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Vol MH17 : la colère gronde chez les proches, mécontents du sort réservé aux dépouilles

Vol MH17 : la colère gronde chez les proches, mécontents du sort réservé aux dépouilles

La détresse des Néerlandais ayant perdu des proches dans le crash du vol MH17 se transformait en colère lundi alors que les dépouilles des victimes se trouvaient encore en Ukraine, quatre jours après la catastrophe.

Dans ce pays de 16 millions d'habitants, la tragédie est tout autant personnelle que nationale: quasiment tous connaissent "quelqu'un qui connaît quelqu'un".

"Penser qu'ils gisent depuis trois jours sous cette chaleur pendant que des séparatistes, ou terroristes, sont en train de faire je ne sais quoi autour d'eux... Quel manque de respect, c'est au-delà des mots", déclare Silene Frederiksz, citée par le quotidien Telegraaf.

Dans le crash, elle a perdu son fils Bryce, 23 ans, qui voyageait avec sa petite-amie, Daisy.

La colère gronde parmi les proches des victimes, de plus en plus frustrés de voir le rapatriement des corps ralenti par la situation géopolitique dans l'est de l'Ukraine.

"Cela va prendre bien six semaines avant qu'ils ne reviennent", estime quant à lui Ruud Lahaye, qui a perdu son frère John, 54 ans, et sa belle-soeur Lilian. "C'est seulement à ce moment-là que nous pourrons penser à un enterrement : c'est difficile à comprendre".

Le Boeing de la compagnie Malaysia Airlines s'est écrasé jeudi dans une zone contrôlée par des séparatistes prorusses avec 298 personnes à bord, dont 193 Néerlandais. Il a très probablement été abattu par un missile, et les séparatistes sont montrés du doigt.

Les dépouilles mortelles ont été entreposées dans des trains réfrigérés se trouvant encore dans l'est de l'Ukraine.

"Beaucoup de personnes nous ont dit : nous voulons au moins pouvoir leur dire au revoir de manière digne", a déclaré le roi des Pays-Bas Willem-Alexander, qui s'adressait à la nation pour la première fois depuis l'accident survenu jeudi soir.

Willem-Alexander, son épouse Maxima, le Premier ministre Mark Rutte ainsi que d'autres ministres ont rencontré un millier de proches des victimes lundi à Nieuwegein (centre).

"Les Pays-Bas partagent leur colère, les Pays-Bas partagent leur profonde tristesse", a assuré le Premier ministre à des journalistes à l'issue de la rencontre avec les proches des victimes.

Un Néerlandais, endeuillé par la mort de sa fille de 17 ans, Elsemiek, a écrit une lettre d'une ironie cinglante, à ceux qui, quels qu'ils soient, ont abattu l'avion de ligne malaisien en Ukraine.

"Merci beaucoup, monsieur Poutine, messieurs les dirigeants séparatistes ou le gouvernement ukrainien, pour le meurtre de mon cher et unique enfant", a écrit Hans de Borst dans une lettre publiée lundi par les médias néerlandais.

"J'espère que vous êtes fiers d'avoir détruit sa jeune vie et que vous parviendrez à vous regarder sans trembler demain dans le miroir".

D'autres disent ne pas avoir la force d'être en colère, comme Els, qui a perdu son frère Paul, qui voyageait avec sa femme Shuba et leur fille de 2 ans Kaela.

"Cela n'a aucun sens de se laisser aller à la colère, le deuil coûte déjà assez d'énergie comme cela. Il vaut mieux allumer une bougie pour mon frère, ma belle-soeur et mon neveu", dit-elle au quotidien Algemeen Dagblad.

Au Royaume-Uni aussi, l'inquiétude domine. "Qu'est-ce qui se passe? Le fait que les rebelles aient pris les corps m'inquiète. Est-ce qu'ils en prennent soin? Que vont-ils faire avec?", s'interroge Hugo Hoare, dont le frère se trouvait à bord du Boeing 777, dans le Daily Telegraph.

Neuf Britanniques sont décédés dans le crash.

"Tout ce que je souhaite, pour moi et toutes les familles, c'est que les 298 personnes soient rapatriées", indique de son côté Barry Sweeney, qui a perdu son fils Liam : "ce sont 298 personnes innocentes".

"Il faut que tout le monde arrête de se comporter comme des idiots et que les victimes rentrent chez elles"

Dans le but d'identifier les responsables du crash, le parquet néerlandais a ouvert une enquête préliminaire.

Les Pays-Bas, en vertu d'une loi adoptée il y a quelques années, peuvent poursuivre des suspects pour crimes de guerre, même pour des faits survenus à l'étranger, si une ou plusieurs victimes sont néerlandaises.

D'innombrables fleurs ont par ailleurs été déposés devant l'aéroport d'Amsterdam, d'où avait décollé l'avion jeudi à destination de Kuala Lumpur, et une longue file de gens patientaient pour signer le registre de condoléances.

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