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L'EIIL, engagé dans le combat en Irak et en Syrie, annonce un "califat"

L'EIIL, engagé dans le combat en Irak et en Syrie, annonce un "califat"

Les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), engagés dans le combat en Irak et en Syrie, ont annoncé dimanche l'établissement d'un "califat islamique" dans les régions conquises dans ces deux pays, faisant fi des frontières.

Sur le terrain en Irak, l'armée menait sa plus importante contre-offensive pour tenter de reprendre Tikrit et d'autres villes au nord de Bagdad conquises par les insurgés sunnites menés par l'EIIL lors de leur offensive fulgurante lancée le 9 juin.

Dans un enregistrement audio diffusé sur internet au premier jour du ramadan, l'EIIL, qui se fait désormais appeler "Etat islamique" pour supprimer toute référence géographique, a désigné son chef Abou Bakr Al-Baghdadi comme "calife" et donc "chef des musulmans partout" dans le monde.

Le calife désigne depuis la mort du prophète Mahomet son successeur comme "émir des croyants" dans le monde musulman, mais ce régime a disparu avec le démantèlement de l'Empire ottoman.

Dans l'enregistrement, Abou Mohammad al-Adnani, porte-parole de l'EIIL, explique que le califat s'étendra d'Alep (nord de la Syrie) à Diyala (est de l'Irak), soit sur les régions conquises par ce groupe dans ces deux pays où ses milliers de combattants font la guerre au pouvoir en place.

"Musulmans (...) rejetez la démocratie, la laïcité, le nationalisme et les autres ordures de l'Occident. Revenez à votre religion", a-t-il lancé.

L'annonce de ce califat "est le développement le plus important dans le jihad international depuis le 11 Septembre" 2011, a affirmé Charles Lister, chercheur associé à Brookings Doha, en référence aux attentats d'Al-Qaïda aux Etats-Unis.

"Cela pourrait marquer la naissance d'une nouvelle ère de jihadisme transnational (...) et cela pose un véritable danger à Al-Qaïda et à son leadership", ajoute cet expert, selon qui l'EIIL, qui a des partisans dans de nombreux pays, est également la formation jihadiste la plus riche.

Le président américain Barack Obama, dont le pays était engagé militairement en Irak de 2003 à 2011, s'est d'ailleurs inquiété du nombre de jihadistes européens combattant dans la région, relevant que ces derniers n'avaient pas besoin de visa pour se rendre aux Etats-Unis.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a fait part de sa "profonde inquiétude face à l'aggravation de la crise en Irak et au nombre grandissant des morts et blessés parmi les civils, avec plus d'un million d'Irakiens qui ont fui leur domicile en raison des combats", selon des propos rapportés par son porte-parole.

En Syrie, où il fait face aussi à ses anciens alliés rebelles et jihadistes excédés par ses exactions et sa volonté hégémonique, l'EIIL a fait de Raqa (nord) une "capitale" très organisée et contrôle une grande partie de la province de Deir Ezzor (est), ainsi que des positions dans celle d'Alep (nord).

En Irak, où il bénéficie du soutien d'ex-officiers de Saddam Hussein, de groupes salafistes et de certaines tribus, le groupe est implanté depuis janvier dans la province d'Al-Anbar (ouest) et a mis la main en juin sur Mossoul, deuxième ville du pays, une grande partie de sa province Ninive (nord), ainsi que des secteurs des provinces de Diyala (est), Salaheddine et Kirkouk (ouest).

Face à cette menace de "l'islamisme extrémiste", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé la communauté internationale à soutenir le régime jordanien et l'indépendance du Kurdistan irakien.

"Nous devons soutenir les efforts de la communauté internationale pour renforcer la Jordanie et appuyer les aspirations des Kurdes à l'indépendance", a affirmé M. Netanyahu.

Pour aider l'armée irakienne à regagner du terrain après sa débandade initiale, la Russie a livré cinq avions de combat Sukhoi et les Etats-Unis ont envoyé des experts militaires et des drones pour survoler Bagdad.

Le ministère irakien de la Défense a souligné que ces cinq Su-25, sur une douzaine commandés, entreraient en action dans les prochains jours.

Alors que les appels en Irak et à l'étranger en faveur d'un gouvernement d'union se sont multipliés, le Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite accusé d'avoir marginalisé les sunnites, a semblé finalement se rallier à cette idée. Le Parlement doit se réunir mardi pour déclencher le processus.

Le conseiller de M. Maliki sur la question de la réconciliation nationale, Amer Khouzaï, a déclaré à l'AFP qu'il y avait actuellement "nettement plus de danger" pour l'Irak que lors de la guerre entre musulmans chiites et sunnites de 2006/2007, qui avait fait des dizaines de milliers de morts.

Dimanche, l'armée a intensifié ses contre-attaques dans la province de Salaheddine, principalement sur son chef-lieu Tikrit (160 km au nord de Bagdad).

Des milliers de soldats participent à l'opération lancée la veille, appuyés par des chars et l'aviation. L'armée avance depuis différentes positions et des combats ont lieu à la périphérie de Tikrit, selon un responsable.

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