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Au Nigeria, les supporters de football craignent des attaques de Boko Haram

Au Nigeria, les supporters de football craignent des attaques de Boko Haram

Au Nigeria, qui affronte lundi la France en huitième de finale de la Coupe du monde de football, certains supporters redoutent de nouvelles violences du groupe islamiste armé Boko Haram, après ses dernières attaques meurtrières ce week-end.

Les insurgés islamistes ont fait plus de 50 morts dimanche dans des villages du nord-est du pays, proches de Chibok, où ils avaient enlevé plus de 200 lycéennes mi-avril.

A Lagos, les supporters commençaient à se rassembler à la mi-journée dans le quartier commerçant d'Obalende, en vue du coup d'envoi à 17h00 (16H00 GMT). L'optimisme des parieurs se mêlait à l'angoisse de ceux qui craignent une contagion des violences dans la mégalopole jusqu'ici épargnée.

Les Super Eagles accèdent aux huitièmes de finale du Mondial pour la première fois depuis 1998.

"Nous attendons beaucoup de monde", a déclaré à l'AFP le patron d'un hôtel-restaurant, Faseun Olasupo, dont les employés nettoyaient la salle et remplissaient les stocks en vue d'une forte affluence. "Nous avons très bien joué face à l'Argentine et les gens pensent qu'on peut faire encore mieux face à la France".

"Ici c'est le sud-ouest, la région la plus calme. Nous sommes libres ici", même si "bien sûr nous nous inquiétons pour nos frères du nord-est", a confié un bookmaker, Binuyo Lewis, 35 ans.

Mais Femi Adeeko, 66 ans, qui tient également un hôtel, s'est montré plus angoissé. "Nous sommes inquiets à Lagos, c'est sûr, et les gens ont raison de s'inquiéter, quand on voit et qu'on entend ce qui se passe dans les autres Etats du pays".

Lagos est située à plus de 2.000 kilomètres au sud de l'épicentre des violences de Boko Haram, qui touchent essentiellement les Etats du nord-est du Nigeria, mais qui se sont étendues au centre du pays. Abuja, la capitale fédérale, a été touchée par trois attentats à la bombe en trois mois depuis avril, le dernier dans un centre commercial mercredi dernier ayant fait 21 morts.

Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau a décrit dans de nombreuses vidéos le football comme une perversion occidentale visant à éloigner les musulmans de la religion.

Plusieurs centres de retransmission et terrains de football ont été attaqués ces dernières semaines dans le Nord-Est. A Damaturu, une vingtaine de personnes avaient été tuées le 18 juin dans l'explosion d'une bombe devant un écran géant où une foule s'était rassemblée pour regarder un match du Mondial, conduisant la police à conseiller aux supporters de regarder la Coupe du Monde chez eux.

Les Etats d'Adamawa (nord-est) et du Plateau (centre) ont interdit les retransmissions publiques des matchs sur grand écran.

A Kano, la plus grande ville du nord du pays, majoritairement musulman, qui a souvent prise pour cible par les islamistes, les centres de visionnage ont vu leur fréquentation baisser pour cette Coupe du monde.

"L'insécurité a vraiment été néfaste pour nos affaires", a déclaré Mohammed Ibrahim, le patron du centre Lahai, qui retransmet les matchs sur grand écran dans le centre-ville.

A Lagos et Abuja, il a été demandé aux expatriés d'éviter de visionner le match Nigeria-France dans les lieux publics.

Pour beaucoup de Nigérians cependant, les bars et les centres de visionnages restent la seule option pour suivre la Coupe du monde. Le Nigeria, premier producteur de pétrole d'Afrique, souffre de pannes de courant quotidiennes, et seule une petite partie de la population peut s'offrir le luxe d'un générateur électrique pour faire fonctionner les postes de télévision pendant ces pannes.

Les dernières attaques de Boko Haram dans le Nord-Est dimanche ont 54 morts, selon le dernier bilan fourni lundi par un responsable de l'Etat de Borno.

Les assaillants, qui circulaient à moto, ont lancé des bombes dans les églises de quatre villages pendant l'office, selon des témoins.

Selon un chef de Chibok, qui s'exprimait sous couvert d'anonymat, l'armée "n'a même pas tenté" de se rendre sur les lieux des attaques. Des propos démentis par un porte-parole du gouvernement fédéral, Mike Omeri, selon lequel "l'armée de terre et de l'air étaient présentes". "Peut-être sont-ils arrivés un peu tard, mais ils ont fini par arriver", a-t-il précisé.

Le président nigérian Goodluck Jonathan a condamné dans un communiqué les actions menées "par ces agents du terrorisme à l'échelle mondiale visant à désunir et à déstabiliser le Nigeria".

L'insurrection de Boko Haram a fait plusieurs milliers de morts depuis cinq ans, et au moins 2.500 depuis le début de l'année.

bur-ft/cdc/de

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