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Est de l'Ukraine: Amnesty dénonce la multiplication de tortures et d'enlèvements

Est de l'Ukraine: Amnesty dénonce la multiplication de tortures et d'enlèvements

Battue et blessée à coups de couteau, Anna, une militante pro-Kiev capturée par des insurgés prorusses, a été contrainte d'crire avec son sang un slogan séparatiste. A l'instar de son calvaire, des centaines de cas d'enlèvements et de tortures ont été répertoriés par Amnesty International dans l'Est de l'Ukraine.

Ayant pris part à des manifestations pro-ukrainiennes, la jeune femme de 33 ans a été enlevée avec son compagnon par sept hommes armés et cagoulés qui ont fait irruption dans leur appartement de Donetsk le 27 mai et se sont présentés comme "représentants de la république populaire de Donetsk".

Elle garde toujours des traces de tortures infligées par ses ravisseurs durant ses six jours de captivité, visibles sur une vidéo diffusée par Amnesty qui a dénoncé vendredi la multiplication de cas de tortures et d'enlèvements visant principalement les militants pro-Kiev dans l'Est de l'Ukraine.

"On m'a cassé le visage à coups de poing. J'essayais de me couvrir, il s'est mis en rage, il est parti et est revenu avec un couteau", a témoigné cette femme dont le nom de famille n'est pas révélé.

Menacée de mort, elle a ensuite été contrainte à écrire avec son sang un slogan prorusse.

Elle a été échangée contre des prorusses retenus par les forces loyalistes, mais Sacha, un autre militant pro-Kiev dans la région voisine de Lougansk a été libéré après que son père eut versé une rançon de 60.000 dollars.

Ce militant de 19 ans, membre des unités d'autodéfense pro-ukrainiennes s'est enfui à Kiev après avoir été retenu en otage et torturé par des séparatistes à Lougansk.

"Ils me frappaient à coups de poings, avec une chaise, ils éteignaient leurs cigarettes sur ma jambe et m'électrocutaient. Cela a duré si longtemps que j'ai fini par ne plus rien sentir, j'ai perdu connaissance", a-t-il raconté.

"J'étais allongé par terre dans une cave, l'un des tortionnaires a mis le pistolet contre ma tête et m'a ordonné de marcher dans un corridor où des hommes armés me disaient +adieu, ils vont te tuer+", a-t-il raconté.

Son père l'a récupéré dans un immeuble abandonné après avoir versé une rançon de 60.000 dollars.

Sacha a aussitôt pris le train pour Kiev sans avoir le temps de changer ses vêtements ensanglantés.

"J'ai tout perdu. Je dois trouver un travail pour payer la location de l'appartement à Kiev et rendre l'argent à ceux qui l'ont prêté à ma famille", raconte-t-il.

Selon Denis Krivocheïev, directeur d'Amnesty chargé de l'Europe et de l'Asie centrale, "des centaines de personnes ont été enlevées ces trois derniers mois".

"La plupart des enlèvements sont commis par des séparatistes armés et les victimes subissent souvent des tortures. Il y a des cas signalés d'arbitraire du côté des troupes loyalistes, mais ils sont moins nombreux", a-t-il souligné dans un communiqué de l'organisation de défense des droits de l'homme.

Selon le ministère ukrainien de l'Intérieur près de 500 personnes ont été enlevées dans l'Est entre avril et juin. L'ONU a de son côté répertorié 222 cas d'enlèvements, souligne Amnesty.

Il s'agit de militants, hommes politiques, journalistes, entrepreneurs, membres des commissions électorales locales ainsi que de militaires et policiers.

"Au fur et à mesure que les troupes pro-Kiev reprennent le contrôle de Slaviansk, Kramatorsk (bastions des séparatistes prorusses, ndlr) et d'autres localités dans l'Est de l'Ukraine, de nouveaux prisonniers sont libérés et de nouveau cas inquiétants sont révélés", indique Amnesty.

L'ONG rapporte également des exemples de tortures infligées par des troupes loyalistes à Marioupol, port du sud-est de l'Ukraine, notamment à l'encontre d'un jeune homme de 16 ans qui a publié sur internet des images d'une opération militaire ukrainienne.

neo/via/ml

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