Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Turquie : Erdogan doit confirmer mardi ses ambitions présidentielles

Turquie : Erdogan doit confirmer mardi ses ambitions présidentielles

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, devrait annoncer mardi sa candidature à l'élection présidentielle des 10 et 24 août et sa très probable victoire à ce scrutin signerait la poursuite de son règne sans partage de onze ans sur la Turquie.

Au terme de plusieurs mois d'un vrai-faux suspense savamment entretenu, M. Erdogan, 60 ans, doit confirmer ses ambitions à Ankara au cours d'une réunion de masse de son Parti de la justice et du développement (AKP), devant les caméras de tout le pays.

L'entrée en lice de l'homme fort de la Turquie dans la course à la magistrature suprême ne fait plus guère de doute depuis la victoire éclatante de l'AKP aux élections locales du 30 mars, malgré les scandales de corruption et la contestation de son régime.

"Si Dieu le veut, la candidature de notre Premier ministre sera annoncée le 1er juillet", a lâché mercredi, très impatient, son vice-Premier ministre, Bülent Arinç.

Contraint par une règle interne de son parti de quitter la tête du gouvernement à l'issue des élections législatives de 2015, M. Erdogan a fait savoir ces derniers mois qu'il n'entendait pas mettre un terme à sa carrière politique.

Son élection à la tête de l'Etat jusqu'en 2019 ferait de lui l'homme qui a dirigé la Turquie le plus longtemps depuis Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République en 1923.

Organisé pour la première fois au suffrage universel direct, le scrutin présidentiel lui semble promis, en dépit des critiques de plus en plus vives sur sa dérive autoritaire et "islamiste" depuis la fronde qui a secoué la Turquie en 2013.

Même s'ils restent sujets à caution en Turquie, tous les sondages, unanimes, le donnent vainqueur, très probablement dès le premier tour.

Ces derniers jours, une enquête publiée par l'institut Genar crédite M. Erdogan de 55% des intentions de vote parmi les 52,6 millions d'électeurs turcs, celle de Mak Consultancy de 56,1%, très largement devant tous ses rivaux.

Pour tenter de contrecarrer cette victoire annoncée, les deux principaux partis de l'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et le Parti de l'action nationaliste (MHP) ont fait l'effort de se mettre d'accord sur un candidat commun, l'ex-patron de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), Ekmeleddin Ihsanoglu.

Mais les chances de cet intellectuel de l'islam âgé de 70 ans, loué pour sa modération, mais mal connu du grand public et surtout très peu "politique", semblent bien minces.

"Les électeurs ne concèderont pas la victoire à un candidat dont ils ont recherché le nom sur Google", a raillé le vice-Premier ministre, Besir Atalay.

Certains commentateurs ont un temps fait de l'actuel président Abdullah Gül un frère ennemi et un rival possible de M. Erdogan.

Mais, même s'il s'est plu a afficher ses différences depuis un an, le chef de l'Etat, très modéré, s'est finalement effacé sans faire de bruit devant l'ambition débordante de son compagnon de route.

"Je ne poserai pas ma candidature. (...) mon mandat expire le 28 août", a lui-même confirmé dimanche M. Gul.

Dans sa route vers le palais de Cankaya, le Premier ministre n'a rien laissé au hasard.

Ces dernières semaines, il a fait campagne sans se cacher auprès des importantes communautés turques d'Allemagne, d'Autriche et de France, qui pourront pour la première fois participer au vote dans leurs pays de résidence.

M. Erdogan a aussi fait déposer cette semaine au parlement un projet de loi destiné à relancer le processus de paix avec les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), avec l'ambition de conserver le soutien d'une large partie des 15 millions de Kurdes de Turquie.

Telles que définies par la Constitution turque de 1982, les fonctions de président de la République restent largement honorifiques.

Mais M. Erdogan, qui n'est pas parvenu en 2013 à instaurer un régime présidentiel, a fait savoir qu'il utiliserait tous les pouvoirs à sa disposition et, surtout, qu'il entendait bien continuer à diriger la Turquie.

"Le prochain président ne sera pas un président protocolaire, mais un président qui sue, qui court et qui travaille dur", a-t-il prévenu en avril.

BA/pa/bds

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.