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En Corée, le crash du MH17 réveille les souvenirs du drame de 1983

En Corée, le crash du MH17 réveille les souvenirs du drame de 1983

Le crash de l'avion de Malaysia Airlines dans l'est de l'Ukraine remémore aux Sud-Coréens l'affaire du vol KAL007, abattu le 1er septembre 1983 par les Soviétiques, sur fond de tensions aigües entre Moscou et Washington.

Comme pour le MH17, les 269 personnes à bord du Boeing de Korean Air Lines sont mortes lorsque l'appareil a plongé dans la mer du Japon.

Les similitudes entre les deux catastrophes sont nombreuses: deux avions de compagnies aériennes asiatiques abattus par des tirs militaires, dont Moscou est tenu directement ou indirectement responsable.

Et les deux castastrophes ont eu lieu dans un contexte d'exacerbation des tensions entre les deux puissances, qui ont alimenté des échanges excédés, et freiné les opérations de récupération des dépouilles et l'enquête sur le crash.

Enfin, dans une certaine mesure, les drames personnels de centaines de personnes qui ont perdu leur vie ou un être cher sont passés au second plan, derrière les considérations géopolitiques et le renvoi des responsabilités d'un camp vers l'autre.

Ronald Reagan était alors président des Etats-Unis et qualifiait l'Union soviétique d'"empire du mal". Il venait d'annoncer l'initiative de défense stratégique, un programme baptisé "la guerre des étoiles" par les médias et considéré par Moscou comme une volonté de briser l'équilibre nucléaire entre les deux superpuissances.

Les experts estimaient alors que les tensions étaient à leur pic depuis la crise cubaine des missiles, en 1962, et l'atmosphère électrique a sans nul doute joué un rôle dans la catastrophe du KAL007.

Parti de New York, le Boeing effectuait la dernière partie de son voyage vers Séoul, via l'Alaska. Le déroulement exact des événements ne fait toujours pas l'unanimité mais on sait que l'avion avait légèrement dévié de sa trajectoire prévue et était entré dans l'espace aérien soviétique.

Les enquêteurs ont conclu que cette intrusion était accidentelle, en raison d'une erreur avec le pilote automatique.

L'armée soviétique a dépêché deux avions de combat pour intercepter le Boeing. Dans une interview en 1998, le pilote d'un des deux chasseurs, Guennadi Ossipovitch, raconte: "je pouvais voir deux rangées de hublots, avec de la lumière. Je me suis demandé si c'était un avion civil, mais je n'avais pas le temps de réfléchir".

Selon ce pilote, les deux chasseurs lancent des tirs de sommation. Pas de réponse. Ils reçoivent alors l'ordre d'abattre l'appareil. "Mes ordres étaient de détruire l'intrus. J'ai rempli ma mission", déclarait Guennadi Ossipovitch.

Parmi les passagers figuraient 105 Sud-Coréens et 62 Américains. Ronald Reagan parle de "massacre" et estime que les Soviétiques "s'opposent au monde et aux préceptes moraux qui guident les relations humaines".

Des critiques jugent tiède par comparaison la réaction du président actuel, Barack Obama, au crash du Boeing de Malaysia Airlines dans l'est de l'Ukraine, probablement abattu par un missile, tiré selon les Américains d'une zone aux mains des séparatistes prorusses.

Mais la réponse de Reagan en était restée largement au stade de la parole. Il aurait ainsi mis en garde le Conseil de sécurité de l'Onu contre une réaction exagérée et déclaré que "la vengeance n'a pas sa place dans cette affaire".

En 1983, il a fallu cinq jours aux Soviétiques pour reconnaitre que l'avion avait été abattu. Ils s'en sont ensuite tenus à l'hypothèse d'un Boeing en mission d'espionnage.

En Corée du Sud, dirigé à l'époque par un gouvernement allié à l'armée, la population a manifesté sa colère mais les manifestations étaient éclipsées par la guerre des mots entre Moscou et Washington.

Comme avec l'avion de Malaysia Airlines, les opérations de récupération de l'épave et des victimes ont été chaotiques et tendues, avec de nombreuses plaintes des Etats-Unis contre les Soviétiques, qui avaient envoyé des navires sur les lieux du crash.

Ce n'est qu'après l'effondrement de l'Union sociétique que les Russes ont révélé avoir récupéré les boites noires. Des notes confidentielles suggèrent qu'elles avaient été retenues par Moscou car rien dedans ne laissait penser que l'avion était en mission d'espionnage.

L'enregistreur des voix dans le cockpit allait dans le sens de l'hypothèse d'une déviation accidentelle vers l'espace aérien sociétique.

gh/fmp/ml

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