes de l'Etat font leur maximum", et le gouvernement a ordonné à ses employés de rentrer de vacances, selon l'agence officielle SUNA.

Dimanche, les autorités ont appelé les riverains du Nil à la vigilance en raison des risques de crue du fleuve.

"Le problème", dit Kamel, "c'est que ce n'est que le début de la saison des pluies".

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