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Indonésie: craintes de fraudes après l'impasse créée par la présidentielle

Indonésie: craintes de fraudes après l'impasse créée par la présidentielle

Les craintes de fraudes s'accentuent en Indonésie après l'élection présidentielle à l'issue de laquelle les deux rivaux ont crié victoire, alors que les résultats officiels seront annoncés seulement le 22 juillet dans la troisième démocratie au monde, gangrenée par la corruption.

Le gouverneur de Jakarta, Joko Widodo, est arrivé en tête du scrutin mercredi, recueillant près de 53% des suffrages selon des estimations fiables de plusieurs instituts de sondage basées sur des échantillons de bulletins de vote, contre un peu plus de 47% pour son rival, l'ex-général controversé Prabowo Subianto.

Mais l'ancien militaire a refusé de concéder la défaite après l'élection la plus cruciale dans ce pays d'Asie du Sud-Est depuis la transition démocratique qui a suivi la chute du dictateur Suharto au pouvoir de 1967 à 1998.

Les équipes des deux candidats ont envoyé des milliers de volontaires surveiller tous les mouvements des bulletins de vote jusqu'à leur acheminement dans la capitale Jakarta, depuis les régions de l'immense archipel qui s'étire sur une distance équivalente à celle de Londres à New York.

"La phase la plus vulnérable de l'élection est le processus de décompte des voix", déclare à l'AFP l'analyste indépendant Paul Rowland.

Joko Widodo, surnommé Jokowi et considéré comme un candidat de "rupture" sans liens avec le régime autoritaire de Suharto (décédé en 2008), est le mieux placé pour remporter le scrutin, et par conséquent le plus susceptible d'être visé par des fraudes, selon des experts.

La plupart des instituts de sondage annonçant la victoire Jokowi ont réalisé par le passé des estimations qui étaient très proches des résultats officiels d'autres élections.

Prabowo a lui affirmé avoir gagné sur la base de sondages réalisés par des instituts peu connus et dont la fiabilité est mise en doute.

Pour éviter tout risque de fraude, Jokowi a encouragé ses partisans à suivre de près le processus de décompte des bulletins, afin de s'assurer qu'il soit "honnête et irréprochable".

D'après M. Rowland, Jokowi a "mis au défi les responsables électoraux locaux de ne pas accepter d'argent pour modifier les résultats".

Aucune information n'a fait état pour le moment d'éventuelles tentatives en ce sens par des opposants à Jokowi. Mais le risque existe dans ce pays de 250 millions d'habitants où les achats de vote et le versement de pots-de-vin ne sont pas rares.

Prabowo, qui a reconnu avoir ordonné l'enlèvement de militants pro-démocratie à la fin de l'ère Suharto et fait fortune en se reconvertissant dans les affaires, a bénéficié pendant la campagne de moyens financiers beaucoup plus importants que ceux de l'équipe Jokowi, notamment grâce à son frère milliardaire, Hashim Djojohadikusumo.

Ce dernier a déclaré que le camp Prabowo, qui se considère vainqueur du scrutin, pouvait aussi être la cible de fraudes: "nous ne sommes pas les seul à avoir de l'argent", a-t-il dit.

Cependant, la transparence du processus est censée limiter le risque de tricherie. Les bulletins sont comptés de façon très visible dans les bureaux de vote ouverts au public, parfois devant une importante foule. Ils sont ensuite entreposés dans des boîtes remises aux chefs de villages, lesquelles sont collectées par des responsables administratifs à un niveau plus élevé, puis acheminées à Jakarta.

Des allégations de fraude minime -- jamais confirmées -- avaient entaché l'élection en 2009 de l'actuel président, Susilo Bambang Yudhoyono, mais le résultat était loin d'être aussi disputé et serré qu'à la présidentielle de mercredi, entre deux candidats au profil très différent.

Issu d'un milieu modeste et très populaire, Jokowi entend poursuivre les réformes démocratiques, tandis que Prabowo, un nationaliste venant de l'élite politico-militaire, fait craindre un retour à l'autoritarisme, selon des observateurs.

Après l'annonce des résultats officiels le 22 juillet, le perdant pourra toujours les contester en saisissant la Cour constitutionnelle. Le cas échéant, la haute juridiction aura alors jusqu'au 24 août pour se prononcer, soit près de deux mois avant l'intronisation du nouvel élu, prévue le 20 octobre.

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