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La chute de l'empire Espirito Santo s'accélère, l'Etat prêt à agir

La chute de l'empire Espirito Santo s'accélère, l'Etat prêt à agir

La chute de l'empire financier portugais Espirito Santo s'est accélérée vendredi, avec la poursuite de la descente aux enfers de la banque BES à la Bourse de Lisbonne et le dépôt de bilan, coup sur coup, de deux autres sociétés du groupe.

Face à l'hécatombe, les espoirs de voir la banque attirer de nouveaux investisseurs sans recourir à l'aide de l'Etat s'amenuisaient, d'autant que le gouvernement ne cache plus ses inquiétudes sur un effet de contagion à l'économie portugaise.

"Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour garantir la stabilité financière", a assuré vendredi le Premier ministre Pedro Passos Coelho, qui ne semblait plus écarter une intervention de l'Etat en faveur de Banco Espirito Santo.

Encore sous le choc de la perte record de 3,57 milliards d'euros annoncée par la banque mercredi et inquiets pour sa solvabilité, les investisseurs vendaient massivement les titres BES, avant que les autorités boursières ne décident de suspendre leur cotation.

L'action de la banque dévissait alors de 40,30% à 0,12 euro après avoir plongé en séance de plus de 47% à un nouveau plus bas historique, à 0,10 euro.

En un mois, le titre a perdu plus des deux tiers de sa valeur et la capitalisation boursière de la banque est passée vendredi sous le seuil du milliard d'euros, à 674 millions d'euros.

Emportée par la nouvelle dégringolade de Banco Espirito Santo, la Bourse de Lisbonne a chuté vendredi de 3,04% à la clôture. Les taux d'emprunt du Portugal à dix ans ont remonté, passant de 3,61% à 3,71%.

Alors que des centaines de clients de BES commençaient à se mobiliser pour réclamer le remboursement de titres de dette des holdings du groupe, deux filiales du conglomérat ont reconnu vendredi ne plus être en mesure de faire face à leurs obligations.

Espirito Santo Financière, filiale d'Espirito Santo Financial Group (ESFG) au Luxembourg, a demandé vendredi soir à être placée sous le régime de gestion contrôlée par les autorités luxembourgeoises.

Quelques minutes plus tard, Espirito Santo Financial Portugal a déposé le bilan au Portugal, reconnaissant son "incapacité à honorer ses engagements" en matière de dette. C'est à travers cette filiale qu'ESFG détient 20,1% du capital de Banco Espirito Santo.

Les deux sociétés ont ainsi emboîté le pas aux trois principales holdings de l'empire familial Espirito Santo, Espirito Santo International (ESI), Rioforte et ESFG, dont la demande a été déclarée recevable par le tribunal de commerce de Luxembourg.

Désormais, la banque centrale portugaise n'écarte plus une intervention de l'Etat, qui dispose encore de 6,4 milliards d'euros de l'enveloppe allouée aux banques dans le cadre du plan de sauvetage du pays.

Une injection de capitaux s'impose car le ratio de fonds propres de la banque est tombé à 5%, en dessous du minimum de 7% requis par la Banque du Portugal.

L'affaire préoccupe au plus haut point le gouvernement, dont le porte-parole, Luis Marques, a reconnu jeudi que c'était "un revers important pour l'économie du Portugal, vu la dimension du groupe qui traverse une grave crise".

Interrogé sur un éventuel recours à une aide de l'Etat, il a souligné que "la première étape passerait nécessairement par le marché, par des actionnaires privés".

En vertu des nouvelles règles européennes en vigueur, en cas d'insuffisance de fonds propres, les actionnaires et créanciers subordonnés devront désormais contribuer financièrement en premier ressort avant qu'une banque ne puisse solliciter une aide de l'Etat.

"L'option idéale est une recapitalisation privée, mais en cas d'échec, l'Etat peut toujours voler à la rescousse de la banque et entrer à son capital", a déclaré à l'AFP Joao Pereira Leite, analyste de Banco Carregosa.

En tous les cas, a-t-il estimé, une intervention de l'Etat "serait préférable à une faillite, car BES possède 80 milliards d'euros d'actifs, la moitié du PIB du Portugal. Une liquidation d'une telle ampleur affecterait les banques portugaises mais aussi européennes."

bh/bds

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