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Gaza : l'Occident et les pays voisins ne veulent plus s'engager

Gaza : l'Occident et les pays voisins ne veulent plus s'engager
AFP

«Gaza est sur le fil du rasoir». Face aux actuels échanges armés entre Israël et le Hamas, Ban-Ki Moon, le patron de l'ONU, a évoqué le risque que la situation «échappe à tout contrôle». Quelque 75 Palestiniens ont été tués au cours des trois derniers jours, selon des sources médicales palestiniennes.

Souhaitant trouver une issue rapide à ce nouvel épisode du conflit israélo-palestinien, Ban-Ki Moon a convoqué une réunion à l'ONU, également réclamée par les Palestiniens et les pays arabes.

Le Conseil de sécurité de l'ONU tient donc ce jeudi 10 juillet une réunion d'urgence sur la situation à Gaza. La séance consiste en un exposé public de la situation par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, suivi de consultations à huis clos entre les 15 pays membres du Conseil.

Mais cette réunion au sommet servira-t-elle à trouver une solution diplomatique aux violences? Le comportement des acteurs du conflit ces derniers jours laisse planer le doute quant à une résolution rapide.

Des médiateurs difficiles à trouver

«Les dirigeants de la région ont un rôle essentiel à jouer et j'ai demandé au Président [égyptien] Sissi et aux autres d'aider à faciliter un retour à l'accord de cessez-le-feu de novembre 2012», a déclaré Ban-Ki Moon en réaction aux événements des derniers jours.

Frontalière d'Israël et de Gaza, enclave contrôlée sur le plan sécuritaire par le Hamas et sous blocus israélien, l'Egypte, premier pays arabe à avoir signé un traité de paix avec Israël en 1979, a souvent joué un rôle d'intermédiaire entre l'Etat hébreu et le Hamas. Mais cette fois-ci elle semble moins encline à s'y employer.

Une prise de distance due au changement de régime égyptien. Lors des violences de 2012, le président égyptien de l'époque, l'islamiste Mohamed Morsi, depuis destitué par l'armée, avait dénoncé une «agression israélienne», envoyant son Premier ministre à Gaza en signe de soutien aux Palestiniens. Le chef d'Etat issu des Frères musulmans -auxquels le Hamas est lié- était parvenu à obtenir une trêve. Mais sous la présidence de son successeur, l'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi qui l'a destitué, le Hamas a été interdit en Egypte, accusé d'avoir collaboré à des attentats dans le pays.

«Il n'y a pas de volonté visible des Égyptiens de jouer un rôle majeur de médiateur pour le moment», explique Michael Hanna, expert de l'Égypte au sein du groupe de réflexion The Century Foundation, basé à New-York. D'autant que l'opinion publique égyptienne est moins encline à soutenir le Hamas. Le gouvernement égyptien s'est contenté d'appeler les deux parties à cesser les violences. Et compte tenu de la «vieille antipathie des hauts responsables de sécurité envers le Hamas, ils ne voient pas vraiment de problème à ce que le mouvement soit passé à tabac», ajoute Michel Hanna.

D'autres pays peuvent-ils remplacer l'Egypte dans son rôle de médiation? Comme le souligne le journal israélien Haaretz, rien n'est moins sûr. «Israël ne peut pas non plus compter sur la Turquie pour jouer le rôle d'intermédiaire. Netanyahu ayant traîné des pieds pour la signature de l'accord de réconciliation avec Ankara, il ne peut pas demander de l'aide au premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan», écrit le journal.

Et pour ce qui est du Qatar, là encore, ce choix risque d'être compromis. «Israël n'a plus de relations avec le Qatar, où vit Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas, ce pays ne peut pas être d'une grande aide», estime Haaretz.

Néanmoins, Ban Ki-Moon a précisé que les dirigeants égyptiens et qatariotes lui avaient promis d'œuvrer pour un retour au calme.

Une communauté internationale lassée?

Du côté de la communauté internationale, aucune voix ne s'est encore réellement imposée. Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont téléphoné à Benjamin Netanyahu pour lui exprimer leur solidarité face aux tirs de roquettes du Hamas sans mettre en cause les raids israéliens. Quant au chef de la diplomatie américaine John Kerry, il s'est lui aussi entretenu avec le premier ministre israélien et compte parler avec le président palestinien Mahmoud Abbas rapidement. Des déclarations de principe, en somme.

Interrogé par le Time of Israël, un diplomate a donné son avis sur ce faible engagement sous couvert d'anonymat. «La communauté internationale est totalement désintéressée. Malgré quelques communiqués de presse [du ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni] William Hague, et quelques autres, en général, le monde ne montre pas d’intérêt particulier», a-t-il confié.

«Ils sont soit très las [du conflit israélo-palestinien], soit leur attention est ailleurs, ou encore ils veulent partir en vacances d’été et ne pensent pas que cette histoire soit assez importante», ajoute-il. Seule une intervention terrestre de l'armée israélienne pourrait peut-être pousser les dirigeants internationaux à faire entendre un peu plus leurs voix.

Israël et le Hamas dans une logique d'affrontement

Même si la diplomatie internationale trouvait un rôle à jouer dans cette nouvelle escalade du conflit israélo-palestinien, les acteurs principaux ne semble pas du tout vouloir y mettre un terme. Ce qui ne semble pas être le cas pour le moment sans qu'on sache s'il s'agit de réelles menaces ou une volonté d'intimidation.

Côté israélien, les bombardements ne cessent pas et les déclarations politique se succèdent. «Nous ne parlons avec personne en ce moment de cessez-le-feu, ce n'est pas à l'ordre du jour», a déclaré le Premier ministre, cité par le journal Haaretz, lors d'une réunion de la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense. Toutefois, Benjamin Netanyahu a refusé de couper l'approvisionnement d'électricité pour la bande de Gaza, qui dépend d'Israël, comme l'exigent les faucons de son gouvernement et certains députés de droite et d'extrême droite. La veille, le premier ministre avait menacé «d'intensifier les attaques contre le Hamas et les autres groupes terroristes à Gaza».

Le ministre chargé des services de renseignement, Youval Steinitz, a lui affirmé qu'une invasion terrestre de la bande de Gaza était une option qui se rapproche. «Il se peut que nous soyons obligés de prendre le contrôle temporairement, pendant quelques semaines pour démanteler l'armée terroriste que le Hamas a formée, même si le prix à payer pour nous est élevé», cite Le Figaro.

Quant au Hamas, il semble lui aussi dans une logique de combat. Selon l'historien rattaché à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman Jean-François Legrain, interrogé par Le Monde, «le Hamas ne baissera vraisemblablement pas d'un ton» même s'il y a «une part de bluff dans ses menaces».

«Le Hamas ne peut pas se permettre de céder devant Israël, d'autant plus qu'il semble bien bénéficier du soutien de la population et des autres mouvements. Le niveau de violence infligé par Israël et l'importance portée par la population à la question des prisonniers palestiniens, dont le Hamas s'est toujours fait le porte-parole, ne peuvent que susciter un soutien, malgré le prix à payer», explique-t-il.

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