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Nouveaux heurts en marge d'un rassemblement propalestinien, le gouvernement français assume sa stratégie d'interdiction

Nouveaux heurts en marge d'un rassemblement propalestinien, le gouvernement français assume sa stratégie d'interdiction

Une manifestation propalestinienne interdite par les autorités françaises a tourné dimanche aux heurts entre jeunes et policiers près de Paris au lendemain d'affrontements dans la capitale qui ont obligé le gouvernement français à défendre sa stratégie d'interdiction de certains rassemblements propalestiens.

Jets de projectiles sur les forces de l'ordre, véhicules incendiés, quelques magasins pillés : Sarcelles, banlieue connue pour son multiculturalisme à quelques kilomètres au nord de Paris, était dimanche soir le théâtre de nouvelles violences liées à l'actualité à Gaza.

Les premières dégradations ont suivi un rassemblement calme de centaines de militants propalestiniens que la préfecture avait interdit. Des jeunes manifestants se sont engouffrés en ville, incendiant des poubelles et allumant pétards et fumigènes.

En fin d'après-midi, des jeunes s'en prenaient à une pharmacie qui a pris feu, alors qu'un hélicoptère de la police tournoyait dans le ciel. Les policiers antiémeute tiraient des cartouches de gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour tenter de les disperser tout en bloquant l'accès à une synagogue.

Quelques journalistes ont été pris à partie. Un caméraman de télévision a été dépouillé de son matériel et un photographe de l'AFP a été agressé et légèrement blessé.

La veille, Barbès, un quartier populaire du nord de Paris avait connu plusieurs heures d'affrontements entre policiers antiémeute et manifestants après un début de manifestation calme à l'appel d'un parti de la gauche radicale et d'associations propalestiniennes.

Au total, dix-sept membres des forces antiémeute avaient été blessés et 44 personnes arrêtées.

Point commun entre les violences de Barbès et de Sarcelles : elles ont eu lieu à l'issue de manifestations interdites par les autorités alors que dans le même temps de nombreux défilés, autorisés, se sont déroulés en province sans incident majeur.

A Vienne, Amsterdam et Stockholm, des manifestations pacifiques contre l'offensive israélienne à Gaza ont rassemblé dimanche des milliers de personnes.

Seule la France interdit des manifestations de soutien aux Palestiniens de Gaza, une mesure inédite en Europe. Le président François Hollande, critiqué par sa gauche pour une politique jugée trop pro-israélienne, motive cette interdiction - qui ne s'applique pas à tous les rassemblements - par la crainte de "troubles à l'ordre public" et pour empêcher l'expression de slogans ou d'actes antisémites.

Des voix dans l'opposition de droite n'ont pas tardé à dénoncer "l'erreur" du gouvernement, estimant que l'interdiction de la manifestation à Paris avait pu, selon le député de centre-droit Yves Jégo, constituer une forme de "provocation".

Le NPA (Nouveau parti anticapitaliste), seul parti à avoir appelé à la manifestation, estimait les débordements inévitables "au vu de dispositif policier et de la volonté du gouvernement de museler toute opposition à son soutien à la guerre menée par l'Etat d'Israël".

Au sein même de la majorité, des voix se sont élevées. "L'interdiction est venue nourrir une certaine radicalité", a affirmé à l'AFP l'élu socialiste Razzy Hammadi.

Face à la polémique, le Premier ministre a défendu la décision du gouvernement. "Ce qui s'est passé hier encore à Paris, des débordements inacceptables, justifie d'autant plus le choix qui a été fait", d'interdire une manifestation, a-t-il déclaré, dénonçant "un antisémitisme d'une forme nouvelle", qui "se répand sur internet", "auprès d'une jeunesse souvent sans repère" qui "cache sa 'haine du Juif' derrière un antisionisme de façade".

Décorant les chasseurs de nazis Beate et Serge Klarsfeld, le président François Hollande a affirmé sa volonté "que ne soit toléré aucun acte (...) qui puisse faire ressurgir l'antisémitisme et le racisme". Il a également appelé à "ne pas se laisser entraîner par des querelles qui sont trop loin d'ici pour être importées, ne pas se laisser emporter par les déflagrations du monde".

Le 13 juillet, une manifestation en soutien aux Palestiniens avait donné lieu à des violences entre manifestants et militants radicaux de la Ligue de défense juive (LDJ) aux abords de deux synagogues parisiennes.

De nouvelles manifestations sont prévues mercredi et samedi prochain à Paris.

Depuis le début de la seconde Intafada en 2000, chaque soubresaut du conflit israélo-palestinien a des répercussions en France : multiplication des actes antisémites, propalestiniens "historiques" débordés par des jeunes issus de l'immigration maghrébine nourris d'antisémitisme et de "mythologie" palestinienne, militants d'extrême gauche dont l'opposition à la politique d'Israël tourne parfois au credo antisémite.

Ces questions, sur fond de crise économique, de montée du "communautarisme" et de libération d'une parole haineuse sur les réseaux sociaux, ont achevé de cristalliser les lignes de fracture de la société française.

Plus de 100 Palestiniens sont morts dimanche dans le pilonnage par l'armée israélienne d'une banlieue de Gaza, faisant de cette journée la plus sanglante depuis le début du conflit dans la bande de Gaza.

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