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Ukraine : la recherche pénible et risquée des restes des victimes du vol MH17

Ukraine : la recherche pénible et risquée des restes des victimes du vol MH17

Au loin, les explosions retentissent presque continuellement pendant que les experts s'activent dans un champ, sous la surveillance de rebelles armés. Dans l'est de l'Ukraine, un travail de fourmi risqué et pénible est en cours : la recherche des restes des victimes du crash de l'avion malaisien.

De retour du site, où ils cherchaient des débris du fuselage, sur la zone principale déjà identifiée, quatre inspecteurs reconnaissent avoir renoncé à poursuivre leurs recherches, les tirs d'artillerie se faisant de plus en plus menaçants.

"L'impact des tirs d'artillerie était très bruyant et le sol tremblait", explique à la presse Alexander Hug, chef adjoint de la mission en Ukraine de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, qui encadre les experts.

Au coeur du site, là où environ 70 experts sont au travail, les explosions semblent moins menaçantes, mais se font entendre régulièrement à proximité des lieux, où les deux parties se sont engagées à un cessez-le-feu.

"Les Ukrainiens tirent sur la population pacifique. C'est sûr à 100% que ce sont les Ukrainiens qui ont abattu l'avion", lance Sergueï, un mineur retraité qui a rejoint la rébellion.

Depuis la zone arborée où les journalistes sont maintenus à distance par des séparatistes armés, on aperçoit les silhouettes en uniformes de la police en train d'évoluer dans un champ sous un soleil de plomb, autour d'un élevage de volailles. Régulièrement, l'un d'eux se penche, ramasse un objet, aussitôt soigneusement placé dans un sac. La police scientifique prend des photographies.

Plus de deux semaines après la chute du Boeing 777 de Malaysia Airlines, abattu par un missile le 17 juillet avec 298 personnes à bord, la terre est toujours jonchée de débris : une aile de l'appareil, des morceaux de fuselage, des sièges, des chaussures, des magazines. A travers cet enchevêtrement, un chien renifleur progresse, la truffe vers le sol.

"Nous avons deux chiens néerlandais et deux autres doivent venir de Belgique dans les jours à venir", a expliqué à la presse sur le site Dennis Muller, porte-parole des forces de l'ordre néerlandaises. "Ces chiens peuvent renifler une vaste zone en relativement peu de temps, ce qui va nous permettre de retrouver les restes le plus vite possible".

Une ambulance réfrigérée est stationnée dans l'attente des restes, qui doivent être transportés à Kharkiv, 300 kilomètres plus au nord. De là, ils seront acheminés aux Pays-Bas pour y être identifiées, ce qui devrait prendre plusieurs mois.

L'objectif prioritaire est de retrouver le maximum de dépouilles sur place -- 200 dépouilles mortelles ont déjà été rapatriées aux Pays-Bas --, et de récupérer les effets personnels des victimes afin de soulager les familles, avant de se pencher sur les causes du drame, question brûlante alors que Kiev met en cause un missile fourni par la Russie aux séparatistes.

Selon la mission de la police néerlandaise, cette première étape prendra des semaines, au minimum trois si l'équipe peut travailler tous les jours en effectif complet étant donné sa difficulté.

Les 70 experts néerlandais et australiens sur place vendredi et samedi doivent être renforcés par de nouveaux spécialistes et leurs collègues malaisiens dimanche ou lundi, ce qui portera leur nombre à 100. Répartis en cinq équipes de 20, ils doivent se concentrer dans un premier temps sur cinq zones de quelques dizaines de mètres carrés chacune autour des villages de Grabové et Roszypné, en plein territoire contrôlé par les séparatistes prorusses.

La végétation a poussé depuis la catastrophe, a souligné M. Muller, compliquant les recherches. Outre les chiens, les experts disposent d'un drone à hélices de la police australienne, mais n'ont pas encore été autorisés à l'utiliser. Des plongeurs sont attendus pour sonder les cours d'eau.

La route, qui passe le long du site, reste ouverte à la circulation. Non loin de là, une quarantaine villageois prient en plein air, sur fond d'explosions dans le lointain. "Vous avez peur? Nous aussi", reconnaît Svitlana, qui a vu l'avion malaisien s'écraser.

"Beaucoup sont partis : faut-il attendre qu'une bombe tombe dans son propre jardin?", poursuit-elle. "Nous n'avons ni électricité, ni téléphone, ni eau. Nous n'avons aucun moyen de communication avec l'extérieur".

am-gmo/sym

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