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«Ma première fois» au Festival Juste pour rire: totalement jouissif! (CRITIQUE/PHOTOS/VIDÉO)

«Ma première fois» au Festival Juste pour rire: totalement jouissif! (CRITIQUE/PHOTOS/VIDÉO)

On ne garde pas nécessairement un bon souvenir de sa première relation sexuelle. Mais des anecdotes sur le sujet, racontées et jouées par des comédiens de talent, ça peut être franchement drôle et réjouissant. Et même touchant.

C’est ce que propose le spectacle Ma première fois, qui vient de prendre l’affiche au Monument National et y restera pendant toute la durée du Festival Juste pour rire. Si vous n’avez pas les oreilles trop sensibles, allez-y; vous n’aurez pas envie de crier «Encore!» avec extase (si c’est le cas, vous simulez peut-être), mais vous passerez un excellent moment de rigolade.

Marie-Soleil Dion, Martin Vachon, Roxane Bourdages et Jonathan Roberge recréent avec panache de véridiques «premières fois» dans ce concept d’abord imaginé par l’Américain Ken Davenport, qui a lancé le blogue myfirsttime.com dans le but d’y recueillir des témoignages d’hommes et de femmes sur leurs premières expériences sous la couette. Il est parvenu à aller chercher 40 000 histoires anonymes et s’est inspiré de plusieurs d’entre elles pour créer une pièce de théâtre qui, à ce jour, a été adaptée et traduite dans huit pays et a écoulé 3 500 000 billets à travers le monde. Ici, c’est Jasmin Roy qui a remanié la formule à la sauce québécoise et l’a mise en scène. Dynamique, sa relecture ne donne pas beaucoup de répit au spectateur et ne souffre d’aucun temps mort; il faut être attentif, d’ailleurs, pour ne pas échapper un gag ici ou là. Après tout, c’est toujours meilleur quand on est concentré, non?

Court et saccadé

La soirée défile sous forme de courtes vignettes. Les acteurs se pointent devant le public en groupe ou à tour de rôle pour relater un fait vécu intime. Parfois, ils le font en une seule phrase, ou encore, en une saynète complète.

Ça donne lieu à toutes sortes de dialogues… et d’images. «Ç’a été mon premier gynécologue.» «Elle était juive, moi musulman. On a fait l’amour halal.» «Ç’a été court et disgracieux. Il ne faisait pas juste nager en petit chien.» «Elle était habile avec sa langue; elle a toujours été bonne en français.» «Elle sentait le prof d’histoire de la bouche.» «Je pensais que le prépuce était le clitoris du pénis.» Souvent apparaissent en arrière-plan des statistiques sur nos vies sexuelles ou, simplement, des mots qui rappellent «la chose».

L’une se remémore ses galipettes avec sa meilleure amie Sophie après avoir regardé Occupation double. L’autre a découvert qu’elle était une femme-fontaine devant une publicité de Sham Wow. L’autre détaille ses rapprochements avec un ami atteint de paralysie cérébrale. Une autre aboutit avec son avortement illégal. Un autre raconte comment… il a violé une fille. Puis, il est question de bas blancs, de bas-culottes, d’Éric Salvail, de morpions, de condoms, de t-shirt de Metallica, du Village Vacances Valcartier, de Joël Legendre, «d’oreillers beurrés de Crisco», de «pets de noune», de Watatatow

Le quatuor d’interprètes se démène sous nos yeux avec une énergie contagieuse et une agilité réglée à la milliseconde près. Tous brillent, chacun étant capable d’incarner une multitude de figures toutes très différentes, et parfois même le temps d’une seule réplique, mais Marie-Soleil Dion et Jonathan Roberge volent littéralement la vedette. On croirait que Ma première fois a été écrite spécialement pour eux.

Très cru

Ma première fois n’est pas pour les oreilles chastes. On mime les ébats, on imite les cris de jouissance, on reproduit les réactions faciales et corporelles, on évoque odeurs et textures, on cause érection, fellation et masturbation. Aucun mot n’est évité, on ne tourne pas autour du pot. On jase de sexe, c’est cru et on s’assume.

Et c’est probablement la plus grande force de la pièce. Elle aborde de front, sans hypocrisie, ce thème omniprésent dans nos sociétés, qui fascine, intrigue ou répugne, mais qui fait partie de notre quotidien à tous. Ma première fois est capable d’en rire sans jugement, sans tabou, en appelant un chat, un chat, en soulevant tous les aspects, du plaisir aux conséquences. C’est candide et plein de vérité.

Certains diront qu’on banalise la sexualité, qu’on la traite avec trop de légèreté, mais le résultat ne se prend pas au sérieux et l’objectif demeure de faire rire. Et, surtout, Ma première fois fait rejaillir quantité de souvenirs et vous donnera peut-être envie de vous rapprocher…

On peut voir Ma première fois au Monument National, jusqu’au 22 juillet, dans le cadre du Festival Juste pour rire. À noter que le spectacle est coté 16 ans et plus. Pour informations: hahaha.com ou mapremierefoisqc.ca.

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«Ma première fois» au Monument National

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