A moins d'une semaine de la date butoir pour parvenir à un accord historique sur le nucléaire iranien, voici les points de blocage de la négociation en cours à Vienne et les perspectives d'entente entre grandes puissances et Iran:
PRINCIPALES DIVERGENCES
- La capacité d'enrichissement de l'uranium réclamé par l'Iran.
Enrichi à un faible niveau, l'uranium sert de combustible aux centrales nucléaires pour la production d'électricité. A un degré élevé, il peut servir à fabriquer la bombe atomique. La communauté internationale soupçonne Téhéran, malgré ses dénégations répétées, de vouloir se doter de l'arme nucléaire.
Le secrétaire d'État américain John Kerry a fait état dimanche à Vienne de "divergences très importantes". Le Britannique William Hague a, quant à lui, parlé d'un "fossé énorme" entre grandes puissances et Iraniens sur cette question.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Khamenei, ultime décisionnaire dans les négociations, estime que le droit de l'Iran à l'énergie nucléaire est inaliénable. Il a fixé la barre très haut en évoquant 190.000 SWU (Separative Work Unit, ou unité de travail de séparation), alors que les Etats-Unis acceptent une capacité de 10.000 SWU.
La préoccupation de la communauté internationale est d'empêcher l'Iran de développer un programme nucléaire lui permettant d'obtenir la bombe atomique.
- La question des sanctions internationales, qui asphyxient l'économie iranienne depuis dix ans.
En cas d'accord, les Iraniens voudraient qu'elles soient levées tout de suite, alors que le P5+1 (USA, GB, France, Russie, Chine et Allemagne) envisage un démantèlement progressif, en fonction du respect par l'Iran de ses engagements.
"On peut comprendre que l'Iran ait besoin de clarifications sur le mécanisme de levée des sanctions. Les sanctions économiques et commerciales, on peut les suspendre assez vite. Mais les sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU (décidées à partir de 2006, ndlr), c'est beaucoup plus compliqué", selon une source occidentale.
La communauté internationale veut par ailleurs un contrôle international pointu du respect de ses engagements par l'Iran. Ce contrôle est effectué par l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique).
UN ACCORD EST-IL POSSIBLE AVANT LE 20 JUILLET ?
"Accord incertain", "pas de percée décisive"... Les ministres allemand, français et britannique se sont montrés pessimistes à l'issue de leur rencontre dimanche à Vienne.
"Un accord d'ici au 20 juillet est improbable, ne serait-ce que pour des raisons techniques", abonde une source proche des négociations, qui souligne qu'un tel texte, outre la déclaration politique, prévoit quantité d'annexes "très détaillées et très techniques", difficilement rédigées et conclues en quelques jours.
FAUTE D'ACCORD LE 20 JUILLET, QUELLES PERSPECTIVES ?
L'accord intérimaire conclu en novembre 2013 prévoit une reconduction possible de six mois des négociations, si les deux parties y consentent.
"Nous espérons qu'il y ait un accord avant le 20 juillet. Si ce n'est pas le cas, on peut prolonger si nécessaire de quelques jours les discussions, mais si on constate que les demandes excessives (des Occidentaux) continuent et qu'un accord est impossible, ce ne sera pas un drame et nous continuerons notre programme", a mis en garde vendredi le négociateur iranien Abbas Araghchi.
Ne pas reconduire les négociations "serait évidemment l'échec de tout ce qui a été accompli jusqu'à présent: on impose à nouveau les sanctions (partiellement levées depuis l'accord intérimaire de novembre 2013) et l'Iran reprend son programme" partiellement gelé, selon la source occidentale.
Une extension des négociations pourrait être envisagée, mais, ont souligné les ministres occidentaux, "la balle est dans le camp de l'Iran". "Il est difficile d'envisager une extension des discussions sans progrès significatifs sur les points cruciaux", a insisté samedi un haut responsable du Département d'État américain.
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